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UE-Chine : Bruxelles impose des surtaxes jusqu’à 38 % sur les véhicules électriques chinois

Lemoci 

La Commission européenne a annoncé la mise en place, dès le 5 juillet et à titre provisoire, de droits de douanes supplémentaires allant jusqu’à 38 % sur les importations de véhicules à batterie chinois en raison de « subventions déloyales ». Une décision qui a provoqué l’ire de Pékin. Mais aussi de certains constructeurs européens.   Les […]

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La Commission européenne a annoncé la mise en place, dès le 5 juillet et à titre provisoire, de droits de douanes supplémentaires allant jusqu’à 38 % sur les importations de véhicules à batterie chinois en raison de « subventions déloyales ». Une décision qui a provoqué l’ire de Pékin. Mais aussi de certains constructeurs européens.  

Les discussions se poursuivent mais le ton est nettement monté d’un cran. Dans le cadre de l’enquête antisubventions qu’elle mène depuis neuf mois sur les véhicules made in China, l’Union européenne a décidé, jeudi 4 juillet, d’augmenter les droits de douane sur leurs importations. Accusés de bénéficier grassement d’aides du gouvernement et donc de concurrence déloyale, ils se voient frappés de taxes supplémentaires pendant quatre mois à compter du 5 juillet tandis que « les efforts visant à trouver une solution compatible avec les règles de l’OMC […] se poursuivent au niveau technique », précise un communiqué de la Commission.

Dans le détail, les droits individuels applicables aux trois producteurs chinois retenus dans l’échantillon étudié par l’enquête de Bruxelles sont désormais de 17,4 % pour les véhicules de la marque BYD, 19,9 % pour Geely et 37,6 % pour SAIC (qui ne produit pas encore pour le marché européen). Les autres constructeurs sont soumis à un droit moyen pondéré de 20,8 % s’ils ont coopéré à l’enquête et de 37,6 % dans le cas contraire. Ces surtaxes provisoires ont par ailleurs été légèrement revues à la baisse par rapport aux taux notifiés le 12 juin dernier.

Colère de Pékin

La réaction de la Chine ne s’est pas fait attendre. Le Global Times, titre de presse officiel traitant de l’actualité internationale en mandarin et en anglais, a en effet publié dans la foulée les extraits d’un communiqué de la Chambre de commerce de la Chine auprès de l’UE (CCCEU) qui, « déçue et mécontente », fustige « cette démarche protectionniste politique ». « La décision de la Commission européenne […] n’est pas basée sur les besoins de son industrie automobile et ne fera pas grand-chose pour protéger l’industrie de l’UE », selon des « experts chinois » cités par le quotidien.

Cet article courroucé rapporte également les déclarations du patron de BMW Oliver Zipse pour qui cette hausse des droits de douane « conduit à une impasse » et « ne renforce pas la compétitivité des constructeurs européens ». « Au contraire, elle nuit non seulement au modèle commercial des entreprises actives au niveau mondial, mais limite également la fourniture de voitures électriques aux clients européens et peut donc même ralentir la décarbonisation dans le secteur des transports », plaide le dirigeant.

Inquiétude des constructeurs européens

Ce point de vue à contre-courant tient à l’importance du marché chinois pour le constructeur allemand. Il représente en effet, toutes motorisations confondues, un tiers de ses ventes dans le monde et des mesures de rétorsions chinoises auraient donc de lourdes conséquences sur son activité dans l’Ex-empire du Milieu. La position du groupe BMW n’est pas isolée. L’association de l’industrie automobile allemande (VDA) a publié le 4 juillet un appel véhément à sortir de ce système de droits de douanes compensatoires et à mettre l’accent « sur la localisation industrielle européenne ».

En attendant, les constructeurs européens investissent massivement sur le marché chinois. Volkswagen (partenaire de SAIC) a annoncé en avril son intention d’y débourser pas moins de 2,5 milliards d’euros pour augmenter sa capacité de R&D et financer la conception, en partenariat avec XPeng, de deux modèles à destination des consommateurs chinois. Fin mai, l’agence Bloomberg dévoilait le projet d’association de Renault avec « un partenaire chinois » pour accélérer le développement de sa Twingo électrique.

En outre, le groupe de la marque au losange (via Dacia) mais aussi BMW produisent en Chine des pièces de véhicules électriques exportées en Europe et donc concernées par ces nouveaux droits de douane. Ils « devront s’acquitter d’un droit d’importation supplémentaire de 21 %, tandis que BYD, leader du marché chinois des véhicules électriques, ne se verra imposer qu’un droit de 17,4 %, car il a été en mesure de prouver, au cours de l’enquête de la Commission européenne, qu’il recevait un niveau de subvention moins élevé que prévu », explique un article d’Euractiv.

Ambitions chinoises en Europe

Pro-Pékin et opposée aux surtaxes européennes, la Hongrie pourrait également pâtir de contre-sanctions chinoises. Accueillant déjà un site de production de bus électriques BYD, elle a annoncé en décembre dernier l’ouverture prochaine d’une usine de voitures électriques, la première du géant chinois des véhicules à batterie sur le continent européen. Pour ajouter une touche de complication, BYD, qui ne produits plus que des véhicules électriques depuis l’an dernier, est un acteur incontournable de la production de batteries et fournit des constructeurs européens comme Audi, BMW et Mercedes, mais aussi américains (Ford, Tesla) et japonais (Toyota).

Bref, les relations entre l’UE, la Chine, mais aussi les constructeurs européens risquent d’être tendues dans les quatre mois à venir. D’autant que l’enquête de la Commission et cette mise en place de surtaxes, certes à titre provisoire, intervient alors que la Chine ambitionne d’inonder rapidement le marché européen de ses voitures électriques d’autant que leur production est actuellement en surcapacité.

Pour ce faire, les groupes chinois multiplient les projets de sites de production dans les pays de l’UE et en Turquie voisine. Pour l’heure, outre la Hongrie, seul l’Espagne accueille une usine sur son sol (Geely), mais les négociations se multiplient sur le continent. Selon le site Automobile propre, une dizaine de projets seraient dans les tuyaux et l’Italie, la Suède, la Belgique, la Slovaquie, les Pays-Bas ou encore l’Autriche seraient sur les rangs.

En attendant, selon les données de l’analyste Jato, la part de marché des voitures électriques chinoises en Europe était de 15,7 % en 2023, en progression de plus de 28 % par rapport à 2022.

Sophie Creusillet  

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