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Les Tours de Merle, en Corrèze, retrouvent leur lustre d'antan dans une bande dessinée épique

Les Tours de Merle, en Corrèze, retrouvent leur lustre d'antan dans une bande dessinée épique

Enfant, Anaïs Halard s’amusait aux Tours de Merle, qui se dressent toujours à Saint-Geniez-Ô-Merle. Scénariste de bande dessinée, elle leur consacre un tome de sa nouvelle série Les Chevaliers de l’Étrange.

Ambre de Mortelune a un caractère bien trempé. La jeune fille vit avec son père et sa grand-mère aux Tours de Merle et elle n’est pas du genre à avoir froid aux yeux. Mystérieusement, le château se dégrade comme sous les coups d’une force invisible. Effectivement, des fantômes rôdent…

Quand elle venait en vacances, enfant, chez sa grand-mère à Bort-les-Orgues, Anaïs Halard ressemblait étrangement à cette Ambre de Mortelune. « On allait tout le temps aux Tours, se souvient-elle quelques décennies plus tard. Je me souviens de m’y perdre, du ruisseau, des arbres. »

« On y allait souvent en automne ou en hiver, il n’y avait personne ; c’était presque abandonné. Il y avait une espèce de maison en pierre sur le chemin d’accès, la dame qui y vivait me faisait penser à une sorcière. C’est resté un souvenir très fort. J’avais l’impression d’y voir des fantômes. »

Les souvenirs d'enfance revisités  

De ses souvenirs d’enfance, elle a tiré le scénario d’une bande dessinée, La Légende des Mortelune, le premier tome d’une série, Les Chevaliers de l’étrange, consacrée aux contes et légendes de quelques régions de France. « J’ai le souvenir de quelque chose de fantastique, j’ai eu envie de reproduire ces sensations d’enfant dans une histoire. »

C’est resté un souvenir très fort. J’avais l’impression d’y voir des fantômes.

Dans les traits et la palette de l’Italienne Giusy Gallizia, il est donc question de chevaliers du Moyen Âge, d’un maléfice qui emprisonne les âmes mauvaises entre la vie et la mort, mais aussi de filiation et de transmission, d’amitié et de courage. De lien entre les générations et les stéréotypes de genre aussi.

Une aventure intergénérationnelle

« La grand-mère d’Ambre meurt, mais elle sera toujours là pour l’aider à vivre et ce château où elle a vécu sera toujours sa base. À la fin, le lieu sera habité autrement, mais il existera toujours dans les traces qui persisteront en elle. Je m’interroge au fond sur la manière dont notre enfance reste en nous, comment nos souvenirs deviennent presque humains. »

Ce sont uniquement ses souvenirs d’enfance qu’elle a partagés avec la dessinatrice, les nombreuses photos de ses vacances aux Tours de Merle. « Le but n’était pas d’être dans la réalité, mais de reproduire des souvenirs. Les scènes extérieures sont assez proches, mais tout ce qui est à l’intérieur est imaginé », assume-t-elle. « C’est incroyable, quand on est scénariste, de voir apparaître en dessin ce qu’on imagine. »

Relire l'histoire pour écrire au présent

Décoratrice, puis professeur de Français Langue Étrangère, passionnée de films artistiques documentaires, Anaïs Halard s’est éprise de la liberté offerte par la BD. Sa première série, Sacha et Tom Cruz, est destinée aux jeunes ; elle en achève une sur les bourreaux, pour les adultes.

« Toutes mes histoires parlent d’histoire, sourit-elle. Une manière de mieux comprendre son temps et de faire le lien entre les époques. Ma grand-mère adorait l’histoire… Les paysages, les pierres, ce sont des choses pour lesquelles on doit avoir du respect. Ça donne un peu de sens et de poésie à notre passage. »

Les Chevaliers de l’étrange - La légende des Mortelune, d’Anaïs Halard, scénario, et Giusy Gallizia, dessin et couleurs ; éditions Oxymore (80 pages, 16,95 €).

Blandine Hutin-Mercier

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