L'école de Romagnat veut faire la loi à l'Assemblée nationale
La classe de CM2 de l’école Jacques-Prévert, à Romagnat, aurait dû être accueillie ce lundi matin, à Paris, par la présidente de l’Assemblée nationale et la ministre de l’Éducation nationale. Une dissolution plus tard, changement de programme. Les écoliers ne rencontreront ni député, ni ministre, mais ils sont bien attendus au palais Bourbon pour la finale du Parlement des enfants.
L’enjeu, pour les 26 élèves, dépasse le tumulte politique du moment. "Si on gagne, notre proposition de loi rentrera dans la constitution", annonçait Emma avant le départ pour Paris.
Un ancrage localCette proposition de loi vise à "favoriser la pratique sportive chez tous les jeunes, quels que soient leur milieu socio-économique, leur lieu de résidence, leur sexe ou leurs capacités physiques". Elle s’inscrit dans le thème général du sport, choisi pour la 27e édition du concours national, et s’inspire de ce que les élèves vivent à Romagnat, où la mairie vient de signer une convention sur les droits de l’enfant avec l’Unicef.
"À l’école, on fait plein d’activités sportives. Du tennis, du rugby, du tir à l’arc, du vélo, on va à la piscine et à la patinoire."
Roxanne
Et sans l’école ? Six élèves, soit près du quart de la classe, ne pratiquent aucun sport en dehors du cadre scolaire. "Par manque d’argent, manque de temps ou manque de choix, quand les clubs ne proposent pas d'équipes mixtes ou qu'ils ne sont pas adaptés au handicap", détaillent les élèves.
Ce constat, dès le mois d’octobre, a lancé une réflexion qui s’est nourrie de rencontres, au Tennis-club de Romagnat et au centre médical infantile pour le handicap dans le sport, et d’échanges avec la députée sortante Delphine Lingemann sur le travail du législateur.
Témoignages d'élèves"Les élèves ont aussi réfléchi avec leur propre pratique", précise l'enseignante de la classe, Delphine Fossard. Exemples ? Aedann : "Au tir à l'arc, on nous prête un arc, qui est adapté à nous et qu'on peut garder toute l'année." Louanne : "En hand, on va passer en moins de 13 et on va être séparés des garçons. Comme on n'est pas assez nombreuses pour faire une équipe, on va être obligées d'arrêter le hand".
Ce travail a abouti aux quatre articles d’une proposition de loi sélectionnée par un jury académique, puis retenue par le jury national. Il a alors fallu réaliser une vidéo résumant à la fois l’argumentaire et les solutions imaginées par les enfants. Un vrai défi, à relever "en une minute trente !", pointe l’enseignante.
Cette vidéo, comme celle des huit autres finalistes de la France entière, a été soumise aux votes de toutes les classes participantes. A-t-elle été la plus convaincante ? Verdict lundi.
Parlement des enfants. Cette opération organisée par l’Assemblée nationale, avec, notamment, le ministère de l’Éducation nationale, invite les élèves de CM2 à rédiger une proposition de loi, au terme d’une discussion qui doit leur apprendre ce qu’est le débat démocratique.
Article 3 Encourager la mixité en mettant en place des incitations pour les clubs sportifs favorisant l’intégration des filles dans des sports traditionnellement dominés par les garçons et vice-versa.
Article 4 Élaborer des programmes spécifiques et adaptés pour permettre aux jeunes handicapés malades ou en convalescence de pratiquer du sport. Donner des moyens aux clubs afin qu’ils recrutent des éducateurs pour le sport adapté. Ces programmes pourraient être des collaborations entre le corps médical et des clubs sportifs afin par exemple d'amener le sport à l'hôpital ou encore d'amener les jeunes malades au club sportif lors de séances spécialisées et adaptées à eux. Varier les handisports, mais garder un lieu commun pour faire se côtoyer les différents jeunes ensemble.
Isabelle Vachias