[Que relire cet été ?] Relire pour se relier, l’édito de Nelly Kaprièlian
C’est la récente édition en poche de Relire, l’enquête qu’a menée Laure Murat en 2015, qui nous a donné l’idée de cette rubrique d’été dédiée à la relecture. Car celles et ceux qui consacrent leur année à faire des découvertes, à lire ce qui se publie actuellement, attendent souvent l’été pour relire un livre ou une œuvre, c’est-à-dire refréquenter un·e écrivain·e qui leur manque comme un·e ami·e intime.
Comme le disent les lecteur·rices interrogé·es par Laure Murat, on relit pour redécouvrir, se réfugier, réinterpréter. Nos relectures disent quelque chose de nos désirs, de nos obsessions, des motifs qui nous hantent. Quand on relit un texte, on se relie à soi – car la relecture d’une œuvre à travers le temps nous renvoie chaque fois à un soi différent, un soi qui a choisi de voir une chose à 20 ans, en percevra une autre à 40, encore autre chose à 50, et ainsi de suite. Proust en est le meilleur révélateur, mais aussi Virginia Woolf.
C’est en toute cohérence que nous avons proposé à Laure Murat, qui fit de ses relectures de La Recherche le terreau de son beau Proust, roman familial (prix Médicis essai 2023), de signer l’ouverture de cette rubrique inspirée d’elle. On ne conseillera jamais assez de lire et de relire – et pourquoi pas cet été, puisqu’il ressort en poche aussi – son Passage de l’Odéon, avec lequel on l’avait découverte. Une plongée passionnante dans la vie des libraires et éditrices Adrienne Monnier et Sylvia Beach (qui édita Ulysse de Joyce en 1922), et dans la frénésie créatrice du Paris littéraire et artistique de l’entre-deux-guerres.
Passage de l’Odéon de Laure Murat (Gallimard/“L’Imaginaire”), 496 p, 17 €. En librairie.
Relire. Enquête sur une passion littéraire de Laure Murat (Flammarion/“Champs essais”), 302 p, 9 €. En librairie.