World News in French

Aurélie Bresson (Les Sportives) : une entrepreneure au mental d'acier

Aurélie Bresson a fait beaucoup de sport dans sa vie et a fait de sa vie un sport. A vrai dire, la cheffe d'entreprise originaire de Besançon a déjà un beau palmarès à son actif : Chevalier de l'Ordre National du mérite, désignée Championne de l'égalité des genres, de la diversité et de l'inclusion par le Comité international olympique (CIO) ainsi que lauréate nationale du concours Talents des Cités 2023 (Prix France Télévisions), Aurélie Bresson consacre toute son énergie à la promotion et à la visibilité du sport féminin. Dirigeante combattive, cette dernière a décidé d'appliquer son éthique sportive à son projet entrepreneurial, Les Sportives. 

Remédier au manque de médiatisation du sport féminin en France 

En 2016, l'actuelle présidente de la Fondation Alice Milliat crée de toute pièce le magazine Les Sportives, " seule, en fonds propres, sans accompagnement et tout cela à coté de mon travail ", confie-t-elle. Experte de la communication et des médias, Aurélie Bresson a travaillé pour de grandes structures sportives comme le Tour de France ou l'UFOLEP (Union Française des OEuvres Laiques d'Education Physique). Lorsqu'elle lance son magazine, son employeur de l'époque, l'Union nationale du sport scolaire (UNSS), est le premier surpris : " on ne comprenait pas comment j'avais eu le temps de faire tout ça ! ", avoue-t-elle. Malgré l'adversité qu'elle affronte, Aurélie Bresson ne lâche pas l'affaire. " Beaucoup me disaient que j'étais trop jeune, que je n'étais pas de Paris, que le sport féminin n'intéressait personne ou encore que le papier à l'heure du numérique était une folie ", rappelle la fondatrice des Sportives. " Mais j'y croyais tellement au fond de moi que j'y suis allée à fond, même si c'était risqué. " Un tempérament hérité, selon elle, de son expérience d'ancienne gymnaste. " Je monte sur la poutre, je fais mon enchainement, je sais que je vais glisser mais que je vais remonter à chaque fois et aller au bout des choses. " 

La création du magazine Les Sportives, qui aujourd'hui constitue un groupe média et d'édition à part entière, lui aura notamment été inspirée par son long compagnonnage avec des handballeuses professionnelles, rencontrées pendant ses études en Info Comm à l'IUT de Besançon-Vesoul. " Elles n'avaient pas une vie étudiante comme les autres. J'ai découvert des femmes extraordinaires, qui font des sacrifices pour leur carrière. Mais malheureusement, on ne parlait pas d'elles. " D'autant que lorsqu'Aurélie Bresson effectuait des recherches en ligne sur les sportives, les premiers résultats des moteurs de recherche étaient systématiquement des voitures de sports... La création du magazine devait alors répondre à cette sous-représentation des sportives et du sport féminin dans la société. " Des femmes dirigeantes, des femmes arbitres, il y en a, mais on ne les voit pas assez (...) créer le magazine, c'était pour moi être un porte-voix pour toutes les femmes, déclare-t-elle. Vous avez votre tribune, votre levier, il faut que vous vous l'accapariez pour prendre la parole. " Entre temps, le magazine a grandi et s'est diversifié : podcasts, webinaires et aujourd'hui maison d'édition, Les Sportives s'est affirmé comme un véritable média en ligne, avec plus d'un million d'impressions mensuelles.  

La vie des handballeuses professionnelles comme inspiration  

Pour sa plus récente évolution, le groupe fondé par Aurélie Bresson arbore dorénavant la casquette de maison d'édition, avec des ouvrages dédiés au sport féminin et à la vie des sportives. Partant du constat que les seuls livres existants sur la question concernaient jusqu'à présent les athlètes les plus médiatisées (Laure Manaudou, Amélie Mauresmo, etc.), la Bisontine [désigne les habitantes de Besançon, ndlr] a su ouvrir une brèche en donnant la parole à des sportives moins visibles. Elle propose ainsi, début 2023, à son amie et ex-handballeuse Alice Lévêque, reconvertie en spécialiste de la micronutrition, d'écrire un premier livre. " Un rêve s'est réalisé pour elle ", confie Aurélie Bresson. Un an plus tard, c'est au tour d'une autre handballeuse française, Allison Pineau, de prendre la plume. " Ce qui paraissait fou, c'est qu'il n'y avait quasiment aucun contenu dédié aux femmes sportives dans les librairies, se remémore la dirigeante. L'objectif était donc vraiment de poursuive la diversification des contenus et des modes de narration ". Dans cette optique est née la collection des " Engagements ", qui accueille des ouvrages plus délibérément engagés et politiques, comme la question des menstruations dans le sport. 

Un projet autour du sport féminin boosté par le réseau d'accompagnement BGE... 

