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Le Tour de France dans le Cantal, 65 ans d'histoires

Le Tour de France dans le Cantal, 65 ans d'histoires

Mercredi 10 et jeudi 11 juillet, le Tour de France passera de nouveau dans le Cantal, 65 ans après le premier passage en 1959. Retour sur les grandes et les petites histoires de la Grande boucle qui ont marqué le département.

Le Tour de France est fait de grandes et de petites histoires. D'épopée, de défaillances, de chutes, de joies, d'anecdotes. En 65 ans, le Cantal a compté quelques histoires de ce grand récit de la Grande boucle. À travers tout le département, les routes en conservent la mémoire.

1959 : Gaul dans la fontaine de Jussac

La montée de Viellevie a fait de gros dégâts lors du premier passage du Tour. Photo : Archives départementales du Cantal, cliché La Montagne, 49 NUM 115. 8 juillet 1959. Pour la première fois, le Tour de France passe dans le Cantal lors de l'étape qui relie Albi à Aurillac en passant par la côte de Vieillevie qui va faire office de « grande lessive », selon l'expression utilisée à l'époque. « Ma mère me racontait qu'Anglade avait fait une pause pour plonger la tête dans la fontaine de Marcolès », raconte Francis Cantournet, organisateur du critérium de Marcolès.

Le tenant du titre à l'agonie

Mais le plongeon qui a marqué cette étape, c'est celui de Charly Gaul dans la fontaine de Junhac. À l'agonie, le Luxembourgeois, vainqueur du Tour 1958, a concédé 20 minutes à Henri Anglade, vainqueur sur le vélodrome de Jean-Alric. « L’étape d’aujourd’hui fut plus dure qu’une étape alpestre », lâchait Gino Bartali, le champion italien.

1959 : Bergaud le premier au sommet

Le Cantalien Lily Bergaud (à gauche) est le premier coureur à avoir franchi le pas de Peyrol en tête sur le Tour. Photo : Archives départementales du Cantal, cliché La Montagne, 49 NUM 121. Crédit : Archives départementales du Cantal, cliché La Montagne, 49 NUM 121. Après avoir découvert le Cantal, les coureurs repartent d'Aurillac direction Clermont-Ferrand en empruntant pour la première fois le pas de Peyrol, le 9 juillet 1959. C'est un local de l'étape, Lily Bergaud, la Puce du Cantal (à gauche sur la photo), qui franchit le sommet en tête, pour la première fois. « Tout au long de ma carrière, j'ai eu un avantage : je récupérais plutôt bien », racontait celui-ci en 2016. Acteur lors du premier passage du Tour dans le Cantal, il ne verra pas la Grande Boucle revenir cette année au pas de Peyrol. Ce grand monsieur du cyclisme cantalien, vainqueur de deux étapes du Tour, s'en est allé en mai.

1968 : Le nez cassé, Poulidor abandonne

Raymond Poulidor en famille dans l'hôtel aurillacois. Photo : collection Jean-Pierre Estabel « Je me rappelle Poulidor avec le nez cassé, en sang », se souvient Francis Cantournet. L'image a marqué le public cantalien. Tombé la veille non loin d'Albi, Raymond Poulidor repart le 15 juillet 1968 pour parcourir les 198 kilomètres entre Albi et Aurillac. Il ne repartira pas de la cité géraldienne. Dans la chambre n°24 de l'hôtel Terminus, il décide d'abandonner. « C'est l'année où il aurait pu gagner le Tour », estime Francis Cantournet. La légende de Poupou aurait été bien différente.

2004 : Virenque garde la cloche, pas la vache

À Saint-Flour, le vainqueur remportait une vache. Photo d'archives La Montagne « À Saint-Flour, le vainqueur gagnait une vache. Mais Richard Virenque ne l'a pas gardé », sourit Francis Cantournet. Il a conservé la cloche et échangé la vache contre un chèque de 1.500 euros et 12 kilos de fromage salers.

Une épopée fantastique

Le public cantalien, lui, se souviendra d'une épopée fantastique du grimpeur français le 14 juillet 2004. Sur les 237 kilomètres entre Limoges et Saint-Flour, il est parti avec Axel Merckx à 200 kilomètres de l'arrivée avant de le distancer dans le pas de Peyrol. Victorieux à Saint-Flour, il récupérait aussi le maillot à pois qu'il conservera jusqu'à Paris.

2011 : Le virage Vinokourov

Dans la descente du pas de Peyrol, Fofonov attend son leader, Vinokourov. Photo Richard Brunel. Dans le monde du cyclisme, laisser son nom à un virage n'est pas toujours bon signe. Dans le pas de Peyrol, les cyclos cantaliens connaissent le virage Vinokourov, héritage d'une violente chute, le 10 juillet 2011.

« Un an après, je l'ai vu sur la Vuelta et je lui ai dit qu'il fallait qu'il vienne inaugurer son virage »

Des sourires a posteriori puisque le jour même, l'état de santé du Kazakh, attendu sur la photo par son équipier Fofonov, était très inquiétant. Évacué en ambulance à l'hôpital d'Aurillac puis transporté à Paris, à la Pitié Salpêtrière, il abandonne le Tour.

2011 : Hoogerland dans les barbelés

Meurtri par les barbelés, Hoogerland allait connaître quelques journées galères en queue de peloton. Photo : Richard Brunel Vinokourov ne fut pas la seule victime de l'étape Issoire - Saint-Flour, le 10 juillet 2011. Dans le groupe d'échappés qui allait se jouer la victoire, Juan Antonio Flecha et Johnny Hoogerland sont renversés par une voiture suiveuse entre Paulhac et Neuvéglise-sur-Truyère. Le Hollandais est même projeté dans les barbelés. « C’est horrible ! On peut être contents d’être toujours vivants, lâchait-il à l'arrivée. Mais je ne veux blâmer personne, car on ne fait jamais ce genre de choses volontairement. »

Début de la "Voeclermania"

Devant, Thomas Voeckler profitait de cette échappée pour prendre le maillot jaune à Saint-Flour. Il ne le lâchera pas avant la 19e étape entraînant les routes du Tour dans une véritable “Voecklermania”.

2020 : Une arrivée au sommet particulière

Malgré le contexte, les Doriens ont animé leur virage. Photo Jeremie Fulleringer « C'est un exploit de faire une arrivée en haut, mais le contexte était un peu particulier », regrette Francis Cantournet. Les visages sont masqués. La date est inhabituelle. Le 11 septembre 2020, pour la première fois, une arrivée d'étape est jugée au sommet du pas de Peyrol.

Daniel Felipe Martinez s'impose dans l'échappée pendant que Roglic et Pogacar se livre un mano a mano, mise en bouche du duel qui allait se poursuivre dans les Alpes et les Vosges pour assister au premier sacre du second. Malheureux, le local Romain Bardet, chute et subit une commotion cérébrale. La fête fut tout de même belle, emmenée par le virage dorien, mais « ça vaudrait le coup d'y retourner », estime Francis Cantournet.

Mathieu Brosseau

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