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Nucléaire : quand Emmanuel Macron refait le coup des EPR

La France doit-elle construire six nouveaux EPR ou bien 14 ? Pour le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, la réponse paraît évidente : même si notre pays a besoin d’investir énormément dans ses capacités de production d’électricité - on parle de 30 nouveaux réacteurs classiques nécessaires d’ici à 2050 pour maintenir un parc digne de ce nom, qui tiendrait compte du vieillissement avancé de nombreuses centrales -, il faut rester réaliste. EDF, dans sa situation actuelle, aura bien des difficultés à construire les six premiers EPR.

Le patron de Bercy soulignait il y a quelques jours à peine "l’ampleur gigantesque" du chantier à venir, "dans une filière qui malheureusement a connu des hauts et des bas, a été trop souvent pointée du doigt, qui a perdu beaucoup de compétences et qui doit maintenant se reconstruire". Mais ce discours semble trop pessimiste pour Emmanuel Macron. Lors de sa conférence de presse du 12 juin, le chef de l’Etat a réitéré son objectif d’arriver à 14 EPR. Une décision "forte", indispensable pour la transition écologique. Le président aurait-il des informations sur l’état de la filière que son ministre n’a pas ?

Que nenni. "Cette annonce, plus tactique qu’autre chose, passe volontairement sous silence les nombreux défis auxquels EDF fait face en termes de main-d’œuvre, de ressources financières et de délais. Il est évident qu’il s’agit principalement d’une stratégie de campagne dans le contexte difficile des élections législatives anticipées, car la question de la relance du parc nucléaire national reste très populaire auprès de la majorité des électeurs", estime Franck Gbaguidi, directeur du développement durable au cabinet d’études Eurasia Group.

En coulisses, nombre d’experts continuent d’ailleurs de s’interroger sur la fibre nucléaire du président. "Je lui reprocherai toujours de ne pas avoir empêché la fermeture de Fessenheim, privant ainsi la France, pour des raisons idéologiques, d’un réacteur de forte puissance alors qu’il pouvait encore fonctionner, moyennant quelques investissements", souligne l’un d’entre eux. "En tout cas, lors de la présidentielle de 2022, Emmanuel Macron avait déjà fait le coup d’annoncer de nouveaux EPR", remarque Franck Gbaguidi. La ficelle est un peu grosse, mais dans le chaos politique actuel, toute voix est bonne à prendre.

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