L’opération programmée du 9 juin 1944

Saint-Priest-de-Gimel. 9 juin 1944 : « Tulle était une opération programmée ! ». Dernièrement, à la demande de l’association Le Flot argenté, le Comité des Martyrs de Tulle a donné une conférence sur les évènements du 9 juin 1944.

Gilles Chavant, fils de résistant, et Danièle Delord, sœur de l’un des suppliciés, ont exposé les faits. « Il est important de recontextualiser », précise d’emblée Gilles Chavant qui cite l’élection démocratique de Hitler, le III e Reich, etc., jusqu’à l’occupation de la France.

La résistance en Corrèze est abordée avant d’en venir à Tulle, ville stratégique de par la manufacture d’armes. Puis la 2 e division Das Reich, dirigée par le Général Heinz Lammerding, dont le rôle est de semer la mort et la terreur parmi les civils.

« La vie après le 9 juin a été abominable »

Avril 1944, la Das Reich est à Montauban, reçoit la visite d’Himmler. « Lammerding écrivait beaucoup et mentionnait tout. Ainsi sait-on qu’il avait ordonné des actes d’entraînement et de terreur en Limousin, dont Tulle et Oradour, opérations programmées dès le 8 juin 44, qui ne sont donc pas des représailles », précise Gilles Chavant.

« Le 7 juin, ici, personne n’avait connaissance du Débarquement du 6. Mon frère, maquisard, participe à la bataille de Tulle, raconte Danièle Delord. Le 8 au matin, la Wehrmacht signe un acte de capitulation, oublié par l’Histoire. Le soir même, la Das Reich arrive à Tulle. »

Le 9 juin, la rafle, la propagande (la lettre Citoyens de Tulle ), le tri : tout est raconté avec détails et émotion. Les 99 pendus, par groupes de dix (dont mon frère, blessé, le seul à avoir participé à la bataille de Tulle, qui est porté par deux soldats allemands) le sont devant les yeux des autres, pendus ensuite. Le 10 juin, 311 Tullistes sont emmenés. 149 sont déportés. 48 reviendront de l’enfer.

« La vie après le 9 juin a été abominable, s’émeut Mme Delord. La cruauté nazie a laissé une empreinte de sidération et de culpabilisation. » C’est après la libération de la ville que les familles ont pu récupérer les corps des suppliciés, au désormais Haut lieu de Cueille, et les inhumer dignement.