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Parc des Sources à Vichy : Où est passé la statue de la Déesse des eaux ?

Parc des Sources à Vichy : Où est passé la statue de la Déesse des eaux ?

Du 10 au 12 juin, les Ateliers Enache étaient à Vichy pour démonter et acheminer la statue de la Déesse des eaux dans la Nièvre pour sa restauration complète.

Vous ne la voyez peut-être plus à son emplacement, sur la terrasse du Samoa, et pour cause. Au terme de trois jours de "démontage", du lundi 10 au mercredi 12 juin, la statue de la Déesse des eaux a été emportée à Nevers, au sein des Ateliers Enache. Là-bas, la créature de Carrier-Belleuse, sculptée en 1865, va recevoir, pendant plusieurs semaines, les soins nécessaires à sa restauration. Une véritable cure de jouvence essentielle à sa pérennité.

« C’est la troisième fois, depuis sa réalisation, que la statue est déplacée. Depuis sa place originelle, sur la façade de l’Opéra, jusque dans une salle de repos pour curistes - aujourd’hui disparue, mais auparavant intégrée au Fer à cheval - pour arriver sur la terrasse du Samoa », rappelle Maria Enache, gérante des Ateliers Enache.

Consolider avant de déplacer

« Ces successifs déplacements ont occasionné d’importantes dégradations auxquelles nous devons pallier », poursuit Maria Enache. Bâtie en cinq blocs, dont les plus gros, à sa base, pèsent près de deux tonnes, elle est transportée selon des « méthodes très traditionnelles ».

Il a aussi fallu désolidariser la statue du mur sur lequel elle était apposée depuis plusieurs années.

La première étape de sa restauration a été la consolidation de la statue, avant sa dépose, en appliquant du papier Japon, « sorte de protection », sur les parties fissurées, voire fracturées. « La semaine dernière, je suis venue avec un autre restaurateur faire ces facings, à l’aide de papier du Japon. Une opération qui a duré deux jours. Les parties en jonction, en limite de joints, sont très fragiles et ont nécessité leur consolidation avant transport. » La méthodologie suivie par les restaurateurs ayant été approuvée par le cabinet d’architecture RL & A Architectes en amont.

Les ateliers Enache. Bien que leur siège social soit basé à Paris, ils se développent dans la Nièvre depuis 2006. « C’est un territoire propice, qui nous permet de disposer de grands espaces et de développer notre activité autour de l’atelier de sculptures », explique Maria Enache, dirigeante de la société. Avec vingt sculpteurs, restaurateurs, conservateurs, staffeurs et mouleurs, l’entreprise s’occupe de la conservation et restauration, et réalise aussi de la sculpture neuve, en œuvrant dans le domaine des Monuments historiques. Ils travaillent actuellement à la restauration des statues des chapelles et du chœur de l’église de Notre-Dame-de-Paris.

Ensuite, un échafaudage a été installé pour le démontage, pièce par pièce, de la statue, afin d’assurer son transport. « Il s’agissait de désolidariser chaque élément. Chaque opération doit être très minutieuse. Tous les mouvements nécessitent plusieurs regards. Il s’agit de désolidariser chaque bloc entre eux. »Ceci pour déposer les blocs scellés contre un mur de présentation et les transporter jusqu’aux ateliers de l’entreprise en charge de sa restauration à Chevannes-Changy, dans la Nièvre.

Restituer sa superbe

La question centrale lors d’une restauration est la suivante d’après Maria Enache : « De quoi chaque élément a besoin ? » Ce questionnement doit prendre en compte les pathologies de la pierre (lire ci-dessous), mais aussi l’histoire de l’objet. Pour cela, les restaurateurs se basent sur des dessins, photos ou bien graphiques à disposition, afin de respecter le plus possible l’aspect originel de la statue. « La restitution se fait d’abord par modelage, puis, si l’architecte approuve le modèle, la sculpture en pierre peut être réalisée », poursuit la restauratrice. Outre la réparation de fissures et autres fractures, il sera aussi nécessaire de « reprendre certaines zones lacunaires par ragréages ». Maria Enache est l'une des dirigeantes des Ateliers Enache.

Maria Enache estime ainsi qu’il faudra six mois, minimum, pour offrir une seconde vie à la Déesse des eaux, pour « la refaire à l’identique, telle qu’elle a été conçue ».Très détériorée par des « restaurations anciennes, avec du ciment gris », mais aussi par le temps, elle devrait faire complètement peau neuve. « Nous allons réussir à lui redonner de l’éclat et ça me réjouit, car Carrier-Belleuse est un très grand sculpteur de son époque. »

La Déesse des eaux, une fois restaurée, pourra intégrer sa niche, rue de la Source de l’Hôpital, et faire profiter de sa beauté retrouvée à ses spectateurs. 

Ceci est l’une des pathologies rencontrées par la statue de la déesse des eaux, outre les atteintes biologiques par dépôts d’algue, lichen, ou encore mousse, à laquelle les Ateliers Enache vont remédier par un traitement de fond à base de silicate d’éthyle notamment. Sa préconsolidation se réalisera à l’aide de ce produit et agira « comme un nettoyage par gommage ». La phase de consolidation, avec réparation des microfissures, fissures et fractures, se fera toujours avec du silicate d’éthyle, ajouté à des injections de mortiers spécifiques. « Un traitement curatif préventif » indispensable au regard de l’état de la sculpture.

Texte Chloé Goigoux, photos François-Xavier Gutton

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