Pourquoi AstraZeneca retire son vaccin contre le Covid
C’est une page qui se tourne. Le géant pharmaceutique britannique AstraZeneca a annoncé, mercredi 8 mai, qu’il retirait de la vente son vaccin contre le Covid-19 Vaxzevria dans le monde entier. Il s’agit de l’un des premiers mis sur le marché pendant la pandémie, citant une chute de la demande. Le groupe fait état d’un "surplus de vaccins mis à jour" face aux différents variants du virus, et un "déclin de la demande pour le Vaxzevria, qui n’est plus fabriqué ou distribué", dans un communiqué. "AstraZeneca a par conséquent pris la décision d’initier le retrait de l’autorisation de marketing du Vaxzevria en Europe", selon ce communiqué reçu mercredi par l’AFP.
L’autorité européenne du médicament, l’EMA, a écrit, mardi 7 mai, sur son site que l’autorisation de vente du Vaxzevria avait été retirée "à la demande du détenteur de l’autorisation de marketing", à savoir le laboratoire pharmaceutique. Le groupe va aussi "travailler avec les autres régulateurs dans le monde pour initier des retraits d’autorisations de marketing pour le Vaxzevria là où il n’y a pas de future demande attendue pour le vaccin". Dans son communiqué, AstraZeneca dit vouloir "conclure ce chapitre". Une source proche d’AstraZeneca a souligné auprès de l’AFP qu’il n’y avait "plus eu de ventes depuis un certain temps".
D’autres pays ont déjà cessé de fournir le vaccin. Il n’est plus disponible en Australie depuis mars 2023, bien que son utilisation ait déjà été progressivement supprimée à partir de juin 2021 en raison de la large disponibilité de vaccins plus récents.
"Nous sommes incroyablement fiers du rôle que le Vaxzevria a joué pour mettre fin à la pandémie", ajoute le communiqué qui affirme que "selon des estimations indépendantes, plus de 6,5 millions de vies ont été sauvées lors de la seule première année d’utilisation" du sérum, "et plus de trois milliards de doses ont été distribuées dans le monde". La firme pharmaceutique britannique poursuit : "Nous allons maintenant travailler avec les régulateurs et nos partenaires pour nous aligner sur une voie claire pour conclure ce chapitre et apporter une contribution significative à la pandémie de Covid-19."
L’un des tout premiers sur le marché
Si le bénéfice d’AstraZeneca a bondi de 21 % sur un an au premier trimestre, tiré particulièrement par les ventes d’oncologie, le groupe fait état depuis des mois d’une baisse constante des ventes des médicaments liés au Covid - tout comme son rival GSK, qui avait été largement distancé dans la course à la mise au point d’un vaccin.
Ce vaccin, l’un des tout premiers sur le marché alors même que les sérums n’étaient pas la spécialité d’AstraZeneca, avait subi plusieurs revers, notamment un feu vert de commercialisation qui n’est jamais arrivé aux Etats-Unis. Il a aussi connu des problèmes de livraison en Europe, combinés à des soupçons de risques de thrombose. Ce syndrome très rare est survenu chez environ deux à trois personnes sur 100 000 vaccinées avec Vaxzevria.
Le vaccin mal-aimé
AstraZeneca dit avoir mis à jour en avril 2021, avec l’accord du régulateur britannique MHRA, les informations sur le Vaxzevria pour inclure la possibilité qu’il déclenche dans de rares cas des thromboses. Le Royaume-Uni, qui avait d’abord misé sur le Vaxzevria au début de sa campagne de vaccination anti-Covid, l’avait ensuite remplacé par des sérums concurrents. Le groupe rappelle régulièrement que les régulateurs et différents Etats qui ont autorisé le vaccin ont estimé que "les bénéfices de la vaccination éclipsent largement les risques d’effets secondaires extrêmement rares".
L’annonce du retrait de son vaccin survient alors qu’AstraZeneca a subi une rébellion des actionnaires contre le salaire de 18,7 millions de livres sterling, finalement approuvé, du directeur général de la société pharmaceutique, Pascal Soriot, avec plus d’un tiers des voix exprimées contre l’accord.