Bartolomé Lenoir, premier député de l'extrême droite élu en Creuse
« Ça se présente bien pour la Creuse », lance un soutien de Bartolomé Lenoir, candidat de l’Union de l’extrême droite, ce dimanche soir, peu avant 20 heures, alors que les premiers retours de dépouillements commencent à arriver à Lépaud. Dans la petite salle à manger de la maison des parents du désormais député de la Creuse, dans laquelle trônent un imposant crucifix et une photo du général De Gaulle, membres de la famille et amis se réjouissent déjà.
La "droite du RPR" comme référenceNerveux, le principal intéressé, lui, fera monstre de prudence, refusant de vendre la peau de l’ours avant l’annonce des résultats définitifs. Il faut dire que le poulain d’Éric Ciotti en Creuse vivait, à 32 ans, sa première victoire électorale, ce 7 juillet. Et pas des moindres. Puis il lâche finalement, vers 20 h 30, en étant cette fois-ci convaincu de sa victoire :
« Je suis surpris de gagner cette élection. On n’est jamais certain de nos voix. Je suis très heureux, la Creuse redevient à droite. »
« De droite » et pas « d’extrême-droite », tient-il à souligner. En indiquant que sa « droite » est celle « du RPR des années 1990. » Une droite qu’il définit comme « sincère, qui agit ». Mais aussi « tranchée et qui assume ».
La présence tutélaire de Jean AuclairUne manière de tendre la main à Valérie Simonet, candidate de la droite et du centre, qu’il devance d’environ 2.000 voix. « Nous étions à LR ensemble. Je la respecte. Mais maintenant, je veux rassembler toute la droite en Creuse », assure le trentenaire, dans l’euphorie du moment.
En Creuse, Valérie Simonet finit deuxième : "Nous, on a fait ce qu'il y avait à faire"
Une analyse que partagent ses supporters présents, partisans de l’« union des droites ». Et au premier rang desquels figurait, ce dimanche soir, Jean Auclair, ancien député de la Creuse. L’homme, connu pour son franc-parler, s’est montré particulièrement véhément à l’égard des médias et particulièrement de La Montagne.
Mais il s’est assagi au fur et à mesure que la soirée avançait, en laissant éclater son enthousiasme. « Il y a eu des intermèdes avec deux députés qui étaient les plus nuls qu’on ait jamais vus, [Jean-Baptiste] Moreau et [Catherine] Couturier. Et aujourd’hui, les Creusois se sont ressaisis. Ils ont voté pour un jeune dynamique, qui connaît bien la politique », dit l’ex-parlementaire, qui se définit comme le « conseiller de Bartolomé Lenoir ». « Depuis qu’il est en campagne, il m’appelle dix fois par jour. Il veut écouter », lâche le presque octogénaire.
Bartolomé Lenoir et l'ancien député de la Creuse, Jean Auclair
Les plus jeunes partisans de Bartolomé Lenoir en Creuse se réjouissent également. « Depuis tout le temps que l’on colle des affiches. Ça a fini par payer ! », s’exclame un militant âgé d’une vingtaine d’années.
Un appel d’Éric CiottiSi l’ambiance était clairement à la fête, à Lépaud, ce dimanche soir, la joie des partisans du nouveau député de la Creuse était tout de même atténuée par le score national de l’alliance RN-Ciottiste. « Il ne faut pas regarder ça. Les bonnes nouvelles, c’est dans la Creuse », entend-on, parmi la cinquantaine de personnes réunies au QG de Bartolomé Lenoir. Interrogé sur les possibles alliances qui pourraient se nouer au sein de la nouvelle assemblée, Bartolomé Lenoir ne souhaite pas s’étendre :
Je ne peux pas encore réagir sur ce sujet. Là, je profite de la Creuse.
Quelques instants plus tard, il reçoit un appel d’Éric Ciotti. « Je n’oublierai jamais, dit le désormais ex-candidat. Je vous dois cette victoire. » Peut-être un peu. Mais surtout grâce aux voix des 23.513 Creusois qui ont voté pour lui.
Texte : François Delotte
Photos : Bruno Barlier