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“Salem” : Jean-Bernard Marlin signe un film de genre bien maladroit

Dans leur jeunesse, Djibril et Camilla incarnaient une sorte de version moderne de Roméo et Juliette, dans les quartiers Nord de Marseille. Leur union, rendue impossible à cause de la violente rivalité entre deux cités – comorienne d’un côté, gitane de l’autre –, a pourtant vu naître une fille. Persuadé que cette enfant est le messie qui sauvera la ville de l’apocalypse, Djibril, qui sort de prison, joue les prédicateurs illuminés. Entre gansta love et bouffées délirantes mystiques, le scénario de Salem n’a certainement pas peur de l’excès.

Employant un casting d’acteur·rices non professionnel·les, Jean-Bernard Marlin poursuit la veine naturaliste initiée dans son premier long métrage (le convaincant Shéhérazade, 2018) et restitue avec une certaine justesse le quotidien tragique qu’engendrent ces éternelles guérillas urbaines. C’est grâce à cette rigueur que le film évite à peine le ridicule, malgré son incursion maladroite dans le cinéma de genre. Multipliant les métaphores religieuses chaotiques et s’encombrant d’effets de mise en scène superflus, Salem, dans sa dimension fantastique, tire vers le caricatural. Un miracle de moins aurait peut-être pu nous sauver du désastre.

Salem de Jean-Bernard Marlin, avec Dalil Abdourahim, Oumar Moindjie, Wallen El Gharbaoui (Fr., 2023, 1 h 43). En salle le 29 mai.

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