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En Corrèze, il menace sa compagne avec un fusil de chasse : son fils de 13 ans appelle les gendarmes

En Corrèze, il menace sa compagne avec un fusil de chasse : son fils de 13 ans appelle les gendarmes

Effrayé de voir son père se saisir d'une arme pour s’en prendre à sa mère, un adolescent de 13 ans a eu le courage de prévenir les forces de l’ordre. Le premier a été condamné à de la prison ferme.

À la lecture de ce dossier de violences intrafamiliales, examiné lundi 6 mai 2024, dans le cadre d’une comparution immédiate par le tribunal de Brive (Corrèze), cet adolescent de 13 ans semble être le seul à avoir fait preuve de lucidité.

C’est lui qui a courageusement appelé les gendarmes alors que son père (*), en état d’ébriété, venait de saisir son fusil de chasse pour menacer sa compagne.

Peut-être la crise ultime dans la déliquescence d’un couple avec deux enfants, en proie à des disputes répétées depuis plusieurs mois, sur fond de consommation d’alcool et de cannabis pour monsieur ; " je suis un con ", a-t-il commenté, visiblement affecté par la détention provisoire et en quête d’un sursaut, pour récupérer un peu de dignité.

Une énième dispute qui a failli tourner mal

Il en a beaucoup perdu lors de cette soirée du 2 mai, au domicile familial, à Allassac, près de Brive. Lors de son audition, en pleurs, devant les gendarmes, le fils de 13 ans raconte : depuis sa chambre, il entend son père, alcoolisé, insulter sa mère, qui semble encaisser ; une énième dispute.

Les insultes continuent de pleuvoir jusqu’au repas qui réunit les parents et les deux enfants. D’un coup, le père se lève, saisit son fusil de chasse, un calibre 12 à canons superposés.

Tout le monde prend peur : l’ado prend sa sœur de 7 ans et file dans sa chambre, appeler les gendarmes. La mère se réfugie dans une pièce ; le père pointe le fusil, non chargé, vers les membres inférieurs et réitère ses menaces : " Je vais te casser les jambes !"

La pression retombe d’un seul coup. "C’était pour rigoler", dira même le père de famille à ses enfants, en attendant l’arrivée des forces de l’ordre.

" L’alcool me bouffe ", a tenté de nuancer cet autoentrepreneur qui n’a pas beaucoup de chantiers. La bouteille l’aide à tuer le temps et à oublier une vie de couple amorphe.

Son casier judiciaire, avec huit mentions, montre que le problème d’alcool n’est pas récent : il a été pris à plusieurs reprises pour conduite sous état alcoolique, lui valant une annulation judiciaire du permis de conduire.

La défense pour une peine "adaptée"

" C’est Dr Jekyll and Mr Hyde", a plaidé la défense, en quête d’une peine "adaptée", dans laquelle la prison "ne servira à rien. Il a besoin de travailler et de se soigner". 

"Il a voulu faire peur et c’est réussi", a estimé la procureure de la République, étonnée, à juste titre, que les intérêts des victimes, notamment ceux des deux enfants (**), ne soient pas représentés à l’audience.

Elle a évoqué une "banalisation" de la violence au sein de ce couple. Quelques jours avant le 2 mai, le prévenu avait tenté de faire sortir de force sa compagne de la maison familiale.

Le tribunal a laissé des portes ouvertes à une reconstruction qui s’annonce difficile. Le père est condamné à 24 mois de prison, dont 12 avec sursis probatoire de deux ans ; la partie ferme se fait sous bracelet électronique, au domicile d’un proche.

Aux obligations de soins et de travail, s’ajoutent une interdiction d’entrer en contact avec sa compagne pendant deux ans et l’interdiction de port d’arme pendant cinq ans. Il se voit en outre retirer l’exercice de son autorité parentale, mais un droit de visite des enfants lui est accordé. 

Éric Porte

(*) Conformément à notre charte, l’identité du prévenu n’est pas mentionnée pour protéger celles des victimes, deux étant mineures.

(**) Le juge des enfants a été saisi. Il pourra prendre des mesures d’assistance éducative.

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