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Plan d’Emmanuel Macron pour l’IA : l’artificiel avant l’intelligence

Les plans en faveur du développement de l’IA ne correspondent pas aux besoins de cette industrie, témoignant d’un recul de l’Europe.

Par Raphaël Delaplanche

 

L’audition d’Arthur Mensch, PDG de Mistral, devant la commission des Affaires économiques du Sénat le 22 mai a révélé une vérité alarmante : le système de financement européen est inadapté pour soutenir l’innovation.

Interrogé sur ses envies d’Amérique, Mensch a expliqué qu’il n’avait d’autres choix que de se tourner vers les États-Unis :

« Pour notre première levée de fonds, nous n’avions pas de revenus. Les fonds européens ne sont pas structurés pour écrire des chèques de 50 ou 100 millions d’euros à des entreprises sans revenus, ce qui est le cas des fonds américains. »

Ces derniers, avec leurs mandats pour des investissements précoces et massifs, contrastent avec l’incapacité des fonds européens à penser à long terme et à investir dans le risque. Les start-ups européennes, privées de financements adéquats, se voient donc forcées de chercher des capitaux outre-Atlantique.

 

Les Émirats : souveraineté et IA

Aujourd’hui, alors qu’Emmanuel Macron parle de faire de la France une puissance de l’IA, c’est vers les Émirats que les start-ups se tournent pour se financer. Déjà en 2017, les Émirats arabes unis se dotaient d’un ministre de l’IA, démontrant une clairvoyance stratégique que les Européens n’avaient plus. Ce partenariat stratégique signé avec les Émirats, possesseurs d’un des plus gros fonds souverains au monde, Mubadala, illustre bien cette dépendance. Faute de financement européen, c’est ce riche pays pétrolier qui soutient les entreprises innovantes françaises. Ironiquement, tandis que nous chantons les louanges de la « souveraineté numérique », nous devons mendier l’aide financière de nations plus pragmatiques et visionnaires que nous sur cette révolution qui vient.

Il faut une réponse structurelle à ce problème de financement. Au-delà de grands impératifs comme la réduction du coût du travail[1], ou la baisse drastique du nombre de fonctionnaires, c’est à un grand tabou français qu’il faut s’attaquer ici : son système de retraite par répartition. Ce système désuet empêche les investissements de longs termes, déresponsabilise l’agent économique, et entrave la liberté de choix par son inflexibilité.

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Encore une fois, Emmanuel Macron se contente de grandes déclarations et d’une myriade de mesures qui finiront par étouffer l’innovation. La souveraineté numérique ne se décrète pas, elle se crée grâce à un environnement propice à l’innovation. Un environnement ou la responsabilité individuelle, la confiance et la liberté primeraient sur la culpabilisation, l’égalitarisme, et le ressentiment.

Toute philosophie économique, et par extension les décisions politiques qui en découlent, doivent reposer sur le respect constant des lois essentielles de la vie.

[1] Un ingénieur en intelligence artificielle est payé en moyenne 60 000 euros par an en France, contre 150 000 à 200 000 euros aux États-Unis.

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