Les législatives anticipées vues de l'étranger : "Une téléréalité complètement folle"
La presse étrangère observe, éberluée, notre actualité après la dissolution de l'Assemblée nationale.
Dans le chaos ambiant, une parole politique française a réussi à émerger à l’étranger : celle de Kylian Mbappé, attaquant de l’équipe de France et nouveau joueur du Real Madrid. En demandant à la jeunesse française de se mobiliser "contre les extrêmes", le footballeur semble avoir clarifié les enjeux des législatives anticipées pour la presse internationale, parfois perdue dans la foire d’empoigne hexagonale.
"Mbappé entre en campagne", titre en couverture le quotidien sportif espagnol Marca, qui remarque que "le message de son étoile contre l’extrême droite a éclipsé l’entrée des Bleus dans l’Euro".
#LaPortada ????️ Mbappé entra en campaña
— MARCA (@marca) June 16, 2024
El crack francés debuta este lunes en la #Euro2024 y 'se mete' en política pic.twitter.com/5fipPMODIg
Pour le reste, les médias étrangers ne peuvent que constater "le Waterloo de la politique française", comme le surnomme la revue International Politik Quaterly. Entre Eric Ciotti retranché au siège des Républicains après son accord passé en solitaire avec le RN, la purge de La France insoumise au moment des investitures et le retour de François Hollande, "la politique française sombre dans une téléréalité complètement folle", explique Politico depuis Bruxelles. La dissolution de l’Assemblée nationale a provoqué ce qu’Emmanuel Macron espérait, soutient le site d’information : "une classe politique qui se déchire dans les rivalités et les trahisons avant les scrutins du 30 juin et du 7 juillet".
"Une atmosphère de fin de règne plane sur la France"
"Emmanuel Macron a lancé une grenade dans les pieds de la droite dure, et il a fait exploser la politique française, résume The Daily Telegraph en Angleterre. La droite française a implosé, quand la gauche formait une alliance improbable et précaire." Le journal conservateur ne minimise pas pour autant le danger pour l'avenir du pays. "Le pari de Macron a provoqué une bataille pour l'âme de la France, qui pourrait voir l'extrême droite prendre le pouvoir pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale", souligne le quotidien britannique.
A Londres, The Guardian enchérit en décrivant "une comédie politique qui ferait presque passer Donald Trump et Boris Johnson pour des politiciens compétents". D’après le quotidien britannique, une semaine de campagne a suffi à faire exploser les partis français dans des guerres internes, "où tout le monde traite l’autre de menteur et de traître". "Dès que les nationalistes sont mis dans la lumière, ils montrent très vite qu’ils n’ont aucune idée de qui vide les poubelles ou de comment de l’eau sort du robinet, poursuit le journal de gauche. Mais le cas Donald Trump l’a prouvé : souvent les électeurs n’en ont cure, et ils votent pour eux malgré tout."
Comme l’écrit El Pais, en Espagne, "une atmosphère de fin de règne plane sur la France". Mais au sommet du G7, en Italie, le président français a tenté la semaine dernière de convaincre ses homologues occidentaux de l'utilité de sa manoeuvre de politique intérieure. "Tous ont dit que c'était courageux", a assuré Emmanuel Macron devant les caméras, sans forcément convaincre. "Du courage ou un suicide politique, les Français le diront le 7 juillet", rétorque The Daily Telegraph.