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Législatives : RN et Nouveau Front populaire se donnent rendez-vous au second tour

Le Rassemblement national est aux portes du pouvoir. Et caresse le rêve de transformer l’essai. Avec 33,2 % des voix, le parti d’extrême droite espère bien remporter dimanche 7 juillet la majorité absolue.« Rien n’est gagné et le second tour sera déterminant, pour éviter au pays de tomber entre les mains de la coalition Nupes, d’une extrême gauche à tendance violente », a prévenu Marine Le Pen, visant la coalition de gauche du Nouveau Front populaire (NFP), deuxième avec 28,1 % des voix et opposant principal à l’extrême droite.

Nombre record de triangulaire

Il reste une semaine au NFP pour trouver d’indispensables réserves de voix et élargir sa base. « Il faut donner une majorité absolue au Nouveau Front populaire, car il est la seule alternative », a martelé Jean-Luc Mélenchon.En raison de la forte participation, et dans l’attente d’éventuels désistements jusqu’à mardi 18 heures, 243 triangulaires étaient recensées dimanche soir. Du jamais vu. Le précédent record datait des élections législatives de 1997, avec 76 triangulaires à l’issue du premier tour. Ce record s’explique par deux facteurs. D’abord, la forte participation, passée de 47,5 % en 2022 à plus de 65,5 % hier, ce qui abaisse mécaniquement le seuil de qualification au second tour (12,5 % des voix des inscrits).Ensuite, le nombre de candidats est passé de près de 6.300 en 2022 à environ 4.000, deux ans plus tard. Une baisse qui engendre une concentration des votes sur les trois blocs principaux que sont le RN, le Nouveau Front populaire et Ensemble pour la République.

Une victoire de l’extrême droite dépendra de manière cruciale de l’incapacité des autres partis à s’accorder sur un « front républicain » au second tour.

Ce grand nombre de triangulaires rend d’autant plus cruciale la question des reports de voix et des désistements. « Si c’est un duel gauche-RN dans tout ou partie des triangulaires, l’arbitre sera l’électeur centriste. Et celui-ci a déjà reçu des consignes de “ni-ni” de la part d’Édouard Philippe et de LR. Mais il peut très bien ne pas suivre les consignes. Car il n’est pas évident aujourd’hui que l’électeur centriste ait moins peur de Jordan Bardella que de Jean-Luc Mélenchon », analyse le politologue Benjamin Morel.

Comment le front républicain va-t-il s’organiser??

Si, historiquement, les triangulaires tendent à favoriser le Rassemblement national – les voix de ses opposants s’éparpillant sur deux adversaires distincts –, une victoire de l’extrême droite dépendra de manière cruciale de l’incapacité des autres partis à s’accorder sur un « front républicain » au second tour.Conscients de l’enjeu, les leaders de la gauche ont appelé dès la proclamation des résultats leurs candidats arrivés troisièmes à se désister pour faire barrage au RN.La clé se trouve bien là. Comment le front républicain va-t-il s’organiser?? Très vite, les appels ont plu de toutes parts, mais avec plus ou moins de clarté, alors que le diable se cache toujours dans les détails.

Après la déclaration de Gabriel Attal appelant les candidats Ensemble à se désister lors de triangulaires où ils seraient en troisième position, afin d’éviter une victoire du candidat Rassemblement national, l’équipe de campagne a précisé dimanche soir que cette consigne s’appliquait aussi lorsqu’il s’agit de se désister en faveur d’un candidat La France insoumise. Toutefois, d’après Le Monde, le parti présidentiel regardera, au sein de la famille des « Insoumis », le profil dudit candidat.

« Nous retirerons notre candidature, en toutes circonstances », a assuré Jean-Luc Mélenchon

Des LFI sont manifestement ennemis des valeurs de la République », a indiqué un cadre de la campagne du camp présidentiel. Il s’agira donc de regarder si le candidat « Insoumis » est « compatible avec les valeurs républicaines sur le parlementarisme, l’universalisme, l’antisémitisme », précise-t-on à l’Élysée.L’ex-Premier ministre Édouard Philippe (Horizons) est resté campé sur ses positions, appelant les électeurs de la majorité à voter « ni pour le RN, ni pour LFI ». Une consigne, celle du ni-ni donc, qui peut mettre à mal le barrage républicain. De son côté, LR refusait de donner une consigne nationale, au nom de la liberté de l’électeur. « Nous retirerons notre candidature, où que ce soit, en toutes circonstances », a assuré de son côté Jean-Luc Mélenchon. Pas une voix, pas un siège de plus pour le RN. Notre consigne est claire, notre consigne est simple », a martelé le leader de la France insoumise.Selon Benjamin Morel, « la majorité absolue est très loin d’être une évidence pour le RN. Dans les zones rurales, la gauche est plus faible. On aura plutôt des duels majorité - RN : on peut compter sur un bon report de la gauche sur la majorité et ce sera plus dur pour le RN d’obtenir ces circonscriptions. Je ne parierai pas sur une majorité absolue du RN pour ces raisons-là ». Reste maintenant à savoir comment les candidats répondront aux appels et comment les électeurs se reporteront. « Nous sommes face à l’Histoire », résumait Raphaël Glucksmann. 

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Nicolas Faucon et Florence Chédotal

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