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Comment la procédure de classement du pavillon Prouvé, à Issoire, a mis ses héritières dans l'embarras

L’affaire a beaucoup fait parler dans les milieux de l’art et des enchères. Voir un bâtiment remarquable être placé sous instance de classement au titre des Monuments historiques, quelques heures à peine avant sa vente à l’Hôtel Drouot, voilà qui n’est pas banal. Et même choquant, selon certains experts.Ce bâtiment, c’est celui pensé et dessiné par l’architecte visionnaire Jean Prouvé, en collaboration avec Pierre Jeanneret, en 1939. De conception révolutionnaire, il était destiné aux ingénieurs de la Société centrale des alliages légers (Scal), aujourd’hui Constellium, à Issoire.

À la fin des années 1950, Claude Barbat, alors dessinateur à la Scal, a la bonne idée de le racheter et de le remonter dans son jardin, ce qui le sauve d’une destruction certaine. Témoin précieux de l’histoire de l’architecture moderne, la maison se dresse toujours sur la propriété issoirienne de Claude Barbat, dans un parfait état de conservation.

La vente suspendue au dernier moment

Il y a un an, ce dernier décède. Ses héritières décident de vendre le pavillon. La cote de Prouvé ayant flambé ces dernières années, des enchères exceptionnelles étaient attendues, le 26 mars dernier, à l’Hôtel Drouot, où le pavillon devait être proposé. "Une douzaine de personnes, de toutes nationalités, avaient montré de l’intérêt", assure Quentin Charraudeau, président de Néo Enchères, société chargée de la vente. L’annonce inattendue du ministère de la Culture, concernant le classement, a douché tous les espoirs. Néo Enchères, mis devant le fait accompli et par respect pour ses clients, a préféré annuler la vente.

Durant un an, l’administration va donc étudier la possibilité de protéger l’ouvrage à titre définitif, au titre des Monuments historiques. Le ministère de la Culture dit avoir entamé cette action compte tenu des risques que faisait peser, pour la conservation de cette architecture légère, un nouveau démontage.Pourquoi avoir attendu la veille de la vente alors que l’intérêt patrimonial du bâtiment est connu depuis des années et que des propositions de classement avaient déjà été formulées, sans succès ? Rue Saint-Honoré, on invoque l’urgence induite par la mise en vente du pavillon.

Des propriétaires en colère

Les héritières de Claude Barbat, de leur côté, ne décollèrent pas. Si la procédure de classement n’empêche pas la vente de l’ouvrage, elle la complique sérieusement. Bien que démontable, il est considéré par le ministère comme un bien immeuble, qui ne peut pas bouger.Exportation interdite"Tout immeuble est démontable même si certains le sont plus facilement que d’autres" justifie-t-il. Conséquence : il ne peut plus quitter le territoire. Ce qui ferme la porte aux collectionneurs ou aux musées étrangers.

"Il y a eu de nombreuses ventes de pavillon Prouvé par le passé, notamment la maison tropicale, et il s’agissait de biens meubles"

Olivier Choruszko

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