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Honte à toit !

Mythiques toits en zinc parisiens menacés: préservation du patrimoine ou préservation de l’espèce ?


« Ces couleurs, ces odeurs, ces drôles de cheminées… Quand vous êtes au-dessus de Paris, vous savez que vous êtes au-dessus de Paris ! » Le 21 mars, Delphine Bürkli s’enthousiasme au micro de la radio publique au sujet des toits parisiens. Depuis plusieurs années, la maire de droite du 9e arrondissement soutient la candidature desdits toits au patrimoine mondial de l’Unesco, classement qui interdira qu’on y touche. Il est exact que partout dans le monde, quand on consulte des photos de grandes villes, l’esthétique architecturale si particulière des toits gris bleu de Paris permet de reconnaître la capitale française du premier coup d’œil. Et enfant, qui n’a jamais eu envie de devenir un aristochat au moment où Duchesse et O’Malley tombent amoureux l’un de l’autre au crépuscule, et que s’enroulent leurs queues de félins au son du jazz à côté d’une vieille cheminée montmartroise ? Si les gratte-ciel ont depuis longtemps compris qu’ils n’étaient pas les bienvenus dans la skyline parisienne, cette candidature est cependant loin de faire l’unanimité parmi nos défenseurs du patrimoine.

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Car si le zinc recouvre 80 % des toits parisiens, ce matériau léger et étanche absorbe la chaleur et rend les logements en dessous invivables en été. « Paris est déjà la ville d’Europe où l’on risque le plus de mourir de chaud. Classer les toits en zinc est une mauvaise idée, c’est fragiliser Paris », déplore Dan Lert, l’un des 35 adjoints d’Anne Hidalgo, en charge de la transition climatique. Le zinc est peut-être indissociable de l’image de Paris, mais il n’est pas adapté aux canicules, appelées à se multiplier.

Jardins partagés, végétalisation générale, ruches connectées ou concours de parkour ne seront pas forcément impossibles avec un tel classement, se persuadent les écolos pour se rassurer. Heureusement pour nous, la littérature a déjà immortalisé ce précieux décor depuis longtemps dans les Tableaux parisiens de Baudelaire. Mais déjà, dans Le Cygne, il constate amer que « le vieux Paris n’est plus (la forme d’une ville / Change plus vite, hélas ! que le cœur d’un mortel) ». La réponse de l’Unesco, forcément cruelle pour certains, est attendue en décembre.

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