Crise en Haïti : un déploiement de la police kényane «crucial», selon le Premier ministre
Le Premier ministre haïtien Garry Conille a affirmé le 3 juillet au Conseil de sécurité des Nations unies que la police kenyane récemment déployée serait «cruciale pour aider à contrôler les gangs à travers le pays et à avancer vers des élections démocratiques». Les retours observés de leurs premiers jours dans la capitale seraient «extrêmement positifs», selon ses déclarations rapportées par l’agence AP.
La police kényane, composée d'unités spécialisées, est chargée de la mission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti, à laquelle se joindront également des forces en provenance d’autres pays.
«Le gouvernement se concentrera sur la lutte contre la violence des gangs et l'insécurité alimentaire, en garantissant des élections libres grâce à des réformes constitutionnelles et politiques, et ce, en rétablissant la confiance entre la population et la police», a souligné le responsable haïtien.
Appel à l'aide internationale
Le 25 juin, un contingent de 400 policiers kényans est arrivé à Port-au-Prince. Il s’agit du premier groupe de la force internationale de 1 000 personnes promise par le Kenya.
Cette force est composée de 3 000 agents, en plus de la police kényane qui sera ensuite renforcée par des agents des Bahamas, du Bangladesh, de la Barbade, du Bénin, du Tchad et de la Jamaïque.
Au cours des trois dernières décennies, la nation caribéenne a connu trois grandes missions de maintien de la paix, sans succès. Quelque 35 000 soldats ont été ainsi déployés en 1994, 25 000 militaires des pays des Caraïbes ayant été envoyés dans le cadre d'une opération mandatée par les Nations unies. Dix ans plus tard, 9 000 soldats sont intervenus, sous la direction du Brésil. Cette année, la force opérationnelle mandatée par l'ONU comptera 3 000 officiers au maximum, y compris les civils déployés sur place en appui logistique, d’après les informations recueillies par BBC News.
Depuis 2021, Haïti est plongé dans le chaos
Haïti avait demandé la création d'une force internationale pour lutter contre les gangs en 2022. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait appelé, des mois durant, à ce qu'un pays dirige cette force. Le Kenya s'est finalement porté volontaire.
Depuis l’assassinat du président Jouvenel Moïse le 7 juillet 2021, Haïti est en proie à la violence des gangs qui contrôleraient approximativement jusqu’à 80% de la capitale. La situation s'est aggravée ces derniers mois, la population étant victime d’enlèvements, de meurtres, de vols à main armée et d'autres crimes violents. Près de 600 000 Haïtiens ont été contraints de quitter leur domicile, d’autres ont trouvé refuge dans des écoles et des postes de police, selon les données officielles.
L'élection présidentielle aura-t-elle lieu en février 2026 ?
Avec l'aide de la police internationale, l'actuel Premier ministre, ancien spécialiste du développement de l’ONU, a pour mission de stabiliser le pays en vue des élections démocratiques de février 2026.
«Plus que jamais, Haïti doit mobiliser toutes les ressources nécessaires et disponibles pour faire de cette transition la dernière, une transition qui pourrait mettre [Haïti] sur la voie de la paix, de la sécurité et du développement durable», a déclaré Garry Conille durant le Conseil de sécurité du 3 juillet.
Le responsable haïtien, cité par Associated Press, a également noté que son pays avait l'intention de «redéfinir ses approches» pour construire des «institutions solides et efficaces», avant le départ de la force internationale du pays.
En avril dernier, les responsables politiques haïtiens ont décidé de former un conseil de transition présidentiel de 22 mois, chargé de restaurer l'ordre dans le pays. Cette nouvelle instance est formée de neuf personnes et présidée actuellement par Edgard Leblanc Fils, lequel a promis de «rechercher le consensus afin que l'organe puisse sortir le pays de sa profonde crise sécuritaire», selon des déclarations rapportées par TV5 Monde.
Cependant ce comité ne pourra accomplir son travail et conduire le pays vers un scrutin présidentiel qu’après une reprise du contrôle des territoires dominés par les gangs criminels. Haïti n'a pas connu d'élections depuis 2016.