World News in French

Comment l'ASM Clermont tente de réduire son impact sur l'environnement grâce au label "Fair play for planet"

Comment l'ASM Clermont tente de réduire son impact sur l'environnement grâce au label

Entre gestion des déchets, mobilité et sobriété énergétique, chaque match disputé au stade Michelin constitue un défi écologique. L’ASM Clermont a fait appel au label Fair play for planet pour l’aider dans ses démarches.

Dans le grand océan que représente une soirée de Top 14, cela semble être une micro-goutte. Mais celle-ci illustre toute l’attention qui est mise du côté de l’ASM Clermont en ce qui concerne la réduction des déchets.

Lorsque l’on pousse les portes de la salle de presse un soir de match, les journalistes ont du café à disposition. C’est du reste le cas dans tous les stades de France et de Navarre. Depuis quelques mois, la boisson chaude est uniquement disponible via une grande bombonne préparée par le prestataire de services. Les capsules de café, très impactantes pour l’environnement, ont été remisées.

Autre exemple qui pourrait paraître insignifiant, les fameux éventails permettant de faire du bruit distribués aux supporters lors des grands matchs sur chacun des sièges ne sont plus attachés par un élastique. On ne fait certes pas encore l’économie du carton, mais celle de la petite attache est significative. Surtout lorsque 18.000 spectateurs se déplacent au Michelin. Il s’agit là de petites initiatives, mais elles font partie intégrante des quelque 350 critères dictés par le label Fair play for planet (FPFP) auquel l’ASM Clermont a adhéré en 2022.

Destiné aux clubs, sites et événements sportifs, le label FPFP a été développé en 2020 avec la coopération de l’Ademe, l’agence de la transition écologique. Il permet aux entités sportives d’améliorer leur modèle de développement économique en prenant soin de l’environnement et des personnes. Pour son fondateur, l’ancien rugbyman clermontois Julien Pierre, cette démarche était plus que nécessaire. Le monde du sport professionnel devant servir d’exemple à toutes et tous.

« Lorsque j’étais joueur, j’ai essayé d’apporter ma part. Comme celle d’installer des poubelles de tri dans les vestiaires. Et aujourd’hui, je pense que l’on peut utiliser la puissance du sport dans cette transition écologique. Il faut utiliser toutes les valeurs universelles du sport qui sont le respect, l’engagement et le don de soi pour accélérer les choses. »

1,5 tonne de déchets et 250 kg de carton

De cette volonté initiale est donc né ce label. Et avec lui un audit de plus de 350 critères. L’identification des caractéristiques environnementales du cahier des charges se veut très complète. Transport, énergie, alimentation, produits phytosanitaires et d’entretien, utilisation du papier dans les services administratifs… Le label balaie un spectre le plus large possible.

Lorsque l’on sait qu’une soirée de Top 14 représente à chaque fois 1,5 tonne de déchets en tout genre et 250 kg de carton, l’audit lancé par le label a permis au club de voir plus clair dans les actions à mener pour être plus efficace.

« Notre volonté de réduire notre impact pour la planète ne date pas de l’année dernière, explique le directeur communication et développement, Aurélien Perrin. Notre prise de position est ancienne sur certaines choses, mais a surtout été matérialisée, en 2019, avec la signature de la charte écoresponsable en collaboration avec le ministère des Sports et WWF. Nous étions le premier club de rugby professionnel à la ratifier. Nous sous sommes ensuite rapprochés de Fair play for the planet avec lequel nous avons obtenu notre première étoile. L’intérêt de cette démarche est de nous donner une grille de lecture très précise de ce sur quoi il faut travailler dans le monde du sport pro en matière éco-environnementale. On sait dans quel domaine nous sommes bien. »

Des grosses fontaines à eau pour réduire les matières plastiques

Concernant la gestion des déchets, notamment de leur tri, le club s’est appuyé sur son partenaire historique Paprec Recyclage. Des grandes poubelles jaunes et bleues ont été installées pour permettre aux supporters de mieux repérer où jeter leurs ordures. À l’avenir, il est prévu que des brigades patrouillent dans les allées du Michelin pour mieux sensibiliser le public. Quand on pense déchets, on pense bien sûr aux boissons et à leurs contenants.

