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Législatives 2024 : billet d’humeur entre deux tours

Normalement, je rédige des articles sérieux et pondérés. Mais cette fois, ce n’est pas possible : la démagogie coule à flots. J’ai l’habitude, mais trop, c’est trop ! Et ça me rappelle de très mauvais souvenirs…

 

D’abord deux mots sur les résultats du premier tour

Une curiosité statistique

L’augmentation de la participation n’a pratiquement pas changé les chiffres et pourcentages des élections européennes du 9 juin, exceptée la remontée du camp présidentiel à son noyau dur habituel, autour de 20 à 22 %.

Autrement dit, tous les camps se sont sentis motivés à aller voter ! C’est une illustration de plus de l’hostilité réciproque, qui n’augure rien de bon.

 

Le cas particulier de Paris

Contrairement au reste de la France, à l’exception de la Bretagne/Pays de la Loire, le Rassemblement National (RN) n’est pas en tête des suffrages dans la capitale, ni qualifié pour le second tour.

Dans le nord et l’est de Paris, l’alliance du Nouveau Front Populaire (NFP) a neuf élus dès le premier tour dans les 18 circonscriptions parisiennes, ainsi que dans les bastions « rouges » de la banlieue (par exemple cinq élus LFI et un PCF en Seine Saint Denis : vote communautaire ? Attendons les analyses).

Dans l’ouest, même s’ils n’ont que deux élus au premier tour, la droite et le centre sont en tête et devraient passer au second tour.

Je passe maintenant à ce qui m’a choqué le plus.

 

Ignorance ou démagogie ?

Est-il sérieux de dire : « Votez pour moi, j’augmenterai le SMIC, et votre niveau de vie montera ».

Non, votre niveau de vie ne s’améliorera que s’il y a davantage de biens et de services à votre disposition, et ce n’est pas changer le bas de votre feuille de paye qui va faire apparaître par magie ces biens et ces services !

Tout au plus risquez-vous de faire couler votre employeur et de perdre votre emploi.

Est-il sérieux de dire : « Votez pour moi et vous travaillerez moins longtemps en partant à 62 ans, ou 60 au lieu de 64, ou pourquoi pas encore plus tôt ? ».

En travaillant moins, vous produirez moins et votre niveau de vie baissera encore, il n’y aura plus personne pour soigner vos parents… et vous devrez vous y mettre vous-même, au lieu de faire les belles croisières pour retraités dont vous rêvez !

Est-il sérieux de dire : « Votez pour moi, et il y aura moins d’immigrés », alors qu’en même temps, on diminue le nombre de Français au travail ?

Tout ça me rappelle de très mauvais souvenirs, en voici quelques-uns.

 

1956 : l’ignorance et la démagogie au pouvoir

La première élection dont j’ai vu de près la campagne et les résultats est celle de 1956. Elle mit au pouvoir Guy Mollet, patron du parti socialiste. Ce fut une catastrophe.

Malgré l’augmentation des impôts, il fallut appeler de Gaulle deux ans plus tard pour redresser les finances, ce qu’il fit avec brio… mais tout le monde lui a reproché la relative austérité nécessaire, et il y perdit une partie de sa popularité.

Mais il n’y a pas eu que l’économie : la France était embourbée dans l’affaire algérienne.

Comme le reste de la gauche, Guy Mollet pensait dans un premier temps qu’il fallait négocier avec le Front de Libération Nationale (FLN), mais, débarquant à Alger, il reçut des tomates lancées par les pieds-noirs, et changea d’avis.

Il rappela des centaines de milliers de jeunes qui avaient déjà fait leur service militaire. Il y eut 65 000 blessés, et 25 000 tués, souvent achevés dans des conditions horribles. Ce qui déclencha des représailles et des massacres de musulmans.

Tout ça finalement pour quoi ? De Gaulle donna l’égalité des droits aux musulmans qui votèrent pour l’indépendance. Même d’anciens partisans de l’Algérie française pensent aujourd’hui que c’était la bonne solution !

L’affaire du canal de Suez illustra également l’ignorance de Guy Mollet.

En Égypte, le président Nasser voulut se donner la gloire de dénoncer la concession du Canal de Suez appartenant à des financiers français et anglais. Cette concession devait se terminer quelques années plus tard et il versa un dédommagement qui est à l’origine du groupe Suez actuel.

L’élite égyptienne grossie d’une communauté française, grecque et libanaise, était francophone, le français était la deuxième langue de fait de l’Égypte.

Guy Mollet envoya néanmoins l’armée française aux côtés de l’armée anglaise, honnie par les Égyptiens, et de l’armée israélienne, qui l’était tout autant.

Un accord russo-américain l’obligea à évacuer, poussant à l’exil les communautés francophones brusquement honnies, leurs entreprises et leurs écoles.

Pourquoi évoquer maintenant l’élection de Guy Mollet il y a  plus de 60 ans ? Pour illustrer les dégâts que déclenche l’ignorance au pouvoir, qui est ce qui nous menace aujourd’hui.

Les optimistes peuvent remarquer que tant de bêtises en si peu de temps ont décrédibilisé la gauche, et mis le centre au pouvoir pour 23 ans !

Mais en 1981 les souvenirs du 1958 étaient devenus lointains…

 

Les autres catastrophes démagogiques

Mitterrand

Après 1981, et malgré les promesses de campagne de François Mitterrand, le pouvoir d’achat diminue.

En effet, la retraite à 60 ans et les autres dépenses, incomplètement financées par le matraquage fiscal, mènent à la dévaluation du franc. Cette dernière augmente encore l’inflation, déjà relancée par la masse des dépenses sans contrepartie de production.

