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Immigration : la rupture avec le peuple

Le droit des étrangers immigrés s’est construit depuis cinquante ans à l’abri du regard des peuples. Les gouvernants se sont totalement coupés de la population sur ce sujet.

 

La campagne pour les élections législatives de 2024 en France est un reflet saisissant du fossé qui sépare l’élite dirigeante de la population. La question migratoire révèle tout particulièrement cette rupture. Elle n’est pas la seule, mais le sujet est si émotionnel qu’il joue un rôle important dans le rejet de la classe politique par les citoyens.

 

Comme jamais depuis le commencement du monde

La problématique globale concernant l’immigration est liée à la démographie mondiale. Le problème est simple dans son principe, mais ses conséquences sont particulièrement complexes. L’évolution démographique majeure en cours dans l’espèce humaine crée des difficultés économiques nouvelles que les dirigeants politiques ne maîtrisent pas.

Les indices de fécondité diminuent comme jamais depuis le commencement du monde. Pour l’humanité entière, la banque mondiale donne les chiffres suivants : le nombre de naissances par femme était en moyenne de 5 en 1960 ; il est descendu à 2,3 en 2022 ; il faut 2,1 enfants par femme pour assurer la stabilité de la population.

Dans les pays riches, la situation est beaucoup plus préoccupante. Pour s’en tenir à l’Europe, voici quelques taux de fertilité fournis par la Banque mondiale pour 2022 : Allemagne (1,5), Autriche (1,4), Belgique (1,5), Espagne (1,2), France (1,8), Italie (1,2), Portugal (1,4), moyenne Union européenne (1,5).

On comprend que, dans ces conditions, des séries télévisées comme La Servante écarlate (The Handmaid’s Tale) puisse fasciner le grand public en liant la question démographique et le totalitarisme.

 

Laisser faire et régulariser

La baisse du taux de fertilité (ou indice de fécondité) au-dessous du seuil de renouvellement de la population pose évidemment des problèmes, aussi bien du côté des actifs (pénuries de main-d’œuvre) que des inactifs (vieillissement de la population et charges inhérentes).

Sur ce dernier point, quel doit être le statut des personnes âgées dans une population où elles deviennent de plus en plus nombreuses ? Revenus des retraités, maladies et soins, décès et accompagnement de la fin de vie induisent des questions à la fois économiques et philosophiques d’une vertigineuse complexité.

Concernant les pénuries de main-d’œuvre, au moins à partir de la décennie 1960, la classe dirigeante européenne a recouru à l’immigration. Dans la décennie 1970, les usines d’automobiles tournaient à plein en France, et les travailleurs immigrés comblaient le manque de salariés français. Il en allait de même dans le bâtiment, les ordures ménagères, etc. Le besoin de travailleurs immigrés n’a pas fait l’objet de débats politiques à cette époque. La solution de l’immigration, inéluctable pour maintenir le niveau de croissance économique, a été adoptée pragmatiquement, presque clandestinement.

Il en résulte qu’aucune politique de l’immigration n’a été définie. Les politiciens ont laissé faire, puis ont adopté des plans de régularisations juridiques massives d’immigrés clandestins à partir de 1981 avec l’arrivée de la gauche au pouvoir. Le statut des travailleurs étrangers a été peu à peu aligné sur celui des travailleurs nationaux, avec tous les droits sociaux inhérents. Le droit au rapprochement familial a été mis en œuvre dans le courant de la décennie 1970, alors qu’auparavant, concernant l’immigration africaine, seuls les hommes venaient travailler, laissant femmes et enfants dans leur pays d’origine.

Cette évolution très pragmatique et parfois laxiste était observée avec défiance par la population française. Les gouvernants se sont peu à peu coupés des gouvernés sur ce sujet. En colmatant les brèches ouvertes par le déclin démographique à l’aide d’une immigration non contrôlée, l’élite politico-économique a fait jaillir la question identitaire. La thèse du « grand remplacement » a fait florès. Le choc des civilisations était vécu à l’intérieur même des pays d’Europe.

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Postures morales et contraintes juridiques

C’est alors que les postures moralisatrices apparaissent. La main sur le cœur, les gouvernants expliquent que l’ouverture à l’autre est une richesse, que l’accueil est un devoir. Certains extrémistes vont plus loin en considérant que la liberté de circulation des travailleurs est le pendant de la liberté des échanges de biens et de services. Le contrôle des frontières n’est qu’un archaïsme pour réactionnaire fascisant.

Tous ceux qui déroulent ce catéchisme hyper-altruiste ont une conscience aiguë de la problématique démographique et économique, mais ils cachent soigneusement cette réalité sous le masque de la moraline humanitariste. Ils peuvent ainsi apparaître dans les médias comme les défenseurs du bien. L’hypocrisie gouverne.

Le droit des étrangers s’est ainsi construit à l’abri du regard des peuples. Des jurisprudences ont été élaborées (Conseil d’État, Conseil constitutionnel, Cour européenne des droits de l’homme) et s’imposent désormais à l’administration, parfois même au législateur. Tout cela par la volonté d’une caste dirigeante, et sans le consentement des électeurs, non avertis de la situation.

 

Islamo-gauchisme et combinaisons politiciennes

Après un demi-siècle de laisser-faire, d’approximations normatives et de matraquage éthique, la rupture est consommée entre le peuple et ses gouvernants.

La crainte du « grand remplacement » se répand. Les enfants d’immigrés les plus mal intégrés deviennent manipulables. Les filles portent le voile que leur mère avait abandonné. Les fondamentalistes religieux liés aux autocraties politico-religieuses (Iran, Arabie saoudite, etc.) manipulent les jeunes musulmans français pour les orienter vers le terrorisme et affaiblir ainsi la démocratie. Fort heureusement, cela ne concerne qu’une faible minorité de nos compatriotes musulmans.

Mais chacun peut percevoir que nos libertés sont les ennemies des archaïsmes religieux manipulés par des dictatures. Des politiciens de talent, perdus pour la démocratie, utilisent l’islamo-gauchisme comme tremplin électoral. Le plus connu d’entre eux en France, Jean-Luc Mélenchon, issu de la social-démocratie, joue au révolutionnaire en se rendant parfaitement compte que ses propositions conduiraient le pays à la catastrophe. Mais il n’en a cure, le virus des combinaisons politiciennes l’a contaminé et les tentatives de conquête du pouvoir constituent son passe-temps addictif.

 

La gauche a refusé toute politique de l’immigration

La responsabilité des gouvernants français est écrasante dans cet échec.

L’immigration était une nécessité démographique et économique, et elle le reste. Le déclin démographique est implacable. Quiconque a observé par lui-même ce dernier demi-siècle sait qu’une véritable politique de l’immigration, autrement dit une immigration choisie et gérée dans l’intérêt de notre pays, avec accords bilatéraux internationaux, sélection des entrants et retour des clandestins, était possible. Mais toute la gauche s’y est opposé avec acharnement. Elle porte l’écrasante responsabilité historique de la situation actuelle.

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