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Comme un air de dôme provençal en plein Pays d'Issoire

Comme un air de dôme provençal en plein Pays d'Issoire

Terres violacées au vent, la lavande s’insère dans le Puy-de-Dôme. En Pays d’Issoire, cela fait huit ans qu’elle colore et embaume les pieds du Sancy. Rencontre avec un producteur qui a fait d'une partie de ses terres, une ambassade provençale.

Ouvrez bien les yeux : vous êtes en Pays d’Issoire. À perte de vue, sur dix hectares, des plants de lavande recouvrent le sol. Pourtant, au loin, la vue ne s’ouvre pas sur les Alpilles mais sur les monts du Sancy et sur une partie de la chaîne des Puys. Dont le très célèbre puy de Dôme. Une vue incongrue. Mais une vue fabuleuse qui fleure bon le dépaysement et fait voyager. En plus d’embaumer les alentours de ce petit coin d’Auvergne.

Au loin, le puy de Dôme ; au sol, 10 hectares de lavande "rapido".

Une lavande qui s'épanouit aux pieds des puys

Si ce paysage époustouflant s’offre aux riverains du champ et aux curieux (pour savoir où ce champ se situe, rendez-vous en fin d’article), c’est que la main de l’homme est passée par là. Car la lavande n’était pas endémique aux pieds des volcans d’Auvergne… Il a fallu l’y aider, lui indiquer ce point d’attache.Hervé Malgat a un peu forcé le destin, mais surtout pas la nature.

En 2016, incité par son fils Thibault, il vient à s’intéresser à la culture de la lavande. "Mon fils aîné a toujours des idées plein la tête… Il a entendu parler que les laboratoires Helpac manquaient de lavande et étaient à la recherche de producteurs bio. Idéalement, locaux". 

Ça m’a interpellé, parce que cela faisait un bon petit moment que je réfléchissais à une diversification et la production bio m’intéressait déjà beaucoup…

confie l’agriculteur qui, jusqu’alors se concentrait sur les grandes cultures, les céréales.Les Jardins de Béatrice.

Répondre à un besoin

Rapidement, il se rapproche des laboratoires Helpac et de la société Saint-Hillaire, en Haute-Loire. Le courant passe et le contrat est conclu : il dirigera l’intégralité de la production des Jardins de Béatrice à la distillerie voisine "tout le temps de vie des plants de lavande", afin que celle-ci mette en œuvre son savoir-faire et extraie la précieuse huile essentielle de ces fleurs merveilleusement odorantes.Bientôt l'heure de la récolte de la lavande, pour Hervé Malgat. Direction la distillerie Saint-Hillaire, qui produit de l'huile essentielle "made in Puy-de-Dôme".Plans qui ont, aujourd’hui, entre cinq et huit ans après trois temps de plantations successifs sur les terres d’Hervé et Béatrice Malgat. "Un pied de lavande peut produire jusqu’à 18 ans", croit savoir Hervé.S’il le sait, c’est que l’agriculteur, chaudronnier de métier, est allé s’instruire et apprendre le b.a.-ba de la culture de la lavande fine là où elle est mondialement connue et reconnue : en Provence, du côté de Valensole.

"On a reçu un accueil fabuleux. On nous a ouvert les portes, sans restriction, en nous donnant des conseils, en nous faisant voir leur façon de travailler, leur matériel. C’est inestimable"

mesure le néo-producteur de lavande.

Sauter le pas

C’était en 2016. Hervé Malgat parcourra neuf départements, au gré des rencontres, jusqu’à Marseille. Il remonte en Auvergne avec la conviction de se lancer ; et son camion plein : de matériel, déjà, et de plants certifiés bio.« On a converti 15 hectares de parcelles, en bio." Passé l’accueil entre amusement et circonspection du voisinage, surpris de voir la lavande coloniser ces terrains argileux, très fertiles, l’aventure s’enracine ici. Les Jardins de Béatrice, nom de l'exploitation, s'épanouissent, sous le soleil puydômois. Lavande en Pays d'Issoire

Avec beaucoup de travail, toutefois : Hervé ne le cache pas. "Franchir le pas de la culture biologique, quand on est dans les céréales, est parfois compliqué. C’était une opportunité, mais aussi une folie. Par exemple, j’avais dit que jamais je ne prendrais une binette pour désherber. Et pourtant, depuis, Dieu sait qu’on l’a fait : tout le monde s’y est mis".

"Avec la lavande, j’ai fait des rencontres fabuleuses"

Dans son aventure, il a embarqué sa femme, Béatrice. Mais il repense aussi à tous ceux qui ont donné des coups de main, parfaitement au bon moment, afin que jamais le découragement ne l’emporte.

"Frédérique, qui a fait un travail extraordinaire ; Alain notre employé qui est toujours à nos côtés ; Roland Batisse et son camion ; ce groupe d’étudiants qui a passé quinze jours avec nous, pour ressortir la lavande, envahie dans la végétation: elle avait poussé, d’un coup, alors qu’on était affairé aux moissons. Avec la lavande, j’ai fait des rencontres fabuleuses, avec des gens vaillants."Rencontres qui continuent. Chadeleuf est devenu un endroit prisé par les amoureux de jolis panoramas et clichés. 

Parfois, il y a des bouchons dans le chemin… Les gens aiment venir prendre des photos, ici. Et avec les réseaux sociaux, ça peut aller vite…

Il poursuit : "Dans la majorité des cas, ça se passe très bien. Ils restent respectueux du site et des fleurs. Je leur demande juste de ne pas passer dans le champ, pour ne pas abîmer la lavande et notre travail."Il reste encore une dizaine de jours pour apercevoir le champ ondulant en vagues mauves et bleues : la récolte devrait avoir lieu après le 15 juillet.

Marie-Edwige Hebrard

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