Incendies en forêt et dans les espaces naturels, les soldats de feu de l'Allier sur le pied de guerre

Alerte incendie en forêt de Tronçais. En ce début juillet, des pompiers du Service départemental d’incendie et de secours ont effectué un exercice grandeur nature au Rond de la cave. Une répétition générale de ce qui pourrait les attendre cet été dans l’Allier… et ailleurs.

Un an après la forêt des Vesvres à Yzeure, c’est en forêt de Tronçais à Isle-et-Bardais, sous une pluie fine, que les pompiers de l’Allier ont déployé ce 4 juillet leur force de frappe lors du lancement officiel de la saison des feux de forêts de d’espaces naturels.

 Chaque année, à la même époque, le Service départemental d’incendie et de secours (Sdis 03) présente son dispositif de lutte pour éviter que ne partent en fumée des hectares de bois, de broussailles ou de prairies comme en octobre sur la commune de Meaulne-Vitray.

Sirènes hurlantes

"Nous arrivons à une période de l’année où nous sommes susceptibles de rencontrer des feux de forêt dans l’Allier mais aussi à l’extérieur", explique le colonel Philippe Sansa, directeur du Sdis 03 alors que six engins font leur apparition, sirènes hurlantes, au Rond de la cave où un incendie (fictif) vient de se déclarer. 

L’objectif de la démonstration, c’est de nous tester sur un feu qui prend de l’extension mais aussi de travailler nos procédures de mise en sécurité

Sous les yeux de la préfète Pascale Trimbach, les soldats du feu s’activent selon un scénario parfaitement huilé. "En ce 15 août, le risque d’incendie a été estimé très sévère d’après les données transmises par Météofrance avec qui nous travaillons en étroite collaboration", commente au micro l’un des pompiers présents sur place.

Pour mieux les guider, un drone a décollé quelques minutes avant l’arrivée des camions rouges. Capable de détecter un départ de feu, l’engin - si les conditions météorologiques l’autorisent - permet aux secours de gagner de précieuses minutes en délivrant des images d’excellente qualité.

Des drones en soutien

 Un dispositif qui devrait prendre de l’ampleur. "D’ici deux ans, affirment les responsables du Sdis 03, l’objectif est de pouvoir disposer d’un drone à environ trente minutes de chaque point du département lorsque le besoin se fera sentir."Car la rapidité est un élément clé dans le processus d’extinction d’un incendie.

"Très vite, il faut identifier si le rapport de force entre le feu qui progresse et notre capacité à le maîtriser est en notre faveur", analyse le colonel Philippe Sansa. Dans un tel cas de figure, les pompiers n’hésitent pas à mettre le paquet.

"La doctrine nationale de lutte contre les feux de forêt nous incite à engager des moyens massifs dans des délais très restreints de façon à fixer l’incendie avant qu’il ait détruit plus d’un hectare", indique-t-on du côté du Sdis.

Des mesures d'auto-protection

Une course contre-la-montre qu’il convient de remporter sous peine de se laisser déborder, détaille le colonel Philippe Sansa.

À partir du moment où le rapport de force n’est plus en notre faveur, il faut se replier. Et là, nous avons deux options. Soit nous sommes en capacité de sortir avec nos véhicules et de nous mettre à l’abri. Soit nous sommes dans l’incapacité de le faire parce que le feu s’est propagé rapidement

Prisonniers des flammes, les soldats du feu effectuent alors une manœuvre d’auto-protection. Ils rejoignent leurs véhicules puis, de l’intérieur, déclenchent un système d’arrosage destiné à protéger les hommes et le matériel roulant contre le rayonnement thermique. À l’intérieur des cabines, les pompiers disposent également d’un système d’aération leur permettant de se protéger des fumées dégagées par l’incendie.

Une formation spécifique

Enfin, les pompiers coincés utilisent le "deux tons" dont la portée sonore doit permettre aux secours de localiser le détachement en danger. Un mauvais moment à passer. "Il faut savoir que le passage du feu ne dure que quelques minutes. Une fois le danger écarté, les équipages peuvent quitter les engins et reprendre leur mission", précise-t-on au sein du Service départemental d’incendie et de secours.

Les 750 sapeurs-pompiers de l’Allier spécifiquement formés à la lutte contre les feux de forêt seront-ils confrontés cet été à ce type de scénario alors que la météo de ces dernières semaines pourrait laisser espérer une accalmie sur le front des incendies ?

À l’heure actuelle, le risque n’est pas présent au regard des pluies qui sont tombées ces derniers mois. Pour autant, on sait que la saison estivale, même si elle est décalée dans le temps, peut largement se prolonger jusqu’au mois d’octobre. Mais on se prépare. Nous avons quelques semaines de répit et nous savons que les choses peuvent changer très vite et que l’on peut se retrouver avec un niveau de sécheresse important au mois d’août

Pascale Trimbach, préfète de l'Allier, est venue saluer l'engagement des pompiers

Venue donc assister à la démonstration, Pascale Trimbach, préfète de l’Allier, a d’abord remercié les soldats du feu pour leur engagement avant de rappeler que "la problématique des feux de forêt devient de plus en plus prégnante compte tenu du dérèglement climatique".

Et la représentante de l’État de se féliciter "des investissements conséquents qui ont été faits dans le cadre du pacte capacitaire" afin de donner des moyens supplémentaires aux pompiers et renforcer leur sécurité lors des interventions.

Appelés en renfort

"Nous avons des personnels de plus en plus aguerris. Nous avons aussi fait l’acquisition de véhicules de dernière génération. Enfin, nous avons également fait un effort sur la tenue de nos pompiers pour mieux les protéger", confirme le colonel Sansa.

Des moyens supplémentaires qui doivent permettre aux soldats du feu de combattre les incendies qui ne manqueront pas de se déclarer dans les semaines qui viennent. Sur le territoire de l’Allier mais aussi dans d’autres départements. 

"L’état-major qui est basé à Lyon peut nous solliciter à tout moment pour aider des collègues du sud-est ou du sud-ouest. Dans ce cas-là, nous disposons d’un laps de temps, généralement très court, pour répondre à la demande et engager nos équipes. Mais tout est planifié. Si le 15 août, il y a un besoin de renfort dans tel ou tel département, on sait d’ores et déjà qui partira", assure le responsable du Sdis.

En juillet 2022, le colonel Sansa et une dizaine de pompiers de l’Allier avaient pris la direction de la Gironde, alors frappée par des feux de forêt.

Un incendie se déclare dans les cuisines d'un restaurant de Montluçon

Martial Delecluse