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Ses deux soeurs sont revenues d'Auschwitz, son frère de Mauthausen : une Montluçonnaise se souvient

Ses deux soeurs sont revenues d'Auschwitz, son frère de Mauthausen : une Montluçonnaise se souvient

Sa famille n’a pas été épargnée par l’horreur nazie. Lors de la seconde Guerre Mondiale, son frère et ses deux soeurs n'ont pas pu échapper aux griffes de l'ennemi allemand. Montluçonnaise depuis une trentaine d’années, Christiane Fillatre se souvient…

Membre à part entière, depuis sa création, de l’association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Christiane Fillatre, née Serre, âgée de 96 ans, évoque avec courage et lucidité le combat de sa famille pendant l’occupation allemande. Pour celle qui a vu revenir ses deux sœurs d’Auschwitz et son frère de Mauthausen, la journée vouée à la Mémoire de la Déportation qui se déroule, chaque année, le dernier dimanche d’avril est "celle de la solidarité". Un mot qu’elle prononce avec une force inouïe.

"Il était maigre comme un clou"

"Ça fait deux jours que je te cherche, m’avait lancé mon frère Louis, libéré du camp de concentration de Mauthausen, en 1945, conduit comme ses camarades de déportation à l’Hôtel Lutetia, à Paris. Il était maigre comme un clou, avec des yeux exorbités, je ne le reconnaissais pas. J’ai ouvert mes bras, je suis restée comme ça un grand moment. J’étais sidérée", se souvient Christiane.

Un moment resté gravé dans sa mémoire "après trente-six heures de train car nous étions avec maman à Marseille". Après ces retrouvailles, "mon frère (arrêté en septembre 1942) a mis trois ans avant de dire quoi que ce soit", raconte Christiane qui avait été prévenue du retour de son frère à Paris.

Des wagons à bestiaux

Ce fut le premier retour avant celui de ses deux sœurs rapatriées par avion à Orly, depuis le port de Malmö en Suède, en 1945. Toutes deux avaient été arrêtées le 14 juin 1942 dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Six mois plus tard, elles sont embarquées le 21 janvier 1943 dans les trains, dit des "31.000", pour Auschwitz. Dans ce train qui mettra quatre jours pour arriver au centre de mise à mort, en Pologne, 230 femmes sont enfermées dans les wagons à bestiaux.

Parmi elles, la secrétaire de Louis Jouvet, Charlotte Delbo dont le collège de Tronget porte le nom. Marie-Claude Vaillant Couturier, Danièle Casanova, Marie Politzer, Marie-Elisa Cohen, Hélène Solomon- Langevin, résistantes, intellectuelles, proches du Parti communiste ou encartées.

La solidarité pour tenir

"Mes deux sœurs, Lucienne l’aînée, mariée avec Georges Thévenin, prisonnier en Allemagne, et Jeannette, la cadette de la fratrie, avaient été arrêtées sous deux noms différents alors qu’elles étaient âgées de 25 et 23 ans. Elles sont restées ensemble pendant toute leur captivité (*)".

 "La solidarité entre toutes ces femmes n’était pas un vain mot", insiste Christiane qui tient également à rappeler, avec émotion et force « que seulement 49 d’entre elles sont revenues". 

(*) Lucienne Thévenin, née Serre, dite Lulu, avait le numéro de matricule 31.642, et sa sœur Jeanne ou Jeannette, dite Carmen, le 31.637. Toutes les deux résistantes communistes, elles étaient sergents dans la Résistance intérieure française (RIF).

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