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La réussite au permis de conduire en chute libre depuis 10 ans dans le Cantal

C’est un courrier sans colère, mais qui appelle des réponses. Un père de famille se demande comment son fils, qui a suivi la conduite accompagnée depuis l’âge de 16 ans, a pu rater l’examen pratique du permis à trois reprises. « Je ne le considère pas comme un as du volant, mais ces échecs m’interrogent », explique-t-il dans une lettre envoyée à La Montagne et à la préfecture du Cantal.

C'est facile de chercher un bouc émissaire

« Je n’ai pas eu de réponse de la préfecture et je ne sais pas si j’en aurai. Je n’accuse personne, je veux juste comprendre. Que l’examen pratique soit difficile, c’est normal, je le comprends. Mais que les examinateurs soient désagréables, ça ne l’est pas. Je me suis fait “jeter”, de manière pas très aimable, du centre d’examen situé à Tronquières », témoigne le père de famille.

Il n’est pas le seul à s’interroger. Et son fils n’est pas le premier à rater cet examen. C’est le cas de Juliette, tout juste 18 ans, recalé « à l’entrée d’un rond-point ». Pas de souci, elle ne conteste pas. Elle a suivi la conduite accompagnée dès son 16e anniversaire. « En tout, une trentaine d’heures », confirme son père, Nicolas (*). « Je devais le repasser fin mai mais, faute de place, ce sera fin juillet si tout va bien. »

 Le niveau que réclament les examinateurs est très élevé, avec parfois des demandes qui peuvent déstabiliser le candidat. On doit adapter nos formations à ce que l’examinateur demande. On ne veut pas surprotéger nos élèves, mais on ne veut pas des inspecteurs Père Noël. On veut qu’ils soient justes.

« On ne veut pas  des inspecteurs Père Noël. On veut  qu’ils soient justes »Le comportement de l’examinateur, là aussi, aurait posé problème : « Pourquoi créer une tension inutile le jour de l’examen ? Les candidats sont déjà soumis à une forte pression. L’objectif, selon moi, n’est pas de déstabiliser le candidat, mais de valider ses compétences, non ? », interroge Nicolas. Mais des témoignages existent dans l’autre sens. « Tout s’est bien passé pour moi, pas de souci le jour de l’examen », assure Rémi, un Aurillacois de 19 ans.

Ces témoignages, non exhaustifs, sont-ils le reflet d’une réalité ? Les examinateurs sont-ils les seuls responsables du taux de réussite en chute libre ? « C’est toujours facile de chercher un bouc émissaire, rétorque le patron d’une auto-école aurillacoise. Surtout quand on a été recalé. Mais c’est un ensemble d’éléments qui conduisent à cette situation. On est parfois surpris. Ensuite, celui qui passe deux, trois, quatre fois le permis avec le même inspecteur, cela devient compliqué pour lui… »

Les jeunes moins impliqués ?

Une réunion a eu lieu en préfecture pour tenter de trouver des réponses, mercredi 26 juin, avec un représentant des auto-écoles, un inspecteur et les services de la préfecture. Le courrier du père de famille aurait finalement trouvé un écho. Le contenu de cette réunion n’a toutefois pas filtré.

« La réforme du permis, qui a abaissé l’âge à 17 ans, n’est franchement pas une bonne chose. Certains nous reprochent de faire notre beurre sur l’échec des candidats parce que nous facturons de nouvelles heures de formation. Mais nous sommes déjà archi-complets, explique le patron d’une auto-école aurillacoise. Je cherche un moniteur depuis des mois, je ne trouve pas. Il n’y en a pas en France, alors imaginez pour venir travailler dans le Cantal. L’examen est de plus en plus compliqué. Aujourd’hui, nous n’avons toujours pas rattrapé le retard dû au Covid. C’est vous dire… »

En dix ans, le Cantal a dégringolé dans la hiérarchie du taux de réussite, se retrouvant en queue de peloton (lire ci-dessous). « Je pense que les jeunes ne sont plus assez impliqués dans cette formation ni totalement en capacité de la saisir. Le code est ingurgité, mais ils peinent à le mettre en pratique. »Sans réponse officielle, l’auteur du courrier a trouvé une solution pour son fils : « Il poursuivra ses études à Vichy. Il part sans le permis, mais il le repassera là-bas. Ce sera peut-être plus facile pour lui ». 

Pierre Chambaud  et Bruno-Serge Leroy(*) Prénoms d’emprunt pour préserver l’anonymat.

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