Amende, prison ferme et interdiction d'aller au Square : une petite main du trafic de stupéfiants aurillacois condamnée
Bonne pioche pour les douaniers. Le 19 janvier dernier, sur une plate-forme de logistique sanfloraine, ils trouvent un colis suspect et l’ouvrent. Bingo ! Il contient 1,5 kg d’herbe de cannabis. Ils décident d’aller le livrer en personne à l’adresse indiquée, rue du Monastère, à Aurillac.
C’est celle du prévenu, et c’est son numéro de téléphone qui est lié au colis. Le nom, par contre, est celui d’un homme sous curatelle, connu pour être un gros consommateur d’herbe. Piégé, l’homme reconnaît vite avoir reçu deux colis de drogue, chez lui, en six mois. Les enquêteurs trouvent, en tout, huit envois, tous à son domicile en provenance des États-Unis.
Inconnu de la justice, consommateur quotidien de cannabis, il gravite dans le milieu interlope des stupéfiants aurillacois, souvent en orbite autour du Square. C’est là qu’il dit avoir été recruté : contre la réception de ces colis, il gagne 10 grammes d’herbe, soit les deux tiers de sa consommation mensuelle, qu’il évalue à 150 €.
Gros consommateurAu RSA, il élève seul son fils adolescent. « Je faisais les courses avec lui, puis je dépensais l’argent qu’il restait en cannabis, explique-t-il au tribunal correctionnel d’Aurillac. C’était mon seul plaisir. »
Il a été reconvoqué ce mercredi 3 juillet, six mois après la garde à vue. L’enquête a avancé, un gros coup de filet a eu lieu autour du Square, et il s’agit là d’une branche d’un dossier plus touffu. Un homme, suspecté d’être le commanditaire, est décédé depuis, peut-être d’une overdose.
Refusant de comparaître sous la forme du plaider-coupable, le prévenu a été incarcéré deux jours, dans l’attente de l’audience. Une incarcération que le parquet souhaite allonger, requérant trois ans de prison, dont un an ferme avec un maintien en détention.
Paolo Giambiasi regrette que le prévenu évolue, change de version : « Autre chose aurait pu être envisagé s’il avait été plus allant dans le cadre du dossier, estime le procureur. Il est certain que, sans un quantum significatif de prison ferme, sans un cadre strict, vous le mettrez en position de récidiver ».
« Il contribue à dégrader la perception du Square, la perception de l’insécurité qu’ont les Aurillacois, et l’insécurité réelle », enfonce Paolo Giambiasi. En défense, Me Audrey Kock note qu’il n’est pas connu de la juridiction, qu’il a un rôle marginal.
Elle a été partiellement entendue : l’homme a écopé de deux ans de prison, dont dix-mois avec sursis probatoire. Il exécutera les six mois de prison ferme avec un bracelet électronique, doit trouver un travail et ne doit plus réapparaître au Square. Il doit aussi régler une amende douanière égale à la valeur de la marchandise saisie, soit 15.850 €
Pierre Chambaud