Etats-Unis : Biden s’obstine à défendre sa candidature malgré la défection de grands donateurs
Joe Biden n’abandonnera pas. Lors d’une interview sur la chaîne ABC, vendredi 5 juillet, le président américain, candidat à sa réélection, a obstinément et parfois laborieusement défendu son acuité mentale et sa capacité à gouverner le pays pour un second mandat. "Personne n’est plus qualifié que moi" pour "gagner" l’élection, a affirmé le dirigeant de 81 ans lors de cet entretien d’une vingtaine de minutes, niant la réalité des sondages qui le placent en nette difficulté face à Donald Trump.
Lors de son échange avec le journaliste George Stephanopoulos, crucial pour le maintien de sa candidature, le président a esquivé à plusieurs reprises la question de savoir si son état physique et mental s’était dégradé durant son mandat. Il ne s’est pas non plus engagé à se soumettre à des évaluations médicales indépendantes, assurant qu’être président équivalait à passer "un test cognitif chaque jour".
Or ce sont bien ses capacités cognitives qui font l’objet de très vives discussions, depuis son débat catastrophique face à Donald Trump, jeudi 27 juin. Questionné concernant sa contre-performance, le président a répété qu’il était "malade". "Je ne me sentais vraiment pas bien", a assuré Joe Biden, évoquant un mauvais rhume et son épuisement. À la question de savoir s’il avait revu prestation, il a répondu par ces mots étranges : "Je ne crois pas."
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Appels au retrait
Pendant son entretien de près de 25 minutes, le président américain a tenté de démontrer ses capacités de gouvernance. "Non seulement je fais campagne, mais je dirige le monde, a-t-il dit. Ça a l’air exagéré, mais par exemple aujourd’hui, avant de venir, j’ai parlé au Premier ministre Netanyahou, au nouveau Premier ministre britannique, je fais face à Poutine. Il ne se passe pas un jour sans que je prenne ces décisions, chaque jour." Cela suffira-t-il pour rassurer les démocrates, de plus en plus nombreux à appeler à ce qu’il jette l’éponge ? "Le président est fier de son bilan, à juste titre. Mais il apparaît dangereusement déconnecté des préoccupations des gens concernant ses capacités à aller de l’avant et sa position dans cette campagne", a jugé sur X le très influent David Axelrod, ancien stratège de Barack Obama.
Le candidat démocrate a donc encore beaucoup à faire pour effacer l’impression désastreuse laissée par son débat face à Donald Trump, dont il n’a pas du tout réussi à gérer les conséquences immédiates : une vague d’appels à son retrait dans la presse, dont le New York Times, et une flambée des inquiétudes sur sa santé mentale au sein de son parti. Quatre parlementaires démocrates ont déjà demandé sans ambiguïté à Joe Biden de renoncer à se présenter. La gouverneure démocrate Maura Healey l’a appelé à évaluer sa candidature "avec soin".
Suspension des financements de campagne
En outre, de nombreuses figures d’Hollywood, historiquement considérées comme des grands donateurs, ont annoncé suspendre leurs financements à la campagne du démocrate pour le forcer à se retirer de la course. "L’argent est le poumon d’une campagne, et peut-être que le seul moyen est que l’argent commence à se tarir", a déclaré Ari Emanuel, célèbre agent d’Hollywood, grand donateur démocrate, et dont le frère, Rahm, est l’ancien chef de cabinet de Barack Obama quand il était à la Maison Blanche.
Le cofondateur de Netflix, Reed Hastings, qui a donné avec son épouse plus de 20 millions de dollars au parti démocrate ces dernières années, a lui aussi appelé le président à jeter l’éponge. "Biden doit se retirer pour permettre à un dirigeant démocrate vigoureux de battre Trump et de nous maintenir en sécurité et prospères", a-t-il déclaré au New York Times.
Néanmoins, dans son entretien avec la chaîne ABC, le président a balayé ces appels d’un revers de main. "Si le Seigneur tout-puissant descendait et disait'Joe, retire-toi de la course'je me retirerais de la course, mais il ne va pas descendre", a-t-il affirmé. Joe Biden a par ailleurs dit ne "pas croire" aux sondages qui donnent l’avantage à son rival au niveau national et dans les Etats clés, affirmant que de son point de vue, il était "au coude à coude" avec Donald Trump.