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Cinq choses que vous ignorez peut-être sur les rues de Brive et leur lien avec la Seconde guerre mondiale

C’est aujourd’hui mercredi 8 mai, à grand renfort de fleurs et de Marseillaise, que l’on commémore la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie. Mais il n’y a pas que le 8 mai que le souvenir de la Seconde Guerre mondiale s’inscrit dans le quotidien des Brivistes. Des rues, des avenues, des boulevards et des places de la ville racontent aussi cette période de l’histoire, parfois de manière insoupçonnée ou même un peu amère.

Voici cinq choses que vous ignorez peut-être sur les rues de Brive (Corrèze) et leur lien avec la Seconde guerre mondiale, glanées à la lecture de l’ouvrage de l’historien Jean-Michel Valade, À la découverte mémorielle des rues de Brive (*).

1. Celles dont on se souvient qu’elles ont résisté

Bien peu de rues de Brive portent un nom de femme. Et elles sont encore moins nombreuses à avoir eu un parcours lié à la Seconde Guerre mondiale. Mais il y en a quelques-unes. En dehors de la grande Simone Veil, qui s’illustra tout au long de sa vie, et dont le parc des casernes Brune porte le nom depuis 2019, Jean-Michel Valade ne liste qu’une poignée de résistantes qui ont donné leur nom à une rue de Brive.

Il y a Lucie Aubrac et Germaine Tillion, figures nationales, Éva Faure (qui partage sa plaque avec son mari, Adrien, déporté pour faits de résistance) mais aussi Renée Juge. Qui se souvient d’elle ? Née Renée Monteil en 1923, cette résistante faisait partie de l’Armée secrète, elle menait ses actions clandestines derrière une façade légale. Ensuite, toute sa vie, elle s’est consacrée à l’écoute et à l’aide de ceux qui étaient dans le besoin, apprend-on dans Brive, Histoire et dictionnaire des noms de rues, de J-P. Lartigue et J. Watson. Elle a donné son nom à une toute petite rue, qui relie la place du Civoire à la rue de Corrèze.

L'émouvant témoignage de Michelle Garrigou, fille des résistants Eva et Adrien Faure, lors d'une cérémonie à Brive

2. Ceux qui ont profité du régime de Pétain

En 1941, la délégation spéciale, qui remplace le conseil municipal, choisi de débaptiser plusieurs rues de Brive, parce qu’elles mettent en avant des hommes dont les valeurs ne sont plus au goût du jour… Certains, à l’image de Jean Jaurès, seront de retour après la guerre, mais pas tous. La rue Lakanal (Joseph de son prénom, il fut à l’origine de la fondation des écoles primaires publiques et siégea sur les bancs de la Montagne à la Convention) a ainsi, définitivement, été remplacée par la rue Bossuet.

D’ailleurs, Louis Miginiac, président de cette délégation spéciale et maître d’orchestre de ces baptêmes très politiques (il fut ensuite nommé maire, par arrêté ministériel, jusqu’au 16 août 1944), a lui aussi sa rue, à Brive, depuis 1969, soit plus de vingt ans après sa mort…

3. Ceux qui furent éphémères

Le boulevard Maréchal-Pétain a disparu avec la Libération, évidemment (c’est désormais le boulevard Kœnig, du nom du général, qui, ironie de l’histoire, fut chargé de son arrestation).

Disparue également l’avenue Staline, qui avait remplacé, un temps, l’avenue de Paris. L’avenue des Alliés ne l’est pas restée longtemps, non plus, puisqu’elle est aujourd’hui l’avenue Herriot.

4. Ceux dont le nom est parfois maltraité

Il existe une rue du lieutenant-colonel Farro à Brive, mais aussi une avenue du même nom à Tulle et une autre rue à Malemort. Un bel hommage rendu à Raymond Farro, Corrézien d’adoption (il était né à Alger en 1909) au parcours héroïque, arrêté à Brive, torturé puis fusillé à Tulle. Si ce n’était l’erreur qui a conduit à orthographier le nom de ce chef de l’Armée secrète Faro au lieu de Farro, à Tulle et à Malemort. « Les premiers coupables sont à Brive, explique en souriant Jean Farro, son fils. Ils n’avaient mis qu’un seul “r”, on l’a signalé, et au bout d’une vingtaine d’années cela a été corrigé. La bonne orthographe, c’est avec deux “r”. »

5. Celles et ceux que l’on a un peu oublié…

Donner à une rue le nom d’une personne, c’est lutter contre l’oubli. Les élus brivistes qui ont baptisé trente-trois rues du nom d’un résistant, entre 1944 et 1949, le savaient bien. Avec plus ou moins d’efficacité, il faut bien le reconnaître. « Évidemment, quand on sait quel a été le parcours des intéressés, ça change tout, juge Jean-Michel Valade. Sur le plan de la mémoire, c’est essentiel. »

(*) L’ouvrage est paru en 2018 chez Puy Fraud éditeur.

Pomme Labrousse

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