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Entre blues, rancœurs et soutien inconditionnel : les sentiments mêlés de la macronie

Certains sont en colère ou simplement dépités. D’autres soutiennent le Président coûte que coûte. Nous avons sondé l’état d’esprit de candidats macronistes, dont certains ont décidé de se retirer, à deux jours du second tour.

Député sortant de la troisième circonscription du Cher, contraint à un duel avec le RN au second tour, Loïc Kervran a encore du mal à digérer. Pour lui, la dissolution annoncée par Emmanuel Macron le 9 juin à l’issue des élections européennes, "est mauvaise pour notre pays. Il y a d’abord un souci de calendrier alors que les JO arrivent. Nous n’avons pas eu le temps de campagne nécessaire. Dans une circonscription où il y a 160 communes, j’ai fait le maximum. Mais c’est trop de précipitation pour l’échéance capitale qu’est cette élection."

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"J'éprouve une telle sidération"

Philippe Vigier, député Démocrate (MoDem et indépendants) sortant de la quatrième circonscription d’Eure-et-Loir et ancien ministre délégué chargé des Outre-mer, confie avoir appris la dissolution "à la télévision".

"C’est une faute, surtout à quelques semaines des Jeux olympiques de Paris, qui est un moment de cohésion, d’apaisement et de fierté."

"J’éprouve une telle sidération devant la situation que nous vivons. Il s’agit d’une dissolution de convenance. Deux motions de censure ont été déposées, quelques semaines auparavant, par LFI et le RN, rejetées par l’Assemblée nationale. Le gouvernement n’a pas été renversé », rappelle Philippe Vigier.

"Des gens qui n'avaient pas à être là"

Certains ont été contraints de jeter l’éponge avant même le second tour, comme Patrick Vignal, dans l’Hérault. Un départ au goût d’inachevé : "J’ai dit par SMS au président de la République qu’il m’était impossible de me maintenir, il l’a compris. Je ne veux pas voir le RN majoritaire. En 2017, il y avait dans nos rangs des gens qui n’avaient pas à être là, trop pleins d’eux-mêmes. En 2022, amputée de 107 députés, la majorité était plus resserrée, plus concernée, plus humble. On a fait du boulot."

On aurait pu faire plus. On s’est heurté à l’hostilité du RN, de LR, de LFI, d’une vingtaine d’entre eux à vrai dire. Et la culture du consensus n’est pas dans l’ADN de la macronie…

Et puis il y a ceux qui continuent de soutenir le Président, coûte que coûte, comme François Cormier-Bouligeon, député sortant de la première circonscription du Cher et ancien chef de cabinet d’Emmanuel Macron à Bercy. "J’ai des liens de respect et d’amitié avec lui, cela peut expliquer ma réaction, prévient-il. Faire en sorte que le bazar et l’hystérie s’arrêtent en plaçant les responsables politiques face à leurs responsabilités devant les Français, cela ne m’a pas choqué. Je ressens bien, sur le terrain, que l’image du Président est dégradée, que la dissolution n’a pas aidé parce qu’elle est incomprise, au moins dans sa temporalité. Mais ce dont il est question dans cette élection, c’est de rééquilibrer les pouvoirs."

La dernière leçon des années Macron

" J’espère que la leçon de l’extrême droite si près du pouvoir aura été retenue, qu’une coalition émergera dans l’attente d’un retour au clivage gauche/droite qui a la vertu de dissoudre les extrêmes. Et si c’était la dernière leçon des années Macron ? », s’interroge Patrick Vignal.

Julie Guillaud, Geoffroy Jeay, Tanguy Ollivier et Jérôme Pilleyre

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