Législatives : faut-il craindre des violences le soir du 7 juillet ?
"Il ne se passera rien". Cette source policière de premier plan se veut rassurante sur d’éventuelles violences post-second tour des législatives : aucun élément précis ou circonstancié n’indique que des émeutes pourraient éclater ce dimanche 7 juillet. Après le premier tour, le 30 juin, quelques heurts ont émaillé la soirée, en lien avec des manifestations anti-Rassemblement national : des vitrines brisées à Nantes, un policier blessé à Lyon, des jets de projectiles ou des poubelles incendiées à Bordeaux. Mais rien de grave.
Ce jeudi 4 juillet, Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, a toutefois annoncé sur France 2 un "très gros dispositif" de sécurité, le soir du second tour, "afin que l’ultragauche ou l’ultra-droite ne profitent pas de ces résultats pour créer un désordre". Selon la police nationale, 30 000 policiers et gendarmes seront mobilisés partout en France. A Paris, 2800 fonctionnaires seront déployés, contre 1700 au soir du premier tour, soit une augmentation de 65 %. Des forces mobiles resteront présentes dans les plus grandes villes jusqu’au 16 juillet au moins, afin de prévenir d’éventuels troubles. Selon nos informations, ce dispositif concerne Paris et l’Ile-de-France, Lyon, Marseille, Lille, Rennes, Nantes, Rouen, Angers, Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Nîmes, Nice, Avignon, Grenoble, Saint-Etienne, Nancy, Strasbourg et Mulhouse.
"Lieux de pouvoir"
L’ultragauche est considérée comme la principale menace. Le slogan "gardez les urnes, on prend la rue" circulerait actuellement sur certaines boucles militantes. Le groupuscule Action antifasciste Paris-Banlieue a déjà appelé à manifester devant le palais Bourbon, à Paris, le 7 juillet à partir de 20 heures. Au premier tour des législatives, dimanche dernier, mais aussi au second tour de la présidentielle de 2022, les principaux troubles à l’ordre public ont éclaté en marge de rassemblements de cette mouvance dite "antifasciste". Sur Europe 1, le 25 juin, Gérald Darmanin imaginait ces activistes s’attaquant à des "lieux de pouvoir". Attention toutefois aux fausses pistes : ce 4 juillet, un arrêté signé du directeur de cabinet du président de la République a été publié au Journal officiel ; il fait des abords de l’Elysée une "zone protégée", couverte par un "filtrage". Selon nos informations, absolument rien à voir avec la situation politique : il s'agit d'élargir le statut des locaux de la présidence de la République à une boutique d'objets officiels appelée à ouvrir prochainement.
L’ultradroite montre également des signes d’agitation. A Nancy, le soir du 30 juin, une cinquantaine de militants identitaires ont manifesté dans les rues aux cris de "Nancy, nationaliste" et "la France, la rue nous appartient", selon France 3. Dans un télégramme envoyé aux préfets après les élections européennes du 9 juin, Gérald Darmanin évoque "2700 individus" suivis à l’ultradroite et "5500 individus" à l’ultragauche.
"S’ils nous attaquent…"
Un responsable associatif, en déplacement en banlieue ces trois dernières semaines, décrit par ailleurs "l’inquiétude" et la fébrilité de certains quartiers. Cette source indique qu’à la cité des Bosquets de Montfermeil, en Seine-Saint-Denis, les bandes locales se préoccupent de "voitures inconnues" aperçues en train de circuler dans la cité, plusieurs fois par semaine. "S’ils nous attaquent, on les explose", a entendu cet associatif. Notre source policière répond qu’à ce stade, "aucune" initiative particulière de l’ultradroite en banlieue n’a été repérée.
Reste la violence à l’encontre des candidats et de leurs soutiens. "Il y a un climat de grande violence vis-à-vis de la politique et vis-à-vis de ce qu’elle représente", a affirmé Gérald Darmanin ce vendredi 5 juillet sur BFMTV. 51 agressions de candidats, de suppléants ou de militants ont été recensées depuis le début de la campagne électorale. "Ce sont des gens soit spontanément énervés, ce qui montre cette France à vif, soit des militants politiques ou d’ultragauche ou d’ultradroite d’autres formations politiques", décrit le ministre de l’Intérieur. Parmi les responsables policiers, personne ne se risque à affirmer que ce climat nauséabond prendra fin ce dimanche 7 juillet.