Assurance-vie : les bons outils pour se simplifier la vie
Avec la hausse des taux d’intérêts, des rendements solides en 2023, et un début d’année 2024 très prometteur, le ciel s’éclaircit pour les épargnants. Outil flexible doté d’une fiscalité préférentielle, l’assurance-vie redevient attractive et le plus sûr des investissements bancaires. Toutefois, dans un contexte de forte inflation, la diversification reste la plus sage des voies. Identifier ses besoins, cerner les différents produits disponibles, négocier son contrat, passer par une société de gestion, surveiller les frais, générer de la performance à long terme : L’Express vous guide.
L’assurance-vie reste une enveloppe d’épargne extrêmement répandue : près de 1 ménage français sur 2 en possède au moins une. Les usages et les sommes placées sont en revanche très variables d’un souscripteur à l’autre. Et pour cause : on peut ouvrir un contrat avec quelques milliers, voire quelques centaines d’euros. Mais il n’existe pas de plafond aux capitaux qui peuvent y être logés. En parallèle, vous pouvez placer toute votre épargne sur un fonds en euros comme construire une allocation très dynamique à base d’unités de compte. L’offre reflète cette diversité de besoins. Ainsi, il existe des contrats plus adaptés aux néophytes et d’autres en direction des clients avertis ou dotés des sommes importantes à placer.
Pour ceux qui visent avant tout la simplicité, le choix de l’enveloppe est donc une première étape primordiale. Mieux vaut privilégier celles opérant une sélection drastique d’unités de compte. Notamment les contrats gérés par les mutuelles et les associations d’épargnants, lesquelles limitent à quelques dizaines les supports référencés. Côté négatif : vous n’accéderez pas à toutes les catégories de placement. Mais vous ferez face à une offre cohérente, limitée à l’essentiel, idéale pour démarrer en sorte.
Optez pour des produits simples et lisibles
Si vous avez opté pour un dispositif plus élaboré et riche en supports, une option consiste à vous limiter aux ETF (exchange-traded funds ou fonds indiciels cotés), des produits simples et lisibles. Ils ont la particularité de reproduire fidèlement un indice de marché, tel que le CAC 40 pour les actions françaises, le S & P 500 pour les actions américaines ou encore le MSCI World pour les marchés internationaux. Leur nom se compose d’ailleurs de celui du gérant accolé à celui de l’indice répliqué ainsi que du terme ETF. Avec ces supports, vous vous évitez la lourde tâche de choisir les bons gérants et les bonnes approches ; Vous devrez en revanche sélectionner les indices les plus adaptés pour vous exposer à un marché donné. Focalisez-vous sur des noms connus dont vous pouvez facilement suivre l’évolution. Autre atout : ces supports présentent l’intérêt d’être beaucoup moins onéreux que les fonds de gestion active, qui cherchent à battre le marché. Et leurs performances sur les grands marchés boursiers n’ont rien à leur envier. Les ETF se révèlent ainsi comme la meilleure façon de capter la hausse des actions américaines.
Un bémol toutefois, il est rare de pouvoir bâtir une allocation correctement diversifiée avec ces seuls produits, car l’offre demeure limitée en assurance-vie. De plus en plus de compagnies acceptent toutefois d’en intégrer. "C’est une tendance de fond car ces supports, qui séduisent tout particulièrement les jeunes, collectent de plus en plus", remarque Gregory Guermonprez, directeur de Fortuneo. Quelques acteurs en ligne (dont les plus connus sont Yomoni et Nalo) se positionnent d’ailleurs sur ce créneau, proposant une gestion complète à 100 % en ETF. Autre limite : ils ne permettent pas de cibler tous les marchés. "Il existe peu d’ETF pour investir sur le private equity ou sur l’immobilier, souligne Patrick Thiberge, directeur général de Meilleurtaux Placement. Ils concernent surtout les actions, voire, dans une moindre mesure, les obligations."
