Pourquoi ce prince a-t-il fini dans une prison de Creuse ?

Trônant au centre de Bourganeuf, La Tour Zizim intrigue celui qui passe devant. Dès le 1er juin, elle pourra se visiter tous les jours jusqu’à fin août et il faudra gravir 99 marches pour connaître son histoire.

Même si l’idée d’aller s’enfermer à l’arrivée des beaux jours ne fait pas l’unanimité, il se pourrait que la visite atypique d’un lieu d’emprisonnement pique votre curiosité. C’est au cœur de la cité médiévale de Bourganeuf, datant du XIIe siècle et construite sur l’ordre des Hospitaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, que trône la Tour Zizim, connue pour son hôte haut de gamme et son activité caracérale au fil des siècles.

Un prince exilé et enfermé

Carrefour entre la route de Saint Jacques de Compostelle et l’axe commercial reliant Lyon à la façade atlantique, Bourganeuf se trouve donc à la croisée des chemins. Cette cité médiévale garde encore aujourd’hui son charme d’époque et écope aussi d’une mystérieuse tour au nom qui évoque son prestigieux locataire… tout comme le kebab, maintenant fermé, qui portait ce même nom.La Tour Zizim a été nommée ainsi pour le prisonnier qu’elle abritait au XVe siècle. Le Prince Zizim, ou Djem, était fils du Sultan Mehmet II dit Fatih « Le Conquérant ». Prétendant au trône de l’Empire ottoman contre son frère Bayezid (Bajazet) II, ce dernier le fit exiler.

Prison construite pendant la Révolution dans la Tour Zizim 

Forcé à résidence, ce malheureux héritier de l’Empire Ottoman s’est donc retrouvé à Bourganeuf. La Tour a été bâtie spécialement pour lui, entre 1486 et 1488.Sous la garde des hospitaliers et de Pierre d’Aubusson, grand maître de l’Ordre des Hospitaliers, le Prince Zizim bénéficiait tout de même d’un certain confort de vie pour un prisonnier. Il disposait même de domestiques. Ils étaient là pour le divertir ou pour lui faire la cuisine. Même s’il était fermé à double tour.

Lieu d’emprisonnement au fil du temps

D’une tour d’ivoire pour un prince déchu, à une prison pour maquisards, la Tour Zizim est connue finalement pour son activité carcérale au fil des siècles. Tour massive surplombant l’horizon bourganiaud, elle attire le regard. D’ailleurs, un couple de visiteurs témoigne : « On n’est pas du coin, on est passé dans le secteur, et on a vu cette tour, elle était visitable donc pourquoi pas ».

La tour a servi à plusieurs reprises de lieu de détention. C’est pendant la Révolution que des cellules de prison ont été ajoutées. Plus tard, pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands y ont fait enfermer des résistants. Des graffitis sur les murs datant de cette époque rappellent cette triste période.Ouverte aux visiteurs pour le week-end de l’Ascension, ils étaient au rendez-vous, comme cet habitant de Bourganeuf : « On habite juste à côté et je ne savais même pas que ça se visitait ». Son fils, déguisé en chevalier rétorque :  « Il y a même eu un prince emprisonné, ça me rend curieux ». Il faut maintenant attendre juin pour visiter cette prison dorée. 

 

Marie Le Maux