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Législatives : chez les Insoumis, candidats sulfureux et "grand ménage de printemps"

Législatives : chez les Insoumis, candidats sulfureux et

Purgés pour les prochaines législatives, les Insoumis en rupture de ban feront face à des candidats soutenus par LFI, parfois au profil sulfureux. Et gare aux militants qui s’aviseraient de soutenir les dissidents…

Une toute première rencontre, en juin 2022, lors d’un débat organisé par le média Street Press. L’échange entre Raquel Garrido (LFI) et Aly Diouara (La Seine Saint-Denis au Coeur), candidats à l’époque aux élections législatives en Seine Saint-Denis, tourne au vinaigre. "La représentation nationale du 93 n’est pas à l’image de la population du 93", lâche-t-il, en lorgnant sur la photo des candidats Nupes investis dans le département. "Ici, il n’y a pas de parachutés, on n’est que des militants du 93 !", rétorque Garrido. "Moi je vois des parachutés. Vous-même…" Raquel Garrido, domiciliée dans le département, s’indigne. Le ton monte très fort, et la parole est donnée à Sandrine Rousseau, également invitée sur le plateau, qui demeure un peu interdite face aux échanges très vifs. Les deux ne se sont plus jamais recroisés.

Ils se recroiseront sûrement lors de ces prochaines semaines, dans la cinquième circonscription de Seine Saint-Denis, où chacun brigue un poste de député. Car Aly Diouara a finalement été investi par les Insoumis à la place de Raquel Garrido, qui concourra tout de même en dissidence sous la bannière du Nouveau Front Populaire. Mais voilà que certains propos polémiques du second remontent à la surface. Sur les réseaux sociaux, notamment, où le fonctionnaire territorial à la mairie de Drancy avait qualifié Raphaël Glucksmann de "candidat sioniste" lors de la campagne européenne, durant laquelle il avait, avec son petit parti, milité pour Manon Aubry. Lors d’un tractage en soutien à l’Union Populaire, le Séquano-Dionisyen avait appelé dans une vidéo à "dégager" Raphaël Glucksmann et Emma Rafowicz - tous deux d’origine juive - "complices du génocide en cours à Gaza", alors même que la tête de liste Place publique avait appelé à un cessez-le-feu. Le 6 mai dernier, sur X toujours, il s’était indigné de la "présence de ministres et présidents de la République aux dîners annuels du Crif" qui, selon lui, "alimente le complotisme". "Nos partis ne sont pas bienveillants avec les juifs de gauche", tacle Raquel Garrido.

"Conférence de Berlin" et soutien à l’imam Iquioussen

À l’été 2022, le militant très investi dans la vie associative du département apporte, à de multiples reprises, son soutien à l’imam Iquioussen, expulsé vers le Maroc pour avoir, d’après le tribunal administratif de Paris, "commis des actes répétés de provocation explicite et délibérée à la discrimination, à la haine ou à la violence envers les juifs, les femmes et les non-musulmans". Dans un tweet, le candidat avait "apporté son soutien à l’homme […] victime d’un climat racistement hostile"; il avait estimé sur X qu’il s’agissait là d’une "chasse à l’homme institutionnel [le]". Plus tard dans le mois, il commente un cliché du campus de Blois, l’université d’été du PS, où figurent les principaux cadres du Parti socialiste, et les Insoumis Clémentine Autain et Alexis Corbière : "Salut les blancs, Dites… on vous dérange pas trop dans votre remake de la conférence de Berlin ?", en référence à la conférence de la fin du XIXe siècle actant la collaboration européenne pour le partage et la division de l’Afrique…

Très critique à l’égard de la direction du mouvement, Raquel Garrido n’a pas été tenue au courant de son éviction des investitures, apprenant la nouvelle à la sortie d’un plateau télé vendredi dernier. "Face à la ferveur autour du Nouveau Front Populaire (NFP), les Insoumis sont venus sur notre ligne : j’ai pensé qu’on allait rester ensemble. Ils [l’état-major LFI] ont fait ça rapidement, pour que l’on n’ait pas le temps de nous retourner", assure-t-elle. Un modus operandi similaire pour les autres concernés. En rupture de ban depuis deux ans avec Jean-Luc Mélenchon, ils ont été plusieurs à être remplacés dans leur circonscription par de nouveaux candidats insoumis davantage en phase, doux euphémisme, "avec la ligne majoritaire". Parmi eux, Alexis Corbière, lui aussi député sortant de Seine Saint-Denis, Hendrik Davi, élu des Bouches-du-Rhône, Danielle Simonnet, députée de Paris, et Frédéric Mathieu, parlementaire d’Ille-et-Villaine. À l’exception de ce dernier, tous se présentent sous l’étiquette du NFP.

Adrien Quatennens "aussi victime de violences conjugales"

Sous la bannière officielle, Sabrina Ali Benali fera face à Alexis Corbière les 30 juin et 7 juillet prochains en Seine Saint-Denis. La médecin urgentiste, présentée comme l’incarnation de "l’élargissement du Nouveau Front Populaire aux forces syndicales, associatives et de la société civile", est en réalité une proche de Jean-Luc Mélenchon. Militante du Parti de Gauche, elle devient membre du Parlement insoumis de l’Union Populaire. Il y a un peu moins de deux ans, la candidate avait pris publiquement position sur les réseaux sociaux pour Adrien Quatennens. "Aujourd’hui, on comprend mieux les soutiens de proches d’Adrien Quatennens. Ils savaient. Ils savaient qu’il était aussi victime de violences conjugales […] En consultation, j’avais eu deux femmes me disant 'être prêtes à tout pour faire plonger leur mari, pour garder les enfants, pour qu’il raque un max'", avait-elle écrit dans un tweet, à l’époque. "Bon niveau de féminisme !", persifle une Insoumise.

À Marseille et à Rennes, voilà également deux affidés à la ligne mélenchoniste. Allan Popelard, dans la cité phocéenne, est membre de l’Institut La Boétie, réputé très proche de Manuel Bompard, et "dans les petits papiers de Jean-Luc", selon ses camarades. Marie Messmeur, en Ille-et-Vilaine, elle, est une ancienne des Jeunesses socialistes et de Génération.s.. Parachutée dans la circonscription, "elle est là pour buter du soc’", s’alarme un cadre socialiste de l’Ouest. "Elle voue une haine irrationnelle au PS. Vous voyez Louis Boyard et son comportement ? Elle est pareille, c’est une dure", poursuit-il.

Gare à ceux qui soutiendraient les dissidents. "Après la purge, c’est le grand ménage de printemps", souffle Hendrik Davi. "Toute personne qui fait ma campagne est exclue de LFI. Toute personne qui anime un groupe d’action (qui coordonne les actions et autres initiatives via leur plateforme en ligne de l’Union Populaire, NDLR) et qui serait de mon côté verrait son groupe d’action dissout. Dans ma circo, la menace fonctionne plutôt bien : j’ai plein de militants insoumis qui m’ont dit qu’ils ne pourraient pas faire ma campagne", poursuit-il. La méthode change, parfois. À Paris, le groupe d’action de Danielle Simonnet n’a pas été dissout. Mais l’élue, ainsi que ses soutiens, en ont été évincés. Et depuis vendredi, le groupe a été renommé au nom de Céline Verzeletti. La candidate investie dans la circonscription par La France Insoumise.

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