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"Si les achats sont mauvais c'est pas la peine de continuer" : ce fleuriste mise sur la qualité en circuits-courts

À l’heure où les enseignes de fleurs bon marché poussent un peu partout sur le territoire, les artisans et producteurs de fleurs françaises tirent leur épingle du jeu. Loin d’être un plaisir éphémère, fleurir son quotidien est devenu un véritable art de vivre pour lequel les Auvergnats sont prêts à mettre le prix.

Avec son col bleu blanc rouge accroché à son tablier blanc immaculé, le fleuriste Stéphane Chanteloube, meilleur ouvrier de France en 2019, ne transige jamais sur la qualité de ses bouquets. « C’est la base. Si les achats sont mauvais, c’est même pas la peine de continuer. »

Dans son tout nouveau magasin de la rue Fongiève, à Clermont-Ferrand, planté au milieu de ses pivoines, anémones, et autres senteurs de printemps, Stéphane Chanteloube affiche la mine des grands jours. « Je suis heureux car je sais d’où viennent mes fleurs, et elles sont magnifiques. Je connais tous les producteurs. Je vais régulièrement dans le Var pour les rencontrer, et sur place, j’ai Jean-Baptiste, c’est mes yeux ! »

« Je n’achète jamais un prix  mais une qualité »

Une collection made in France que l’ambassadeur de la fleur française depuis plus de quinze ans, complète avec d’autres senteurs qu’il cueille du côté de la Hollande. « C’est impossible de s’en passer. J’achète de la fleur européenne pour limiter l’empreinte carbone. Chez moi, il n’y a pas d’espèces venues d’Équateur. » Là encore, Stéphane Chanteloube connaît ses fournisseurs personnellement. À la manière d’un collectionneur de bon vin. « Je ne passe jamais par des grossistes. Je visite les productions. Et quand je passe commande, je sais précisément à quelle heure les produits partent et quand je vais les réceptionner. Elles ne transitent pas pendant des jours… » Une logistique et une politique de circuit court qui se voit dans le vase. « Les clients me disent souvent qu’ils sont surpris que les fleurs coupées tiennent aussi longtemps. Il n’y a pas de secret. Il faut savoir ce que l’on achète, les fleurs que l’on trouve en caisse de supermarché ou dans les chaînes ont passé trois jours dans le frigo du grossiste, avant de transiter trois jours dans celui du fournisseur. Au final, elle fane au bout de deux jours ! »

La différence entre fleuriste et marchand de fleurs

Interrogé sur la guerre des prix à laquelle se livrent les enseignes de fleurs, le Puydômois estime ne pas boxer dans la même catégorie. « Je n’achète jamais un prix mais une qualité. Ensuite, je reçois les fleurs et je les transforme en bouquet. Quand on compose, on raconte une histoire. Les bouquets, au final, ressemblent beaucoup au tempérament des personnes. C’est bien beau d’avoir un col bleu blanc rouge, mais il faut savoir être à la hauteur. Ceux qui vendent des bouquets sous plastique sont des marchands de fleurs. On ne fait pas du tout le même métier. »

Et si les prix bas de « ces marchands » semblent faire le bonheur de certains consommateurs, Stéphane Chanteloube estime que chacune de ses fleurs peut trouver preneur.

« On peut s’adapter à tous les budgets. Si le client à 5 euros, on lui trouve la plus belle des fleurs qui durera dans le temps et fera son bonheur. La qualité doit l’emporter sur la quantité… »

Passionné, l’Auvergnat guette les tendances. Le cœur battant. « Je me lève tous les matins à 6 heures pour voir les nouveautés de mes producteurs. Car, en fonction des saisons, la collection décline ses couleurs. J’adore acheter au gré de mes coups de cœur. Quand j’achète, je compose déjà mes bouquets dans ma tête. » Tige, bouton, qualité super, extra, 1er choix, 2e choix, rien ne lui échappe. « On ne peut pas m’avoir là-dessus. Si le produit n’est pas bon, je le vois immédiatement. » Livrées trois fois par semaine dans ses boutiques de Riom, Gerzat et aujourd’hui Clermont-Ferrand, ses 5.000 fleurs trouvent toujours preneurs. « On est ouvert tous les jours. On n’a pas de perte. Depuis le Covid, la clientèle s’est rajeunie et apprécie l’accueil, la provenance des fleurs mais aussi ce petit ruban en satin qui vient nouer un moment de partage de notre passion. »

Carole Eon

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