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Viols sur mineurs : un ancien prêtre condamné à 17 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises du Loiret

Viols sur mineurs : un ancien prêtre condamné à 17 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises du Loiret

L'ancien prêtre orléanais Olivier de Scitivaux, âgé de 64 ans, a été reconnu coupable de viols et agressions sexuelles sur mineurs. De multiples abus commis pendant de longues années sur quatre jeunes garçons, entre 1990 et 2002.

Au terme de cinq jours de débats, la cour d'assises du Loiret a condamné Olivier de Scitivaux à 17 ans de réclusion criminelle pour viols et agressions sexuelles sur mineurs par personne abusant de son autorité, samedi 25 mai.

L'ancien prêtre orléanais, âgé de 64 ans, été reconnu coupable de l'ensemble des crimes et délits dont il était accusé. Des faits commis de 1990 à 2002 à l'encontre de quatre jeunes garçons, qu'il côtoyait dans le cadre de ses fonctions dans le Loiret mais aussi à la colonie de vacances du Quinquis qu'il dirigeait en Bretagne.

Cette peine est assortie d'une période de sûreté de 10 ans pendant laquelle il ne pourra pas solliciter d'aménagement de peine. Il a en outre interdiction d'exercer la moindre activité au contact des mineurs.

"Il a profité de son statut de prêtre"

La veille, l'avocat général avait requis 18 ans de réclusion criminelle contre l'ancien recteur de la basilique de Cléry-Saint-André.

"On parle de centaines de viols, d'agressions sexuelles, des centaines de fois où la vie de ces enfants a été brisée, voilà une masse d'inhumanité qui a de quoi donner la nausée", avait souligné Cédric Vincent.

"Il a profité de son statut de prêtre pour garder des enfants sous sa main, des enfants loin de leurs parents, en des lieux où il est maître à bord, à la colonie du Quinquis ou quand il héberge un mineur dans son presbytère", avait pointé du doigt l'avocat général, parlant "d'abus d'autorité chimiquement pur".

"Il a dit toute l'horreur de son geste"

Pour Me Damien Brossier, l'exercice était délicat devant la masse des crimes reconnus par son client. Dans une plaidoirie forte, d'une grande humanité, il a demandé aux jurés de laisser "le dégoût et la colère" de côté. "18 ans, ce n'est pas acceptable. A 64 ans, c'est une peine d'élimination de la société."

Le maximum encouru par Olivier de Scitivaux était de 20 ans de réclusion. "Ce n'est jamais assez, comme l'a dit l'avocat général, mais c'est la loi. Au-delà, c'est la vengeance. 18 ans ? Mais vous l'auriez condamné à quoi s'il y avait eu six, sept, dix victimes supplémentaires ?"

Revenant sur les aveux pleins et entiers livrés la veille par l'accusé, il a salué "l'effort de contrition" d'Olivier de Scitivaux. Des aveux déterminants pour les victimes qui depuis 30 ans avançaient avec des souvenirs parfois brumeux. "J'ai aimé cette audience, il y a une rencontre qui a eu lieu, c'est rare. Il y avait quatre victimes, des gens qui les aimaient, qui étaient en attente de mots et de vérité. Jérôme et les autres n'étaient pas entièrement sûrs de ce qu'ils disaient et ils avaient besoin que ce soit validé."

Pour cela, l'accusé s'est livré "sans retenue, sans calcul, sans le souci de se protéger, il a dit toute l'horreur de son geste, il ne s'est épargné aucun élément de la réalité sordide de ce dossier. Comment peut-on ne pas penser comme lui ? Là, on va juger un "salopard", une "sous-merde", un "monstre"." Et désignant les quatre victimes : "eux, ils ont le droit de le penser, pas vous", a lancé l'avocat de la défense aux jurés.

"Une bonne justice, ce n'est pas uniquement faire payer, a encore insisté Me Brossier. Il est à terre, ne lui marchez pas dessus. Ce n'est pas scandaleux d'être humain".

"Un système qui a tout pour durer"

Aux yeux de son conseil, Olivier de Scitivaux, qui vit aujourd'hui "reclus" avec sa mère octogénaire, ne représente plus de danger, les dernières agressions qui lui sont reprochées remontant à 2002.

Mais tout cela n'aurait-il pas pu, pas dû être arrêté avant ? Que se serait-il passé si les premières alertes reçues par le diocèse d'Orléans en 1997, et peut-être même dès 1983, avaient immédiatement été transmises à la justice  ? Pour Me Brossier, Olivier de Scitivaux est aussi le fruit de ce "système", d'une Église écrasée par le poids du silence. Et, qui, lors de ce procès, a encore eu bien du mal à reconnaître ses fautes.

"Cet homme-là, il faut le détruire pour restaurer l'ordre social ? C'est un mensonge. On a éliminé le gênant, mais le système demeure. Le système, il fait 12 victimes par jour. Et il a tout pour durer. Quand on voit le rapport de la Ciase (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise), c'est une catastrophe systémique. En 70 ans, 330.000 mineurs ont été victimes de faits de pédocriminalité. 80% sont des petits garçons. Il faut bien essayer de les comprendre, ces chiffres."

Avant que le jury ne se retire pour délibérer, Olivier de Scitivaux s'est avancé une dernière fois à la barre. "Pardon à tous ceux que j'ai déçus et blessés", a simplement redit l'ancien prêtre, sans s'adresser nommément à ces victimes, comme il l'avait fait la veille. 

Il dispose de dix jours pour faire appel de sa condamnation.

Alexandre Charrier

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