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Le choc des savoirs, "c'est un tri des élèves !" : ces enseignants tractent pour dénoncer cette mesure

« Nous sommes enseignants, nous cherchons à informer les parents sur un décret qui se met en place, dont la figure de proue est le tri des élèves, c’est-à-dire la constitution de groupes de niveau en français et en maths. Ça s’appelle le choc des savoirs, vous en avez entendu parler ? » La réponse était souvent négative, devant l’école des Frères-Delmas, ce jeudi 16 mai. Et quand c’était oui, les parents relataient vaguement ce qu’ils appelaient « le discours officiel ». « Ils disent que c’est hyper positif pour les élèves », a répondu un papa à Édith Haakman, enseignante au collège Jeanne-de-la-Treilhe. Elle était à l’origine d’un tractage, sobrement nommé « Non au choc des savoirs », avec trois de ses collègues : Hugo Cellarier, Vincent Nicolas et Claire Cohard.

Un "tri" fin CM2 et 6e dès la rentrée 2024

Le « choc des savoirs », présenté en octobre dernier par Gabriel Attal lors de son discours à la Bibliothèque nationale de France, vise à « élever le niveau de l’école », pour pallier, entre autres, la baisse du niveau des élèves au collège. Publié au Journal officiel dans la nuit du 16 au 17 mars, le texte « choc des savoirs, une nouvelle ambition pour le collège » sera mis en œuvre dès la rentrée prochaine, pour les 6e et les 5e, puis sur tous les niveaux à la rentrée suivante.

Les enseignants de Haute-Loire de nouveau mobilisés contre le choc des savoirs

« Officiellement, le choc des savoirs consiste à prendre en compte la diversité des élèves. » Une réforme jugée rétrograde par ces enseignants, qui observent dans leur classe ce que des scientifiques ont démontré : « Les groupes de niveau, ça ne fonctionne pas ».

On peut facilement comprendre pourquoi ce n’est pas constructif pour les groupes les plus faibles. Mais c’est délétère également pour les groupes des plus forts : une compétition s’installe rapidement, les élèves, parfois fragiles psychologiquement, se mettent à comparer leurs notes… Pour moi, c’est contre l’école de la République, basée sur le vivre ensemble.

Le choix des matières, français et mathématiques, pose aussi question. « En maths, nous avons des élèves très bons en géométrie, mais qui n’aiment pas le calcul mental. Que faire ? », ajoute Vincent Nicolas, enseignant de mathématiques.Ce que dénoncent également les enseignants, c’est l’infaisabilité du texte. « Quand on imagine le déploiement dès la rentrée 2024, on se rend compte que c’est techniquement compliqué, d’un point de vue purement pratique, poursuit Vincent Nicolas. Ils seraient séparés de leur classe pour les cours de français ou de maths. » Ce qui n’est matériellement pas possible partout, notamment dans les collèges ruraux.

"La pression, en CM2, d’être dans la “classe des nuls”…"

 

Du côté des parents, une fois informés, l’heure est à l’appréhension. C’est le cas de Delphine Bony, mère de deux enfants et surveillante en lycée. « Au collège, les élèves ont déjà du mal à s’intégrer. Les groupes mettent du temps à se former. Je crains pour le harcèlement, pour la stigmatisation. Déjà là, alors que les groupes de niveau n’existent pas, ils se demandent si les 6e A ne sont pas meilleurs que les 6e B… Il y a déjà assez de choses qui peuvent les mettre dans des cases, ça leur en fait une en plus. Sans parler de la pression, en CM2, d’être dans la “classe des nuls”… »

Le but de ce tractage, qui pourrait s’étendre à d’autres établissements, était de sensibiliser les parents pour les fédérer autour de cette cause. « Nous voudrions mener des actions communes avec les parents et la FCPE, également opposée au texte », précise Édith Haakman.

Anna Modolo

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