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"Les gens m'aiment bien et j'aime bien les gens" : Alain Chanone, 73 ans, une vie derrière le micro

73 ans et des centaines de bals. Une biographie longue comme le bras. En Auvergne et ailleurs, Alain Chanone est une institution. Et pour rien au monde il ne veut quitter les scènes.

La flèche rouge du panneau pointe le "Garden Palace", un cabaret situé à quelques minutes de Clermont-Ferrand. A l’intérieur, les enceintes crachent The Longest Day March de Maurice Jarre, 80 ans du Débarquement de Normandie oblige. Les spots lumineux sont en place. Le cabaret s’apprête à lancer son spectacle. Dans son costume noir, l’homme s’échauffe la voix. Il s’appelle Alain Chanone.

Un nom bien connu des Auvergnats. Avec sa légendaire chevelure, sa grosse bague à l’annulaire droit et son fort accent auvergnat, Alain Chanone, c’est "cinquante ans de ring". Comprendre ici, cinq décennies de chansons, de baloches, de public fidèle et, surtout, de bons moments. "Les gens m’aiment bien et puis j’aime bien les gens", tente-t-il de résumer. Une relation qui dure.

Années 60. Débuts à la batterie. Collection Alain Chanone

"Les gens sont nostalgiques de mon époque"

Officieusement, c’est au collège de Riom qu’Alain débute dans la chanson. Officiellement, sa "mise en orbite autour de la musique", comme il aime l’appeler, débute en 1969 en tant que batteur au sein du groupe local "Jupiter".  Sur les traces de son père, il est embauché à 18 ans chez Michelin, sur le site de Cataroux. Petit Alain est devenu grand.

Mais il comprend très vite que ce n’est pas fait pour lui. Ce qui l’anime, c’est le chant et la musique. Sa place, elle sera derrière une caisse claire ou un micro. Aux bals avec ses copains. Il enquille les orchestres et les rencontres sur la route des baloches. Quitte à adopter un rythme de vie frénétique. "Aux bals, on partait à cinq heures, et on rentrait à cinq heures", se souvient Alain. Depuis cinquante ans maintenant, la musique est son unique revenu.

"Je n’ai jamais crevé de faim !, sourit-il. Le bal, ça payait l’entrecôte. Le groupe, ça payait le sel."

Du haut de ses 73 ans, que pense-t-il de sa carrière, lui qui a écumé tant de scènes, inspiré le personnage principal du film au plus d’un million d’entrées Quand j’étais chanteur (2006), incarné par Gérard Depardieu avec Cécile de France, et fait danser les foules pendant des années ? Humble, il a la réponse toute trouvée. "Je n’ai jamais été bien ambitieux...", confesse-t-il. Celui qui souligne ironiquement avoir été "plus souvent dans La Montagne que Nicolas Sarkozy" et se vante d’être "mondialement connu à Clermont", ajoute continuer à "tourner dans la région". Et même au-delà. Quand la saison au Garden Palace, où il chante depuis huit ans, se termine, il met le cap direction le sud du pays. Pour chanter dans les grandes brasseries. Et rebelote en septembre.

Aux côtés du chanteur Christophe (à gauche) et de l’acteur Gérard Depardieu (au centre). Collection Alain Chanone

Champagne et vin rouge

Alors comment arriver à plaire encore et encore ? "Je m’adapte, j’ai un répertoire de plus de 2.000 chansons." Lassé, le public ? "Les gens sont nostalgiques de mon époque, il faut que je les fasse danser." La clé, c’est de séduire. "Roucouler. Avec Couleur menthe à l’eau d’Eddy Mitchell par exemple. Des musiques de slows langoureux", explique-t-il.

Au Garden Palace, il a trouvé une nouvelle famille. "Le patron m’a signé pour l’année prochaine", glisse-t-il. Alain est heureux. Encore faut-il que la voix suive. Là encore pas d’inquiétude. "Elle est là." Le secret ? "Du champagne et du vin rouge !" Mais surtout beaucoup de talent.

Vient la photo d’après interview. Alain pose derrière les rideaux de la scène, micro en main. Le flash orange enflamme sa chevelure. Sourire aux lèvres. Une façon de montrer qu’il est Toujours chanteur. Son livre avait vu juste.

2009. Chez lui, à Saint-André-le-Coq (Puy-de-Dôme).

Adrien Fillon

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