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Les militants du Rassemblement national digèrent à Vincennes l'inattendu tiercé du second tour

Les militants du Rassemblement national digèrent à Vincennes l'inattendu tiercé du second tour

S'ils n'étaient plus très nombreux à croire à la majorité absolue au début de la soirée électorale de dimanche, les militants du RN rassemblés au QG du bois de Vincennes ont accueilli dans le calme des résultats qui ont fait s'effondrer leurs espoirs de "victoire" en nombre de sièges. Le tiercé avait été donné dans le désordre par les instituts de sondage.

Les petits fours et le champagne étaient prévus et ils ne sont pas restés au frais au QG du Front national, dimanche soir. Le parti de Marine Le Pen et de Jordan Bardella avait choisi un élégant pavillon du bois de Vincennes pour cette soirée électorale, qui aurait pu prendre une tournure historique. « La Chesnaie du Roy » ne restera pas dans l’Histoire. Dès le début de la soirée électorale, les militants, essentiellement venus de la région parisienne, semblaient déjà avoir enregistré la tendance des derniers sondages.

Dès le début de la soirée électorale, les militants, essentiellement venus de la région parisienne, semblaient déjà avoir enregistré la tendance des derniers sondages. Photo Franck Boileau 

De jeunes hommes en costumes cintrés et  des jeunes femmes très élégantes affichaient un très grand calme. Dans cette douce soirée de début d’été, pas de frémissement dans les frondaisons du bois cernant le pavillon. Ni de très grande fébrilité caractéristique des grands soirs.

« Tout commence »

Éric Kozelko, candidat RN en Seine-Saint-Denis, a recueilli 17 % des voix au premier tour et n’était donc pas qualifié pour le second. Vers 19 heures, ce militant déjà très chevronné ne nourrissait pas beaucoup d’espoirs pour ce deuxième tour : « Je pense qu’Attal va faire une coalition avec LFI et les socialistes et qu’il y aura une nouvelle dissolution dans un an ». Si surchauffe il y avait, elle était plutôt médiatique, avec une estrade hérissée de dizaines de caméras braquées sur la tribune.

L'annonce des résultats devant les militants au pavillon de la Chesnaie du Roy à Vincennnes. Photo Franck Boileau 

Huées des militants lors de l’annonce sur écran géant de la victoire de Gérald Darmanin ou celle de François Hollande.Jordan Bardella a surgi vers 20 h 30 et accédé à la tribune au pas de course. Comme la semaine dernière, le président du Rassemblement national s’en est tenu à un discours bref. Dans lequel il a d’abord relevé « la percée la plus importante » de toute l’histoire de son parti » .

Le président du RN Jordan Bardella a dénoncé la stratégie de désistement qu’il a qualifiée d’ « alliance du déshonneur » Photo Franck Boileau 

Prenant acte de cette troisième place, alors que tous les pronostics donnaient le RN largement en tête en nombre de sièges, Jordan Bardella a dénoncé la stratégie de désistement qu’il a qualifiée d’ « alliance du déshonneur » allant d’« Édouard Philippe à Philippe Poutou ». Ce front républicain prive selon lui les Français « d’une politique de redressement », et annonce une « paralysie des institutions ». Avant de quitter le QG à grandes enjambées, le chef de parti a lancé à ses militants qui l’ont acclamé à plusieurs reprises : « Tout commence ».

 

Il y avait une forte proportion de jeunes, à Vincennes. Louis, 21 ans, ne cache pas qu’il est « tombé de haut ».

 

« Je pensais qu’on pouvait avoir la majorité absolue, et ce soir, j’espérais encore qu’on aurait au moins 220 députés. Je ne pensais pas qu’on tomberait aussi bas. Il y a eu l’influence des médias et des célébrités contre nous », grince-t-il.

Elections Legislatives 2024 - QG du Rassemblement National - second tour - Paris le 07/07/2024 Photo Franck BoileauParmi les militants que l’on pouvait croiser au QG national du RN dimanche soir, il y avait beaucoup de candidats et d’équipes de campagne de la région parisienne. Si un certain nombre a pu se qualifier pour le deuxième tour, les départements centraux de la région capitale ne leur ont globalement pas été favorables.Candidat dans les Yvelines, à Poissy, Jean-Louis Mettelet y a cru jusqu’au bout : « J’espérais qu’on serait très proche de la majorité absolue. On entre à nouveau dans une crise. Je n’ai plus l’espoir que l’on trouve des solutions aux problèmes structurels de la France. Je vois une absence de solutions pour les plus précaires, les plus vulnérables » .

« C’est la démocratie, nous respectons ça. D’autres pays n’ont pas de choix »

Candidate RN dans le Val-de-Marne, Anne-Gaëlle Sabourin s’était qualifiée pour le second tour. La mine sombre, elle livre son analyse après le discours de son chef de parti : « Le système a réussi à rester en place grâce aux désistements. Ce Front républicain a vu LFI soutenir Darmanin ou Édouard Philippe soutenir des communistes. Maintenant, ils vont se débrouiller avec les violents de l’extrême gauche ».Flanquée de Benoît, son directeur de campagne, Anne-Gaëlle Sabourin reprend au bond le « tout commence » de Jordan Bardella : «  maintenant, pour nous, il y a les municipales. On a créé une vraie dynamique avec plus de sympathisants et de militants. Avec les LR ciottistes, du Val- de-Marne, on a retrouvé l’esprit du RPR des années 1980-1990 ».Grande blonde vingtenaire en robe de soirée, la Parisienne Melody, n’apparaît pas folle de joie de prime abord, mais quand on la sonde sur son humeur, un grand sourire éclaire son visage.  

 

« Ce soir, je suis dans un état d’esprit très positif. On va laisser la gauche au pouvoir. Laissons-les faire, laissons-les montrer leur médiocrité. Ça va nous ouvrir la voie pour 2026 et 2027. Les Français avaient fait leur choix dès le premier tour, on ne les a encore une fois pas écoutés ».

« La marée monte… »

Sans prendre ce ton bravache, Joan, un  jeune militant de Seine-et-Marne en complet veston et brandissant l’un des nombreux drapeaux français mis à disposition, teinte son dépit d’une touche de fair-play. « Je suis triste. Ce qui m’inquiète, ce n’est pas que le Nouveau Front populaire soit passé, c’est la politique anti-France qu’il propose. Après, c’est la démocratie, nous respectons ça. D’autres pays n’ont pas ce choix ».Hier soir, à l’issue du scrutin qui a placé son parti en troisième position, la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, Marine Le Pen, a jugé que la victoire du Rassemblement national « n’est que différée » et souligné que le RN était « le premier » parti en France.

Marine Le Pen a jugé que la victoire du Rassemblement national « n’est que différée ». Photo Franck Boileau« La marée monte » a-t-elle insisté. « Elle n’est pas montée assez haut cette fois-ci, mais elle continue à monter […], a-t-elle déclaré sur TF1. Avant d’ajouter :  « J’ai trop d’expérience pour être déçue par un résultat où nous doublons notre nombre de députés. 

Reportage : Franck Boileau (photos) /Julien Rapegno  avec AFP(textes)

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