Quand le ciel broie du noir au mois de mai
Mérinchal. Quand le ciel broie du noir. Le ciel est en panne de couleur, comme si son Dieu Zeus lui avait retiré sa carte de chrominance. Oh, bien sûr, le soir venu quelques nuages tachent leurs énormes formes boursoufflées d’une fine bordure dentelée de rose, mais ça ne dure pas. Le ciel reprend sa mauvaise humeur et pleure toutes les larmes de son corps de grosse éponge froide.
La pluie ne s’infiltre plus, elle court et lessive les cultures qui sont ici toutes en pente ou presque. Les champs privés de haies voient leur meilleure terre de surface danser lentement vers le bas. La nature semble se venger des affronts que les hommes lui font subir depuis bien longtemps.
Les exemplaires mésanges bleuesLe temps de faire le plein, les nuages se suivent et se ressemblent et l’intérieur des maisons est sombre et triste comme en hiver avec une humidité qui finit par traverser les murs. L’homme, comme les plantes, a besoin de soleil pour faire pousser sa bonne humeur.
Les oiseaux comme les insectes adorent la chaleur qui sèche leurs ailes et leur corps alourdi par les intempéries. Dans leur nid douillet, les mésanges bleues pondent jusqu’à seize œufs. Leur travail de forçat est encore beaucoup plus pénible en temps de pluie pour nourrir les oisillons pendant les pics de production d’insectes. Il ne fait pas bon faire partie des plus frêles de la couvée car plusieurs d’entre eux ne s’envoleront peut-être pas malgré l’acharnement des parents à répartir également la nourriture. Drôle de vie pour ces petits passereaux qui meurent de fin l’hiver et qui galèrent l’été pour que leur descendance survive contre vents et giboulées !