World News in French

Passionné de faits divers, il assiste régulièrement aux procès qui font la une de l'actualité dans la région

Passionné de faits divers, il assiste régulièrement aux procès qui font la une de l'actualité dans la région

Auteur d’une quarantaine de romans dont plusieurs polars, Dominique Filleton qui vient d'ouvrir une librairie dans le centre historique de Montluçon (Allier) fréquente régulièrement les tribunaux et les cours d’assises. Par passion.

À l’âge de dix ans, il lui arrivait de feuilleter la revue Détective (*) que son père achetait régulièrement. C’est peut-être là qu’est née la passion de Dominique Filleton pour les faits divers. Même s’il a attendu 2019 pour assister à son premier procès. "J’avais été choqué par les trois meurtres et le viol commis en 2017 à Montluçon (Allier) et je me suis rendu à Moulins devant la cour d’assises de l’Allier lors de la quatrième journée du procès des deux accusés".

Pas habitué des lieux, Dominique Filleton tombe sur quatre gendarmes qui le prennent pour un témoin avant de lui indiquer la porte d’accès réservée au public. "J’ouvre la porte et là, j’aperçois quarante personnes dans la salle d’audience, les juges, les jurés, des journalistes et quelques spectateurs".

Une expérience marquante

Forcément un peu surpris, il s’installe sagement et écoute les psychologues évoquer la personnalité de Zaki Ali Toumbou, assis dans le box des accusés, présenté par l’un des experts comme une personne présentant "une dangerosité psychiatrique importante". Une première expérience marquante. "Au moment de monter dans ma voiture pour rentrer à Montluçon, j’ai mis un bon quart d’heure avant de démarrer", confie Dominique Filleton.

Depuis, l’écrivain a assisté, en totalité ou en partie, à vingt-six procès à Riom, Nevers, Châteauroux, Bourges, Guéret et Montluçon. Il se souvient notamment du procès en mars 2021 d’un septuagénaire accusé d’avoir tué sa femme, étranglée avec un foulard. "Il expliquait qu’il n’avait pas l’intention de tuer son épouse. Il voulait seulement la faire taire". Le vieil homme est finalement condamné à douze ans de réclusion criminelle.

Une scène de théâtre

Réfutant le côté voyeur d’une telle démarche, Dominique Filleton essaie de comprendre ce qui a poussé un être humain à commettre l’irréparable. Il aime aussi observer les réactions des acteurs présents dans les prétoires qu’ils comparent à une scène de théâtre. Même s’il faut parfois avoir le coeur bien accroché. "J’ai assisté à Riom en octobre 2020 au procès en appel des deux accusés des crimes de Montluçon. Quand, durant l’audience, un expert lit le rapport du médecin légiste en détaillant les différentes blessures et traumatismes subis par les  victimes, même si vous n’êtes pas de la famille, c’est particulier", reconnaît-il.

Encore plus vivace, l’expérience d’un procès devant la cour d’assises de la Creuse en janvier 2022. Dans le box des accusés : deux hommes qui doivent répondre du meurtre du jeune Alexis en août 2018 à Domeyrot. "Lors de l’audience, la présidente demande à la greffière de diffuser la photo de la victime sur grand écran. Et là je découvre le visage tuméfié du jeune homme recroquevillé sur la table d’autopsie".

Des souvenirs qui pourraient servir de terreau aux romans policiers de Dominique Filleton. "Pas vraiment. J’ai trop de choses à dire dans mes livres pour me servir de ces expériences. Et pourtant à chaque fois, je me dis que cela pourrait me servir".À 56 ans, l’écrivain continue donc d’arpenter les salles des pas perdus des tribunaux de la région car "j’y ai pris goût" et parce que "chaque procès est différent". De quoi faire des cauchemars ? "C’est parfois lourd et quand je rentre chez moi au volant, j’y pense forcément. Mais le lendemain, je passe à autre chose", assure Dominique Filleton. 

(*) Créée en 1928, la revue évoquait les faits divers les plus sordides

Martial Delecluse

Читайте на 123ru.net