Pour structurer au mieux ce nouveau défi entrepreneurial, Aurélie Bresson a fait notamment appel au réseau d'accompagnement BGE Franche-Comté. " L'objectif était double, affirme-t-elle : asseoir ce projet et me confirmer, moins comme la militante reconnue que j'étais déjà que comme entrepreneure. " Se lancer, oui, mais sans répéter les mêmes erreurs : " j'avais bien un bateau, mais pas de capitaine à bord ", résume-t-elle au moment d'évoquer les débuts de son aventure entrepreneuriale. " C'était un moment compliqué pour moi. Je ne savais pas si je voulais continuer Les Sportives. C'était aussi beaucoup d'énergie. C'est pour ça que les réseaux d'entrepreneurs sont vraiment importants ", note Aurélie Bresson. En intégrant une pépinière d'entreprises sous l'impulsion de BGE, la fondatrice des Sportives a pu structurer son projet et s'assurer de sa viabilité économique. " L'entrepreneuriat c'est comme le sport. Ce sont des heures de travail dans l'ombre, des heures d'entrainement, de paperasse, de calcul, de structuration, confie-t-elle. Pour moi, les entrepreneurs sont des faiseurs, des personnes qui mettent la main dans le cambouis et qui doivent tout gérer, comme un athlète gère son corps, ses entrainements, sa nutrition, son planning, son mental. " C'est ce même réseau d'accompagnement qui l'encouragera - à raison - à participer au concours Talents des Cités en 2023. 

... Et récompensé par Talents des Cités 

" Je ne pensais pas avoir une chance de gagner, mais j'ai bien voulu participer à condition d'être accompagnée et de ne pas me sentir seule ", déclare-t-elle aujourd'hui. Le concours Talents des Cités, piloté par Bpifrance dans le cadre du programme Entrepreneuriat Quartiers 2030 (candidatures ouvertes jusqu'au 14 juillet prochain), lui ouvre alors ses portes et lui permet de faire le bilan, de mettre des mots sur son projet. " Ça a été le lancement de six mois de résurrection ", se rappelle la directrice des Sportives. " C'est le premier prix que j'ai reçu en tant qu'entrepreneure. Avoir le prix national, je m'y attendais encore moins ", reconnait-elle. Lauréate du Prix France Télévisions, la dirigeante figure alors aux côtés de six lauréats nationaux (dont Les légumes d'à côté) et tire parti, outre la campagne de visibilité attachée à cette récompense, des rencontres faites lors de ce concours. " Je me suis énormément nourrie des échanges, de la bienveillance, du fait de se sentir dans quelque chose de plus grand, confie-t-elle. Il n'y a pas beaucoup d'espace où l'on peut parler de ses problèmes d'entrepreneurs. Ça a été une expérience très riche pour moi. " Le concours a ainsi été un vecteur de croissance flagrant pour son entreprise. " Aujourd'hui je vois la différence, puisqu'on a sorti dix livres en un an, souligne Aurélie Bresson. Si BGE et Talents des Cités n'étaient pas arrivés à ce moment-là, les choses ne se seraient pas accélérées comme elles l'ont été. " 

Des défis olympiques en vue pour Les Sportives 

Cette année de Jeux Olympiques, les premiers de l'Histoire à être totalement paritaires, est évidemment primordiale à maints égards pour la fondatrice des Sportives. A titre personnel, Aurélie Bresson, qui a fait partie des experts digitaux au sein du comité de candidature de Paris 2024, a été décorée par le Comité international olympique (CIO) du prix de championne de l'égalité des genres, de la diversité et de l'inclusion. C'est seulement la deuxième personnalité française depuis 17 ans à recevoir ce prix de la plus haute instance sportive au monde, qui honore chaque années six lauréats répartis sur six continents. De plus, l'entrepreneure a également eu l'honneur de porter la Flamme olympique dans son département du Doubs. Malgré cette avalanche de récompenses, Aurélie Bresson n'est pas près de se reposer ses lauriers. " Maintenant il va falloir construire l'après ", annonce-t-elle, concédant que le plus gros du travail était surtout en amont des JO. " Pour l'instant, on est en vitesse de croisière, mais le travail reprend dès la fin des Jeux paralympiques. Il faudra repartir, ne rien lâcher et montrer que le sport féminin a toute sa place. " 

Or la porteuse de Flamme a plus d'une idée en tête pour l'avenir des Sportives. Outre la publication de nouveaux livres, à l'instar des biographies de l'ex-rugbywoman Jessy Trémoulière (meilleure joueuse de rugby à XV sur la décennie 2010-2020) et de l'arbitre Manuela Nicolosi, ou encore la réédition de Service volé d'Isabelle Demongeot (ancienne tenniswoman professionnelle qui fut l'une des premières à s'exprimer publiquement sur les violences sexistes et sexuelles dans le sport), l'entrepreneure envisage également de développer de nouveaux formats. Cela pourrait notamment passer par des émissions de télévision, en vue de faire évoluer Les Sportives et " de permettre aux sportives de laisser une trace. " Aurélie Bresson envisage également de s'exporter à l'international et notamment de se positionner sur la francophonie (au Canada ou en Nouvelle-Calédonie, par exemple où les Sportives ont déjà été sollicitées). La DG des Sportives n'est évidemment pas avare en conseils, lorsqu'il s'agit de motiver les entrepreneur(e)s de demain : " S'écouter, ne pas faire siennes les limitations des autres. Il faut écouter ses tripes, même en sachant qu'il y a une forte probabilité de se planter, défend-t-elle. J'entends beaucoup qu'il faut simplement oser, mais je dirais plutôt : osez-vous planter. N'ayez pas peur de tomber de la poutre : il faut remonter, s'entrainer et persévérer ". 

 

Talents des Cités : inscrivez-vous ! Candidatures ouvertes jusqu'au 14 juillet 2024 

 

Cet article a été publié initialement sur Big Média Aurélie Bresson (Les Sportives) : une entrepreneure au mental d'acier

Читайте на 123ru.net