Là-dessus, les buvettes du stade sont passées à l’Ecocup, il y a maintenant dix ans. D’ailleurs, la réduction des matières plastiques est un problème pris à bras-le-corps. Et cela concerne directement l’effectif professionnel. Terminé les petites bouteilles, place aux grosses fontaines à eau dans le tunnel des joueurs. L’intendant de l’équipe première remplit des gourdes. C’est aussi le cas dans les étages administratifs du club.

On n’a donc pas attendu hier pour se mobiliser. Ni même avant-hier. Mais l’audit effectué par le label de Julien Pierre a surtout mis en lumière quels leviers d’amélioration pouvait actionner l’ASM Clermont. Début juin, Fair play for planet a publié son classement de la soixantaine de structures suivies par le label. Le club de rugby auvergnat figure parmi les bons élèves. À la 5e place des clubs professionnels de première et de deuxième division, juste derrière l’Olympique Lyonnais (football), la Section Paloise (rugby), le Stade Lavallois (football) et le Stade Brestois (football).

« L’ASM affiche une politique volontariste en matière de préservation de l’environnement. Le club n’a d’ailleurs pas attendu notre audit pour agir. Il a notamment été précurseur en ce qui concerne l’entretien des pelouses en supprimant l’utilisation de produits phytosanitaires. Je pense aussi au fait que le stade Michelin utilise à 90 % des LED pour son éclairage. »

La sobriété énergétique fut en effet l’un des chantiers prioritaires pour l’ASM Clermont. Les dirigeants se sont attaqués en ciblant deux choses essentielles : l’éclairage et le chauffage de la pelouse. En restant dans la logique et l’utile et non plus dans le déraisonnable. « Concernant l’éclairage, nous en avons discuté avec la ligue professionnelle de rugby. À une époque, il fallait éclairer la pelouse à 2.200 watts à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Nous avons fait le forcing pour que cela soit revu à la baisse. Concernant le chauffage de la pelouse, nous avons largement poussé le curseur. Avant, le système se déclenchait lorsque le thermomètre affichait entre 6 et 8 degrés. Désormais, il faut attendre que l’on passe en dessous des 4 degrés. » Un effort salué par Julien Pierre.

L’insoluble problème de la desserte ferroviaire auvergnate

Reste l’épineuse problématique des transports. Ces derniers mois, les polémiques n’ont pas manqué de se multiplier dans la sphère médiatique du monde du sport professionnel. Mais hélas, tous les clubs sont confrontés au jonglage qu’il faut faire entre efficacité et conscience écologique. L’ASM Clermont n’échappe pas au dilemme. Le club auvergnat est inéluctablement dépendant de la trop faible capacité ferroviaire de la région.

Illustration l’hiver dernier. En plein blocage routier, l’équipe a cherché le moyen de se rendre à Castres en utilisant le train. Changement à Brive-la-Gaillarde, puis à Toulouse, autant dire que cela relève du parcours du combattant. Et si l’on regarde bien, à part la région parisienne (sans compter bien évidemment les éventuels retards), les autres villes du Top 14 demeurent inaccessibles par le rail. Le car reste donc la priorité.

« Nous ne prenons l’avion que si le temps de trajet dépasse les cinq heures de route. Au-delà, cela devient trop fatigant pour les organismes des joueurs. Imaginez un match à La Rochelle le dimanche, à 21 heures. Cela voudrait dire un retour à Clermont-Ferrand sur les coups des 7 heures du matin. C’est impensable », explique clairement Aurélien Perrin. « L’ASM a le même problème que de nombreux clubs que nous suivons, souligne Julien Pierre. Je pense notamment au Stade Brestois ou à la Section Paloise. Mais il est nécessaire de rappeler que l’empreinte carbone d’un club sportif professionnel se détermine à 80 % dans sa gestion des jours de match. »

Le transport en commun, l’un des rares aspects que le label Fair play for planet ne peut maîtriser…

 

Arnaud Clergue

Читайте на 123ru.net