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Un duel entre le député sortant Jean-Yves Bony et Gilles Lacroix (RN) dans la deuxième circonscription du Cantal

En retrait des LR depuis la décision de son parti de se rapprocher du RN, le député sortant affrontera justement ce parti, un cas de figure rare en France, à défaut de l’être dans le département. En ballottage favorable, puisqu’il termine en tête de ce premier tour. Et, si son score est en recul par rapport au scrutin d’il y a deux ans, de 37,71 % à 34,29 % son nombre de voix augmente, de près de 2.000 bulletins, à la faveur d’une participation en nette hausse, de 17 points, à 70,88 %.

Percée du RN

Mais la percée la plus impressionnante est celle du RN : 6 % en 2017, 13,9 % en 2022 et 33,01 %, hier. À chaque scrutin, Gilles Lacroix fait plus que doubler son score. Et ce, sur tous les terrains. Il arrive en tête dans les villes de Saint-Flour ou Riom-ès-Montagnes, pour la première fois. Comme dans leurs premières couronnes, dans un Cantal des lotissements qui avait basculé en faveur de ce parti depuis plusieurs scrutins déjà. Et dans une ruralité qui confirme son vote des européennes.

À Maurines, un vote RN illustration du "ras-le-bol" de la ruralité cantalienne

La gauche en recul

Les autres candidats arrivent eux, loin derrière. En particulier celle du Nouveau Front populaire, Zoé Pébay. Si elle termine troisième, son score (13,62 %), est inférieur à celui de la Nupes il y a deux ans, alors que son camp a progressé au niveau national. Difficile de ne pas y voir l’effet contre-productif de la stratégie de son camp. Dans une circonscription ancrée à droite, LFI n’était pas forcément la composante la plus porteuse à gauche. À cela s’est ajouté l’effet désastreux d’un parachutage, inhabituel ici, et très mal perçu par les électeurs.Recul aussi pour Louis Toty, candidat gaulliste indépendant, d’un point, à 9,27 %. Un score qu’on peut expliquer par un choix de vote utile chez les électeurs de droite qui ont privilégié le député sortant.

Débâcle présidentielle

Et que dire du camp présidentiel ? Quand bien même Vladimir Tilmant-Tatischeff, membre du MoDem, avait fait un pas de côté par rapport au macronisme et en particulier sa méthode, il subit un total rejet du président. En 2017, deux candidats s’en réclamaient, et de sa méthode transpartisane qui séduisait ici. À eux deux, malgré une campagne à couteaux tirés, Patricia Rochès et Pierre Jarlier totalisaient 45 %. Cinq ans plus tard, Martine Guibert se qualifiait au second tour avec 17,46 %. Cette fois, le candidat est cinquième, avec 8,36 %…

Et demain ?

Beaucoup de changements… qui n’en appellent pas forcément un au final. Car comme seule réserve de voix, Gilles Lacroix n’a que les 220 du candidat Reconquête qui n’a pas appelé à voter pour lui. Et si aucun des autres candidats éconduits n’a non plus invité à glisser un bulletin Jean-Yves Bony dans l’urne dimanche prochain, les mots de ceux, qui nous ont répondu, trahissent un rejet fort du RN. Qui, consigne de vote ou non, devrait se retrouver chez leurs électeurs. 

Yann Bayssat

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