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Nicolas Bonnet et Laurence Vichnievsky, duel à distance au marché de Chamalières

Nicolas Bonnet et Laurence Vichnievsky, duel à distance au marché de Chamalières

Deux candidats, deux profils opposés. Mais la même fatigue d’une campagne menée dans l’urgence. Sur le marché de Chamalières, jeudi matin.

Ils sont à quinze mètres l’un de l’autre. Chacun son entrée du marché. Mais pas un regard n’est échangé. Signe d’une tension grandissante entre les deux candidats arrivés en tête au premier tour. Pour schématiser, un côté en a assez d’être appelé au désistement pour contrer le RN, l’autre en a assez d’être assimiler à Jean-Luc Mélenchon, LFI, et le terrorisme palestinien.

La dissolution nous a sidérés

Tous deux ont en commun de participer à la campagne la plus courte de la Ve République. Un branle-bas de combat. "Dimanche soir, on a travaillé jusqu’à 4 heures du matin. Et j’étais debout à 6 heures pour une interview à France Bleu", se remémore Nicolas Bonnet (NFP/EELV). 

Nous avons été un peu sidérés en apprenant la dissolution, raconte Laurence Vichnievsky, pourtant macroniste. Un référendum sur la proportionnelle aurait été plus adapté. 

Laurence Vichnievsky en terrain "conquis mais pas acquis"Les équipes se sont rapidement mobilisées. Des gens du parti comme des bénévoles, signe de l’intérêt porté à ce scrutin. "Sur le fil Télégram, nous sommes 250. Parfois, je rentre le soir, je vois 150 notifications parce qu’un débat a été lancé. Pfff… Je me dis je lirai demain”, sourit le candidat de gauche.

L'épouvantail Mélenchon

Pour l’heure, Nicolas Bonnet est sur le marché. Chemise cintrée, il a quitté le QG d’où il gère la campagne. Beaucoup de logistique, comme tous les candidats. Très chronophage. Et stressant. Surtout quand le livreur des bulletins et profession de foi est en retard à la Grande halle avec un ultimatum à midi. Oui, c’est aussi ça une campagne. Pas seulement ce terrain, où, ce jeudi, Nicolas Bonnet est plutôt bien accueilli. Surprenant à Chamalières, terre de droite. "On a déjà gagné", lance même Alice, 94 ans, heureuse de voir la gauche revenir au premier plan. Nicolas Bonnet serre la main à deux tracteurs du camp adverse. Ils terminent un débat entamé sur un autre marché, un autre jour. L’un d’eux est ancien socialiste. "Tant qu’il y a Mélenchon, vous avez perdu. Vous vous êtes inféodés." Regard un peu dépité de Nicolas Bonnet. On sent l’argument déjà entendu. 

Nicolas Bonnet reçoit un accueil bienveillant à Chamalières.

Vous n’aimez pas Jean-Luc Mélenchon, ça tombe bien, il ne sera pas député et il ne sera pas Premier ministre, répond-il, pressé de sortir l’épouvantail de l’équation.

Un manque de terrain pour la candidate Modem

Un épouvantail que brandit aisément son opposante. "Je leur en veux de s’être soumis à Jean-Luc Mélenchon. C’est lui qui décide de tout." C’est d’ailleurs le discours que Laurence Vichnievsky entend le plus souvent. "Les gens ne veulent pas des extrêmes. D’un côté ou de l’autre."Si Nicolas Bonnet se fait souvent attaquer, comme tous les candidats de gauche, sur l’accord passé avec LFI, Laurence Vichnievsky, elle, entend certains reproches avec redondance également.- "Vous passerez un message à madame Vichnievsky.-C’est moi.-Ah, bien. J’habite Beaumont et je ne vous ai jamais vue."Un peu véhément, ce passant restera de longues minutes à échanger avec la candidate. Son manque de terrain ? "Allez demander aux maires, même de l’opposition. Ils vous diront le travail accompli. Député, c’est un mandat national. J’agis d’abord à l’assemblée. Mais je promets que si je suis réélu, je tweeterai dès que j’éternue."

Parachutée ou enracinée ?

Autre argument brandit régulièrement par l’opposition : la méconnaissance du territoire. Comme si Laurence Vichnievsky avait été parachutée ici. Là, la candidate trépigne un peu dans ses baskets à virgule. 

C’est vrai que j’ai fait mes études et que j’ai travaillé à Paris. Mais mes parents, mes grands-parents, mes arrière-grands-parents sont enterrés à Champeix. Je suis d’ici. Ce sont mes racines. 

Évidemment, beaucoup reproche à la candidate Ensemble/MoDem de ne pas s’être désistée, mais elle rappelle que "j’ai fini deuxième. L’opposant de la gauche, c’est moi, ce n’est pas le RN. Une élection, c’est choisir son candidat". Sur les réseaux, Laurence Vichnievsky subit un réel harcèlement sur le sujet. "Ça me laisse d’une indifférence glaciale."

Le grand-écart des candidats

La troisième circonscription est la plus indécise du département. Les presque 14 % d’électeurs LR devront choisir entre ce que ce scrutin a désigné comme trois épouvantails : LFI, Emmanuel Macron et le RN.Côté terrain, deux candidats qui représentent les deux facettes du mandat de député. Un mandat grand écart, à la fois national et ultra-local. Entre l’élu du conseil municipal de Clermont, et l’ancienne magistrate grande technicienne des textes. 

Comme beaucoup de candidats RN, Nadine Pers est discrète. Mais aussi déçue de na pas être sur le terrain. Pour certains, il s’agit d’une stratégie. Comme ces professions de foi où n’apparaissaient pas les visages des candidats. Celui de Jordan Bardella suffit. Nadine Pers, elle, est victime de soucis de santé. Elle a d’ailleurs été remplacée par Alexandre Lassalas, son suppléant, lors du débat d’entre deux tours sur France 3. Après les résultats du premier tour, elle avait réagi dans nos colonnes : "C’est la première fois que je me présente, en toute humilité et oui je suis là, je serai là ! Cela fait plus de vingt ans que je suis au RN. Je me suis présentée à cause du ras-le-bol, de l’insécurité… J’ai confiance."

Simon Antony

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