Avec le RN, c’est peut-être ce qui nous attend : des femmes réduites à des ventres
Jordan Bardella multiplie les opérations de séduction envers l’électorat féminin, mais, comme le rappelle la philosophe Camille Froidevaux-Metterie dans Le Monde, “Voter RN pour les femmes, c’est braquer une arme contre soi”, et dans Les Inrocks la journaliste Léa Chamboncel relève que l’extrême droite prône “la souveraineté démographique avec des politiques publiques en faveur de la natalité et de la famille au sens très traditionnel du terme”.
En 2022, Marine Le Pen avait un programme présidentiel nationo-nataliste, avec des mesures encourageant la natalité chez les femmes françaises, et si elle a voté l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution (ce qui ne l’engage pas à grand-chose, note Léa Chamboncel), 11 député·es RN s’y sont opposé·es et 20 se sont abstenu·es. Un droit désormais limité aux États-Unis et en Pologne et malmené en Italie, où Giorgia Meloni tient un discours très nataliste.
Violence nataliste
Dans cette régression générale, on ne peut que se souvenir de La Servante écarlate, dans lequel Margaret Atwood met en scène une société qui réduit les femmes à leur fonction reproductrice. Publié en 1985 au Canada, son roman décrit une Amérique totalitaire où chacune est dévolue à un rôle spécifique. Les épouses riches se consacrent à leurs maris, qui emploient des femmes – les servantes – pour la reproduction. Elles sont violées méthodiquement chaque mois par leur patron pour assurer une descendance.
Defred, la narratrice, est l’une d’elles, et le récit de sa vie soumise est glaçant. La méticuleuse description d’une population embrigadée, l’ambiance perturbante et pourtant si crédible, le choix d’Atwood de situer l’action non pas dans un pays imaginaire, mais dans une Amérique reconnaissable, tout ceci a fait de La Servante écarlate un roman culte. En 2017, il a même été adapté en série, et Defred a désormais un visage, celui de l’actrice Elisabeth Moss. Rappelons que pour écrire ce roman qui semble d’anticipation, l’écrivaine ne s’est basée que sur des situations réelles, advenues au cours de l’histoire. Celle-ci se répètera-t-elle ?
La Servante écarlate de Margaret Atwood. Traduit de l’anglais par Michelle Albaret-Maatsch (Robert Laffont Pavillons poche), 560 p., 12,50 €.