Si votre contrat n’est pas équipé, pas d’inquiétude. Les professionnels, conscients de la difficulté pour leurs clients d’analyser l’offre pléthorique à leur disposition, ont développé différents outils. Certains mettent ainsi en avant une offre "star" ou "cœur de portefeuille" qui recense une sélection de produits ayant fait leur preuve. Vérifiez toutefois les critères pour qu’un fonds rentre dans ce club et notamment qu’il ne s’agit pas d’un partenariat commercial avec la société de gestion pour en faire la promotion. Encore plus utile, de nombreux distributeurs d’assurance-vie proposent des grilles d’allocation. En fonction de votre profil de risque, ces dernières vous recommandent un portefeuille type. Il vous suffira de le recopier stricto sensu ou bien de l’adapter.
Des outils de gestion automatique
La plupart des contrats récents intègrent aussi des options de gestion automatique. Utilisées à bon escient, elles viendront vous aider au bon pilotage de votre contrat. Recourez donc aux versements programmés, qui permettent de paramétrer un virement régulier (tous les mois ou trimestres par exemple) sur votre enveloppe. Très utile pour épargner avec régularité, cette option présente l’avantage d’être librement ajustable. Vous précisez le rythme et le montant de votre choix (le contrat peut imposer un minimum) et vous pouvez le modifier autant que nécessaire, et même l’arrêter si besoin. L’investissement progressif est une autre configuration intéressante. Elle permet, lorsqu’on verse une somme importante en une fois, de lisser son investissement sur les unités de compte. Cette option se programme, par exemple, sur une durée de un à deux ans, en prévoyant des arbitrages automatiques depuis le fonds en euros sur un ou plusieurs unités de compte de votre choix à raison d’une opération par mois.
Attention toutefois, toutes ces aides restent ponctuelles et aucun suivi extérieur ne vous sera proposé. Pour cela, il faut opter pour la gestion pilotée, parfois aussi appelée gestion profilée ou gestion sous mandat. Derrière ce vocabulaire, un seul et même concept : vous déléguez la maîtrise de votre portefeuille à un professionnel qui réalisera le suivi dans le temps et procédera à des arbitrages en votre nom si nécessaire. Cette option est désormais accessible au plus grand nombre à partir de 1 000 euros ou plus selon les contrats. "La gestion sous mandat représente plus de 50 % des nouvelles souscriptions chez Fortuneo, rapporte Gregory Guermonprez. Ce mode de gestion correspond aux clients désireux d’investir à moyen terme, de diversifier leur contrat et qui ne souhaitent pas faire la sélection d’unités de compte eux-mêmes."
Ne pas oublier de comparer les frais de gestion
Ce service a un coût à bien analyser avant de souscrire car il s’ajoute aux frais des supports et à ceux du contrat. Un cumul de couches qui peut entraver le potentiel de performance. Mieux vaut ne pas dépasser les 0,2 % de frais de gestion supplémentaires, et uniquement sur les unités de compte. "Il est crucial de comparer les frais car les frais en gestion sous mandat peuvent être supérieurs à 1 % dans de nombreux établissements", indique Gregory Guermonprez. Vérifiez aussi que le cumul des frais annuels du contrat et de la délégation ne dépasse pas 1,2 %. Soyez aussi attentif à la composition du portefeuille. "Veillez à accéder à une gestion sous mandat bien diversifiée car la rotation des classes d’actifs est assez forte d’une année sur l’autre, note Florent Combes, directeur risques et investissements de Garance. Ainsi, les obligations avaient disparu du spectre puis elles ont fait leur grand retour."
Un autre point d’importance : quelles sont les sociétés de gestion des fonds utilisés ? Privilégiez la pluralité plutôt que de tout confier à un seul acteur. Enfin, certains contrats permettent de combiner les modes de gestion, une option qui peut se révéler très utile. En effet, la gestion pilotée se limite la plupart du temps aux actifs traditionnels : actions, obligations et monétaires. Avec une enveloppe bipoches, vous pourrez compléter ce portefeuille avec des supports sélectionnés en gestion libre. Idéal pour intégrer de l’immobilier, du capital investissement ou encore des produits structurés.
Un article du dossier spécial "Placements" de L’Express, publié dans l’hebdo du 11 avril.