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Il a fait connaître le hip-hop à la France avec son émission, on a retrouvé Sidney pour parler breakdance aux JO

Son émission a fait connaître la culture hip-hop à la France. Diffusée pour la première fois, le 14 janvier 1984 sur TF1 juste avant Starsky et Hutch, H.I.P. H.O.P (à prononcer lettre par lettre évidemment) est le premier programme entièrement dédié à cette culture venue des États-Unis. Quarante ans tout pile après l’irruption dans l’Hexagone de cette musique et de tout ce qui va avec, la danse, le graff, le style vestimentaire, le breakdance fait partie des disciplines additionnelles des Jeux olympiques de Paris. On a retrouvé Sidney Duteil, dit Sidney, son présentateur emblématique, et il nous a parlé breakdance.

Aviez-vous imaginé qu’un jour, le breakdance serait une discipline olympique ?

Non, pas du tout. Surtout, il y a quarante ans de ça. Cette année, ce sont les quarante ans de l’émission H.I.P. H.O.P. Le temps passe vite, j’ai l’impression que c’était hier. C’était impensable à l’époque que le breakdance devienne une discipline olympique. À chaque fois qu’il s’est passé quelque chose avec cette très belle culture hip-hop, j’ai été surpris. Agréablement surpris. C’est ce qui est beau dans la vie. J’ai toujours été passionné par la danse depuis ma tendre enfance.

Mais le breakdance est-il vraiment un sport ?

Oui, ce sont des athlètes. Pour arriver à ces performances, il faut déjà avoir une très bonne hygiène de vie, mais aussi une condition physique de haut niveau. Le mot “sport” on l’aime pas trop. C’est de la danse avant tout. C’est comme les gens qui font du patinage artistique. Ils dansent sur la glace. C’est un peu les Jeux olympiques qui s’emparent d’une partie de cette culture hip-hop. C’est un peu comme les gens qui font de la danse classique. Ils mettent leurs corps à l’épreuve.

Dansez-vous toujours aujourd’hui ?

J’ai 68 ans. Si je fais un tour sur le dos, ça ne va plus à la même vitesse. Je faisais un peu de gymnastique à l’époque, j’ai encore une bonne condition physique, mais je ne peux plus faire ce que je faisais avant. J’ai déjà essayé. Faut pas abuser (rire).

Le breakdance de 1984, n’est pas celui de 2024. Comment cette pratique a-t-elle évolué ?

Elle a beaucoup évolué, car il y a toujours eu cette notion d’aller plus loin en face de l’autre danseur, dans le défi, dans le battle. Dans le défi, forcément, il faut être meilleur que l’autre, plus performant que l’autre.

Il faut que le danseur d’en face trouve une formule de danse, un mouvement encore plus acrobatique que l’autre ne pourra pas faire. Dans ce sens, en 40 ans, il y a toujours eu un sens progressif, évolutif et surtout d’imagination pour pouvoir créer ces mouvements.

C’est ce qui fait que cette culture hip-hop ne peut pas s’arrêter. Elle est tout le temps dans la créativité. En quarante années de breakdance, forcément, le truc, il a explosé. Aujourd’hui, les danseurs, ce sont des ninjas !

Que pensez-vous de la scène rap aujourd’hui ?

Il y a des rappeurs, aujourd’hui, qui font de la variété. Quelqu’un comme Soprano faisait partie des Psy 4 de la Rime. Actuellement, il fait de la variété. Il y a des bonnes choses et des mauvaises choses. Mais ce sont souvent des personnes qui écoutaient le rap des papys. Big Flo et Oli ont su inventer une nouvelle tendance. En plus, ils peuvent gagner de l’argent en faisant leur musique. Il y a de la qualité musicale, c’est un beau mélange.

Maitre Gims, qui a démarré avec le groupe de rap Section d’Assaut, c’est d’abord un rappeur impressionnant. Il a décidé de prendre un virage complètement commercial. Mais le hip-hop a été leur planche de départ. Ce sont des personnes qui aiment le hip-hop, qui sont issus de cette culture-là. Et d’autres sont certainement boulangers et font du hip-hop aussi.

La culture hip-hop, ce n’est pas seulement de la musique, c’est de la danse, du graff, des fringues… C’est assez unique, non ?

C’est pour ça que ça marche. Le rock and roll quand il est arrivé, ça a été un raz de marée. Pourquoi ? Parce qu’il y avait une tenue vestimentaire avec les blousons en cuir, les motos, la danse. On dansait à deux, on faisait voltiger sa partenaire… Le rock and roll, c’était une attitude. Ce qui fait que, même encore aujourd’hui, les gens écoutent du rock. Le hip-hop, c’est pareil, mais c’est encore beaucoup plus fort parce qu’il évolue.

J’ai toujours dit que ce n’était pas une mode, mais un mouvement. On fait évoluer toutes les autres cultures. Le street wear a permis de remettre au goût du jour toutes ces marques qui ne voulaient pas entendre parler du hip-hop ou y être associées comme Lacoste… Des jeunes des cités ont trouvé leur voie grâce à tout ça.

C’est un mode de vie et un état d’esprit que les papas ne pouvaient pas comprendre à l’époque.

Qu’est-ce que les JO vont apporter à la culture Hip-hop ?

La culture hip-hop aux JO, c’est un aboutissement. C’est une reconnaissance énorme. Mais on ne va pas s’arrêter là. Le breakdance est aux JO aujourd’hui, il n’y sera peut-être pas demain. Je crois que les Américains n’en veulent pas pour 2028. C’est quelque chose d’éphémère, mais c’est l’aboutissement du rayonnement de cette culture à travers le monde entier. Elle n’arrêtera pas là d’évoluer pour autant.

Propos recueillis par Émilie Auffret

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