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Le scandale du sang contaminé au Royaume-Uni met à nu les élites britanniques

Le paysage politique du Royaume-Uni a été secoué une fois de plus par un nouveau scandale, celui du sang contaminé administré à des patients sans méfiance et qui les a rendus définitivement malades. Ce scandale est différent des autres scandales plus récents ; cela fait des décennies que l’on sait que cela se produit, et pourtant rien n’a été fait par les gouvernements successifs de tous les bords de l’échiquier politique. En tant que libertariens, nous savons pourquoi il en est ainsi, mais il n’est pas surprenant que cela ait complètement échappé à l’esprit de ceux qui font partie du courant politique britannique dominant.

 

Article original de Owen Ashworth paru dans le Mises Institute.

La réponse des medias et des élus à cette crise est une véritable révélation. C’est pourquoi j’aimerais me concentrer sur ce point dans cet article. Le peu de réflexion qui a présidé à l’analyse des raisons du scandale a confirmé tout ce que je savais déjà sur nos élites politiques. Arrive un moment où je ne devrais plus être étonné, mais ils continuent à me surprendre.

Le rapport a fait grand bruit dans l’arène politique, car il a eu un impact considérable sur des centaines de personnes et a révélé à quel point les gouvernements successifs ont agi avec malveillance. Les réactions donnent un bon aperçu de la manière dont cela s’est produit.

Commençons par les commentaires à l’occasion de l’émission Politics Live. Son animatrice, Jo Coburn, a répondu à Reem Ibrahim, qui tentait de faire valoir que la taille et la bureaucratie de l’État incitaient les acteurs politiques à étouffer le scandale, en déclarant :

« Ce qui est choquant, c’est que cela s’est produit […] Qu’elles soient privées ou publiques, ces choses ne devraient pas se produire, et pourtant elles continuent à se produire ».

Il s’agit là d’un cas où les acteurs du courant dominant sont techniquement corrects mais manquent totalement de substance. Le but de la discussion est de savoir pourquoi c’est arrivé. Reem proposait la bonne réponse, à savoir que les incitations pour les acteurs étatiques à dissimuler des scandales embarrassants et incroyablement préjudiciables atteignent des niveaux que l’on ne verrait jamais dans le secteur privé, mais Jo Coburn a complètement évité cette conversation. Le courant dominant est totalement allergique à toute discussion qui pourrait conduire à une critique de l’État et de ses nombreux organes principaux.

En outre, il est apparu clairement que le leader travailliste de la Chambre des Lords n’était pas non plus à l’aise avec la réponse de Reem et a tenté de l’interrompre en déclarant : « Les compagnies de distribution d’eau ont dissimulé des choses […] Les entreprises privées échouent également. »

Cette remarque est intrigante, car si elle avait compris le point de vue de Reem, elle se serait rendu compte que sa réponse était totalement redondante. Les libertariens ne prétendront jamais que les entreprises privées n’échouent jamais, ou qu’elles sont totalement altruistes, mais l’appareil d’État dispose d’un cadre entièrement différent avec des incitations conduisant à des dissimulations qui, si elles se produisaient dans une entreprise privée, l’obligeraient à mettre la clé sous la porte. Comparer la structure d’incitation de l’État avec celle d’une entreprise privée, c’est mélanger les torchons et les serviettes. Le leader travailliste de la Chambre des Lords a pleinement démontré qu’il ignorait ce fait.

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Le Guardian, membre du panel, a indiqué qu’il était assez rafraîchissant que les deux principaux partis politiques travaillent ensemble sur la réponse à apporter au scandale, et sur l’indemnisation que les victimes méritent, en déclarant : « Vous pouvez obtenir beaucoup plus de consensus, beaucoup plus d’accord » entre les deux principaux partis qui travailleront ensemble pour faire ce qu’il convient. Il poursuit, en suggérant que les deux partis ressentent une culpabilité collective et font donc preuve d’une forme de responsabilité collective, ce qui implique qu’il s’agit d’un bon résultat. Rien ne peut être analysé de manière plus légère.

Quel a été l’un des principaux chocs de ce scandale ? Le fait que les deux partis politiques aient cherché à éviter de rougir et à se soustraire à leurs responsabilités. Ce seul fait devrait inspirer à tous les analystes sérieux une bonne dose de scepticisme à propos de l’existence d’un consensus entre les deux partis politiques sur la réponse à apporter.

La responsabilité des actes commis dans le cadre de ce scandale devrait incomber entièrement aux personnes inculpées, mais le fardeau retombera entièrement sur les contribuables qui ne portent aucune responsabilité. Les victimes recevront une compensation financière pour les horreurs qu’elles ont endurées, mais cet argent proviendra des impôts, de sorte que les auteurs du scandale ont réussi à échapper à toute responsabilité.

La réalité des commentaires du membre du Guardian est qu’il se réjouit que les deux grands partis présentent leurs excuses tout en faisant couvrir le coût de l’indemnisation par le contribuable. C’est rafraîchissant. Le problème, c’est qu’il ne lui sera probablement pas venu à l’esprit ce que cela signifie, et c’est la raison pour laquelle la réponse à ce scandale est révélatrice.

L’absence de réflexion intellectuelle des tenants du courant dominant a été pleinement exposée. L’empereur est nu.

Le scandale a révélé bien plus. On dit aux victimes qu’elles recevront une compensation de l’État pour les dommages causés ; en d’autres termes, l’État assumera la responsabilité. Comme l’a montré l’analyse du Guardian, la responsabilité réelle incombera au contribuable. Ainsi, lorsque les acteurs étatiques affirment que l’État assumera la responsabilité, ils désignent en pratique tous les autres acteurs, à l’exception de ceux qui devraient porter l’entière responsabilité de l’affaire. L’attention est attirée sur ce point parce qu’il montre très clairement que le public a accepté ce cadre comme normal et approprié. Le fait que le public ait accepté cette logique signifie que l’effort des intellectuels publics pour convaincre les gens que l’État et la population qu’il gouverne sont en quelque sorte la même chose a incroyablement bien fonctionné. Écouter les réponses de ceux qui font partie du courant politique dominant est extrêmement édifiant (avec modération), car cela vous apprend beaucoup sur leur façon de penser les questions politiques, économiques et philosophiques.

Malheureusement, cela a révélé que la montagne que les libéraux doivent gravir pour changer les mentalités est vraiment énorme.

Les détails du scandale ont été horribles. De nombreuses familles ont été affectées d’une manière que l’on ne peut même pas commencer à comprendre. Si nous ne tirons pas les bonnes leçons de ces événements, nous sommes condamnés à les répéter. Je crains que ce type de scandale ne se répète à l’avenir. La réaction du grand public a mis en évidence l’absence de réflexion de ceux qui occupent des postes de pouvoir, nos soi-disant intellectuels publics.

Elle a également mis en évidence le besoin quasi psychotique des deux principaux partis de défendre le Service national de santé (NHS), en interrompant toute critique pour défendre vigoureusement la bravoure et le courage des travailleurs du NHS. Mais le problème, c’est que personne n’a jamais remis en question le fait que la plupart des critiques du NHS sont accompagnées d’interminables avertissements indiquant qu’elles ne sont pas adressées aux personnes qui y travaillent. Le fait est que la bureaucratie d’État engendre la corruption et que le NHS est l’une des plus grandes bureaucraties du Royaume-Uni. Si le NHS est à l’abri de toute critique, les scandales continueront à se succéder. En outre, il n’y aura pas de progrès tant que le courant dominant refusera de réfléchir correctement à la manière dont ce scandale s’est produit.

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