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"’On a fait un sacré boulot mais le défi ne s’arrête pas ici" : Roméo Gontinéac revient sur la saison du Stade Aurillacois

Quel bilan tirez-vous de cette saison??

« Avec les blessés, il y a eu des périodes compliquées avec des défaites lourdes, à l’extérieur. On a su se remettre en question, resserrer les rangs et on a réussi à faire une belle saison. Avec les joueurs, on a discuté de chaque secteur, la conquête, la défense, l’attaque et l’état d’esprit qui a sauvé notre saison. On a eu des difficultés dans certains domaines pour lesquels nous avons des chiffres qui ne sont pas très positifs. »

Sur quels secteurs en particulier??

« La conquête. Nos munitions. On n’a pas été à la hauteur de nos espérances. On a eu des blessés et la machine a commencé à casser. On a subi énormément, surtout en mêlée. Même si les chiffres nous placent en milieu de tableau, quand on regarde le nombre de pénalités qu’on prend sur les mêlées défensives - 2,4 par match - c’est beaucoup.Meilleur marqueur du Stade, Coertzen a inscrit sept essais.

La défense nous a parfois fait défaut, même si on a un joueur dans le top 5 avec Huurman. La discipline nous a manqué aussi. Surtout sur le début de saison : on a pris six cartons rouges sur les huit premières journées. Tous ces chiffres sont négatifs, mais on réussit parce qu’on a des joueurs de qualité. Certains ont su briller comme Coertzen ou Masterson. Mais, notre efficacité dans les zones de marque n’était pas bonne non plus à cause de la conquête. Il faut qu’on arrive à garder plus souvent le ballon et à être plus efficaces. »

À domicile, le Stade a perdu deux matches cette année. L’objectif est toujours de n’en perdre aucun mais ce total reste-t-il positif??

« À la maison, on a su maîtriser nos matches et trouver cette solidarité. On échoue seulement deux fois. Les deux défaites à la maison nous font défaut pour accrocher un peu plus la sixième place. Mais, ça reste positif. Quand je parle avec d’autres entraîneurs, ils me disent qu’on donne cette image d’une équipe rude à la maison.

« Cette année, beaucoup d’équipes sont venues avec l’intention de gagner. Souvent, elles sont parties avec zéro point. Certaines ont pris des petites fessées. »

Il faut qu’on garde cette dimension à la maison, mais qu’on inculque aussi la culture de pouvoir gagner à l’extérieur. »

Le jeu au pied, une arme redoutable

Que manque-t-il à l’extérieur??

« On a quelques réponses, mais on ne les a pas toutes. Une des causes ce sont les blessures de Kartvelishvili, Plantier, Moala et Slimani. Notre axe droit a été affaibli. À partir de là, en mêlée, dès qu’on subissait tout le monde reculait et on n’a pas trouvé les moyens d’inverser la pression. On ne trouvait pas de secteurs où on pouvait dominer. Notre tâche était difficile. Mais, il y a quelque chose qui a été extraordinaire, qui a sauvé notre saison, c’est notre rigueur, notre précision sur la longueur et la diversification de notre jeu au pied entre Palmier et Aucagne. Ils nous ont permis d’aller jouer chez l’adversaire. C’était notre arme redoutable. »

La formule Aucagne en 10 et Palmier en 15 est alignée pour la première fois contre Grenoble. Un moment clé??

« Sur les deux années précédentes, Marc avait enchaîné beaucoup en 10 et Antoine entrait en 15 et finissait en 10. Il y a aussi eu des formules où Marc entrait en 15 ou en 12. Mais, on s’est rendu compte que les deux étaient indispensables dans notre effectif et la meilleure formule que l’on a trouvée, c'était Marc en 15, où il avait un sacré coup de pompe et il a pu faire aussi des relances puisqu’il est assez costaud. Et, dans l’animation, on a gardé Aucagne. C’était le fil conducteur de l’équipe. »Avec Aucagne, Palmier a permis à Aurillac de dominer les adversaires au pied.

Ces deux joueurs s’en vont, le staff va être obligé de repenser la manière de jouer de l’équipe??

« On aura des joueurs avec un autre style, mais ils auront d’autres qualités et j’espère qu’elles seront bénéfiques pour l’équipe. On sait ce qu’on perd, on sait aussi, dans les grandes lignes, quel joueur on va avoir. On n’aura pas les mêmes, c’est une certitude, mais ils pourront apporter à l’équipe. »

Viser plus haut avec cette génération

Le Stade Aurillacois a aussi vu la génération des champions de France Espoirs émerger cette année.

« Les 24 jeunes qui sont montés, c’était notre recrutement phare. Au moins six se sont avérés être des joueurs élites. Je parle d’Alania, d’Aucagne, de Shvangiradze, d’Huurman. Je parle aussi de Bastard et Pieters qui ont fait beaucoup de matches en alternant le bon et le moins bon. D’autres n’ont pas pu être exploités tout simplement parce qu’il y avait la contrainte des Jiff. Puis, il y a des jeunes qu’on n’a pas pu voir parce qu’on était dans l’urgence de résultats et eux étaient toujours en développement. Il reste ce potentiel à exploiter pour les années à venir.Avec 26 matches joués, Huurman fait partie des révélations de la saison.

En matière d’indiscipline, sur les six cartons rouges, quatre sont dus à notre jeunesse, surprise par la vitesse ou parce qu’ils avaient beaucoup d’enthousiasme, mais manquaient de maîtrise. Au fur et à mesure, on a réussi à diminuer cette indiscipline. »

Si on prend en compte les moyens du club et l’objectif annoncé du top 6, comment jugez-vous cette 9e place??

« Avec les difficultés qu’on a eues, je pense qu’on ne s’en rend pas compte, mais on a quand même fait une sacrée saison. Quand je fais le ratio de notre budget, notre recrutement, nos infrastructures, on peut se féliciter. »

« On peut se regarder dans les yeux et se dire qu’on a fait un sacré boulot. Mais, le défi ne s’arrête pas ici. Avec cette génération, avec les nouveaux venus, l’objectif va rester le même, d’aller titiller et accrocher le top 6. L’objectif d’un coach, c’est de marquer un peu l’histoire. »

Au classement, il y a douze points entre Aurillac et Brive, sixième. Qu’est-ce qui sépare le Stade du Top 6??

« Quand on prend le premier match contre Brive, on n’a rien à se reprocher, mais quand on prend le second, on se rend compte que, dès qu’il y a des blessés, on manque de profondeur dans l’effectif, de fraîcheur dans la saison. On a dû s’appuyer sur les mêmes 25 joueurs. Il nous manquait peut-être aussi un ou deux joueurs un peu plus rebelles, méchants, entre guillemets, avec de l’expérience. Puis, l’axe droit nous a manqué. D’un point de vue comptable, il nous manque les quatre points à la maison contre Aix et on a beaucoup de regrets à Agen, à Colomiers. Il ne faut pas faire le gourmand, mais même à Aix ça se joue à rien. Il nous manque aussi cette rigueur, ce supplément de puissance, à Rouen ou à Dax. »

Propos recueillis par Mathieu Brosseau

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