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Opération place nette à Brive : les petites mains d'un trafic devant le tribunal

Leur interpellation, début avril, avait fait grand bruit à Brive. On était alors en pleine bataille contre le trafic de stupéfiants en France, et les opérations « Place nette XXL », se multipliaient dans les grandes villes. En Corrèze, le « XXL », avait été retiré de la communication préfectorale. Brive n'est pas Marseille, ni même Limoges. 

Dans ce dossier, 120 grammes de résine de cannabis avaient été saisis à Tujac et cinq dealers présumés interpellés sur un point de deal bien connu de Brive, impasse Latreille. Âgés de 19 à 22 ans, tous ont été jugés, ce jeudi 4 juillet, devant le tribunal correctionnel de la ville. « Il faut féliciter les policiers d’avoir su démanteler un réseau structuré, avec cinq prévenus qui avaient des rôles définis, du guetteur à celui qui oriente l’acheteur, jusqu’au revendeur », a décrit le procureur de la République.

Ils craignent la loi du quartier

À l’audience, les cinq mis en cause n’ont pas nié leur responsabilité. Certains ont crié « Arah » (*) à la vue d’un véhicule de la Bac. L’exploitation des téléphones dévoilera même que les numéros de plaque d’immatriculation des policiers et les modèles des voitures utilisées sont partagés au sein du réseau. D’autres ont reconnu vendre, ou tenir le point de deal. Mais quand les questions du tribunal deviennent plus précises, c’est le silence. Par « crainte des représailles », par peur « des grands ». C’est la loi du quartier qui l’emporte sur l’État de droit, et au milieu, prises en étau, les petites mains d'un trafic qui rapportent gros et qui ne coûtent rien, ou si peu, "aux grands" du quartier. 

"Une dette qui nous force à entrer dans le trafic"

« Quand on ne prévient pas qu’il y a la police, on prend une amende par les grands. Après, on se retrouve à devoir rembourser une dette, et il faut rendre des services », dit l’un. « J’ai vu des gens se faire attraper et se faire frapper », dit un autre.

« On parle d’un monde qui nous échappe, d’un monde où quand on ne crie pas “Arah” à la vue de la police, on prend une amende et on a une dette qui nous force à entrer dans le trafic. Tant que l’on ne tapera pas plus haut, on continuera à avoir des problèmes dans le quartier », dénonce Me Virginie Blanchard, pour l’un des prévenus.

Un avis partagé par ses confrères. « On nous parle d’un démantèlement de réseau, mais on n’a que les petits, pas les grands. Pour mon client, il y a zéro bénéfice, et rien dans les réquisitions. Ce genre d’opération place nette ne sert à rien. Les études le montrent. On enlève ceux qui sont en bas, mais après 96 heures de garde à vue, ils sont remplacés », abonde Me Christelle Malauzat.

Le tribunal a reconnu coupables les cinq prévenus. Des peines allant du sursis simple à six mois de prison ferme ont été prononcées. Tous ont interdiction de retourner à Tujac.

Pierre Vignaud

(*) Mot lancé à la volée servant d'alerte.

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