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Mauritanie : au moins trois morts dans des manifestations post-électorales

Le ministère mauritanien de l'Intérieur a indiqué que les forces de sécurité avaient dû faire face, dans la nuit du 1er au 2 juillet, à des manifestants à Kaedi, ville considérée comme acquise à l'opposition dans le sud du pays.

Des «actes violents de vandalisme», des «scènes de pillage» et un «climat général de peur», affirme le ministère, ont conduit les forces de l’ordre à interpeller et placer en détention un certain nombre de personnes.

Deux d’entre elles sont décédées en détention, alors qu’une troisième est morte plus tard à l’hôpital, précisent encore les autorités dans un communiqué cité par des agences de presse internationales, sans plus de détails sur l’origine des décès.

Des heurts ont aussi éclaté dans les villes de Nouadhibou, Rosso Zoueirat et Boghe, considérées également comme des bastions de l'opposition. Selon les autorités, plusieurs autres personnes auraient été blessées, et d’autres arrêtées, lors d'affrontement avec les forces de l'ordre.

L'accès à l'internet mobile a été bloqué depuis le 1er juillet, et les autorités sont à la recherche des auteurs des violences. «Le bureau du procureur ouvrira une enquête pour déterminer les circonstances de ces événements et de la mort des manifestants», a ajouté le ministère.

«Mascarade électorale»

Le scrutin du 29 juin s'est soldé par la victoire du président sortant Mohamed Ould Ghazouani, selon la commission électorale Ceni. Avec 56,12% des voix, il devance largement les six autres candidats en lice, dans un scrutin où le taux de participation s’est fixé à 55,39%.

Un résultat contesté par son principal opposant, le militant anti-esclavagiste Biram Dah Abeid, arrivé deuxième avec 22,10% des voix, qui a rapidement appelé à «des manifestations et à des rassemblements pacifiques», dans la foulée des résultats de «la Ceni de Ghazouani», qu'il accuse d'être instrumentalisée par le pouvoir.

L’instance électorale, qui comprend des représentants des partis politiques, a rejeté ces allégations concernant les irrégularités du scrutin. Trois missions internationales d'observation des élections ont également déclaré dans leurs déclarations préliminaires le 1er juillet que le scrutin s'était déroulé dans une «atmosphère pacifique et transparente».

Ce qui n’a pas l’air de convaincre Biram Dah Abeid qui a dénoncé une «mascarade électorale». «Nous ne reconnaîtrons que nos propres résultats et sur cette base, nous descendrons dans la rue pour refuser le hold-up électoral», a martelé l’opposant, appelant l'armée et les forces de l'ordre à «ne pas suivre les ordres du régime».

Éviter de «perturber la tranquillité des gens»

Certains de ses partisans avaient manifesté le 1er juillet en début de soirée dans certains quartiers de la capitale Nouakchott, brûlant notamment des pneus et des poubelles et perturbant la circulation. En fin d'après-midi, son directeur de campagne a été arrêté, selon son porte-parole.

Plus pondéré, le candidat islamiste de Tawassoul, Hamadi Ould Sidi El Mokhtar, classé troisième avec 12,76% des suffrages, avait déclaré le 29 juin «rester attentif à tout manquement», tout en appelant ses militants à éviter de «créer le désordre» et de «perturber la tranquillité des gens».

Le président Ghazouani a été accusé par ses opposants de corruption et de mauvaise gestion, mais il reste populaire parmi les Mauritaniens qui le considèrent comme l'un des grands artisans de la réussite de son pays face au djihadisme depuis 2011 dans ses anciennes fonctions de chef de l'armée.

Dans ce vaste pays d'Afrique de l'Ouest reconnu comme l'un des rares pôles de stabilité dans la région, ce scrutin a permis au président Ghazouani de consolider encore son pouvoir, un an après la large victoire de son parti El Insaf aux élections législatives, régionales et municipales, organisées en mai 2023.

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