Un exemple de ce matraquage fiscal est l’impôt sur les grandes fortunes (IGF, visant en fait les actionnaires des sociétés non cotées), qui se cumule avec un taux marginal de l’impôt sur le revenu de 71,5 % (65 % plus une surtaxe de 10 %), alors que les entreprises correspondantes doivent payer l’impôt sur les bénéfices.

Résultat : tout le bénéfice distribué aux actionnaires part en impôts, il ne reste plus rien pour payer l’IGF et beaucoup de moyennes entreprises disparaissent.

En effet, imaginez un impôt important sur votre appartement : vous ne pouvez pas en vendre quelques mètres carrés pour le payer. Vous êtes obligés de vendre et de déménager.

Les actionnaires vendent donc à une grande entreprise en général concurrente, qui décide de regrouper certains services (centralisation qui n’est pas forcément une bonne idée). Les vieux collaborateurs sont licenciés, ayant l’expérience mais pas le profil d’un employé de grands groupes. Et restent indéfiniment au chômage pour cette raison !

Bref, taxons les riches et votre emploi disparaît ! Ce n’est pas seulement un raisonnement, je l’ai constaté dans des entreprises que j’ai côtoyées de près.

L’IGF ayant mené à un grand nombre de catastrophes, il fallut l’aménager, et notamment ne pas imposer les actions des dirigeants, baptisées « outil de travail » pour ne pas les forcer à liquider l’œuvre de leur vie pour payer les taxes.

En outre, le chômage a augmenté, d’où la remarque piteuse de François Mitterrand :
« Contre le chômage nous avons tout essayé »… sauf de lire un bon manuel d’économie !

 

L’impact des 35 heures

Rappelons les controverses sur la réduction du temps de travail, les 35 heures généralisées en 2002, censées diminuer le chômage. Chaque camp « a prouvé » soit une diminution, soit au contraire une augmentation du chômage.

L’analyse est impossible, bien d’autres facteurs ayant joué, mais des mathématiques très élémentaires me font conclure à une augmentation.

À chaque fois, on retrouve cette ignorance du fait que diminuer le temps de travail fait chuter le niveau de vie en diminuant l’offre disponible.

Dans les autres États développés, cette question du temps de travail est négociée en permanence dans les entreprises, sans déclencher les mêmes à-coups, électoraux d’abord, puis économiques et sociaux que chez nous.

Bref, les avancées sociales se font ailleurs, au fur et à mesure des possibilités des entreprises, et non à la suite de promesses électorales.

L’État n’a pas à se mêler des rapports entre employeurs et employés, qui sont en liaison permanente soit directement, soit par l’intermédiaire du marché du travail.

 

Quelle est notre situation en 2024 ?

À gauche, on est d’accord sur rien.

Certains veulent la révolution, dont on connaît pourtant les dégâts économiques et surtout humains dans les innombrables pays où elles ont eu lieu. Mais où elles sont néanmoins fêtées par des dirigeants qui en sont issus, qui trafiquent les manuels scolaires et la communication officielle pour les transformer en épisodes glorieux.

D’autres voudraient, comme Emmanuel Macron, pousser le nucléaire pour des raisons de sécurité nationale. Mais vous n’en lirez pas un mot dans les programmes, car il n’y a pas d’accord sur ce sujet.

Certes, ne se mettre d’accord sur rien n’est pas important, ce qui compte c’est de se présenter ensemble pour avoir des élus. Ça semble marcher…

Côté RN, on préfère rester dans le flou et les déclarations contradictoires dans le temps et dans l’espace se multiplient, tant sur les dépenses que sur la fiscalité. C’est plus prudent, car la probabilité d’avoir à les concrétiser n’est pas nulle.

 

En matière d’immigration

Soit on aura des résultats homéopathiques et juridiquement très difficiles sans que cela résolve le très réel problème de la dérive de quelques jeunes, qui sont par ailleurs souvent citoyens français.

Soit on s’attaquera aux quelques dix millions d’immigrés et de descendants directs (chiffrage impossible comme précisé dans mes autres articles) et cela aura pour conséquences, à la fois la paralysie de nombreux secteurs et la révolte de l’opinion publique, devant les drames humains que cela déclenchera.

Bref, il ne s’agit que de capter des votes en profitant de l’exaspération d’une partie de la population.

Curieusement, personne ne parle de confier la sélection des candidats à l’immigration aux employeurs, ce qui assurerait une utilité économique immédiate et une meilleure intégration : on préfère monter en épingle les problèmes que de trouver des solutions !

Quant à la politique étrangère, si Guy Mollet s’est ridiculisé en envoyant l’armée française dans une Égypte dont il ignorait tout, quels sont les candidats aujourd’hui qui connaissent le Sahel ? Or nous avons une longue histoire commune avec ces pays, et surtout de multiples liens avec leurs voisins côtiers menacés (Côte d’Ivoire, Sénégal…) et un grand nombre de leurs citoyens résident chez nous. Les plus connus sont les éboueurs maliens, mais en regardant autour de vous, vous en verrez dans tous les métiers. Ne pas comprendre d’où ils viennent n’arrangera rien !

Le plus grave me paraît le fait de réduire la question des retraites à un problème financier, alors qu’il est démographique et touche des millions de personnes, peut-être la majorité des Français si l’on tient compte des soucis des proches !

L’argent ne changera rien, et il faut s’attendre à voir dépérir ses parents faute de soins, ou à importer en urgence des dizaines de milliers d’aides-soignants, forcément majoritairement africains. Ce n’est pas très cohérent par rapport à certaines déclarations…

 

En conclusion

On pourrait multiplier les exemples d’ignorance et d’annonces que l’on sait irréalisables. Nous avons vu que nous avions pourtant l’expérience de ce qu’il en coûte de promettre la lune !

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