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Une année complexe pour la lentille verte du Puy

Une année complexe pour la lentille verte du Puy

En raison d’un printemps très humide, suivi d’un début d’été tout aussi maussade, la plantation des semis de lentilles s’est avérée particulièrement délicate. Mais il faudra attendre la rentrée pour connaître le niveau des récoltes.

L’exercice 2024 ne restera pas dans les annales pour sa profitabilité aux semis de lentilles. Des températures en dessous des normales de saison et, surtout, des précipitations trop abondantes voire violentes, ont complexifié la tâche des producteurs de la première légumineuse européenne à avoir obtenu une AOP (Appellation d’origine protégée).

Actuellement,  les lentilles et les céréales sont en train de se salir

En conséquence, beaucoup de retard a été pris dans la mise en terre des semis, ce qui a poussé l’Organisme de défense et de gestion (ODG) de la Lentille verte du Puy à demander une dérogation à l’Institut national des appellations d’origine (Inao) pour semer plus tard.Il faut savoir qu’en temps normal, les semis peuvent être plantés jusqu’au 31 mai de chaque année, pour respecter le cahier des charges de l’AOP. Cette date a été portée au 20 juin, cette année : « On estime qu’une centaine d’hectares aurait été semée dans ce créneau supplémentaire », précise Huguette Trescarte, la présidente de l’ODG.De ce fait, il est très difficile de savoir quel sera le rendement de 2024, puisque l’on trouve des lentilles à un peu tous les niveaux de développement : « Il y en a qui sont en train de sortir, d’autres qui ont quinze jours de retard. Il y a aussi des semis qui sont partis avec la pluie et, de temps en temps, on arrive à trouver de belles parcelles. C’est très hétérogène », précise celle qui est à la tête de l’entreprise spécialisée dans les légumes secs installée à Loudes.Les producteurs le savent très bien : la culture de la Lentille verte AOP du Puy est un pari, une gageure renouvelée chaque année. Deux producteurs implantés côte à côte, ayant semé le même jour, peuvent obtenir des résultats très différents. Ajoutez à cela des éléments qui viennent jouer les trouble-fêtes et l’on obtient un jeu de roulette agricole qui suscite inquiétude, angoisse et parfois démotivation.Il convient néanmoins de relativiser, dans l’attente des récoltes à venir, en gardant à l’esprit que les conditions météo auront un rôle prépondérant : « Il est très difficile de dire ce qu’il va se passer. Par exemple, dans le cas de lentilles qui ne sont pas très belles, avec de la végétation qui souffre, si l’on avait, d’un coup, de fortes chaleurs, elles partiraient direct ».

Entre 4 et 5 quintaux à l’hectare

Une chose est sûre : « Tout va être sale. » Et Huguette Trescarte d’ajouter : « Actuellement, les lentilles et les céréales sont en train de se salir en raison des précipitations. »Le rendement habituel, traditionnellement peu élevé, se situe dans une fourchette comprise entre 4 et 5 quintaux à l’hectare. Actuellement et même s’il est certain que la récolte ne sera pas fantastique, il n’est pas impossible que cette moyenne soit atteinte. « Cela fait maintenant 10 ans que l’on n’a pas fait de rendement, mais dans une année comme 2024 où le prix des céréales est relativement bas, le prix des lentilles du Puy, même avec un rendement faible, reste attractif », poursuit la présidente de l’ODG.On l’aura compris, avec une récolte qui va s’étirer sur les mois à venir, il faudra sans doute attendre le mois de septembre pour tirer un bilan plus précis de l’exercice 2024 pour la Lentille verte AOP du Puy.

 

Cédric Dedieu

 

Des prix qui restent stables pour les consommateurs

Avec un rendement qui devrait être très moyen, les prix seront-ils amenés à augmenter ? Pas forcément, comme l’explique Huguette Trescarte : « Dans le contexte de pouvoir d’achat que l’on connaît, il y a un niveau d’acceptabilité du consommateur qui a ses limites. Il y aura toujours des acheteurs de Lentilles du Puy, mais passée une limite, on est dans le caviar, et le caviar, on n’en consomme pas tous les jours ». Certains distributeurs ont d’ailleurs décidé de bouder la légumineuse locale, ce qui n’est pas vraiment un problème pour l’ODG, au regard des - faibles - volumes produits : « Au niveau local et régional, les gens achètent des lentilles du Puy. À l’échelon national, c’est plus complexe. Les consommateurs ont dégradé leurs achats, ils ont baissé en gamme. Ils font des arbitrages pour rentrer dans leur budget. Et quand vous êtes tout en haut de la pyramide, c’est plus dur ». Actuellement, les contrats pour la Lentille AOP du Puy sont établis sur un prix de 3.350 € la tonne. C’est trois fois plus que le prix moyen des lentilles vertes françaises.

 

 

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